Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Polémique - Les politiciens s'enfoncent dans les sables mouvants des échanges d'accusations On reparle d'un sommet de déblocage

La cote d’alerte est atteinte. Alors que le pays est sous pression, au Sud comme sur le front sécuritaire intérieur, ses politiciens s’enfoncent dans les sables mouvants des polémiques stériles. Des pôles religieux autant que civils s’indignent de la trivialité des échanges où l’insulte personnelle le dispute aux plus graves accusations, trahison comprise. Les formes altérant le fond, ces instances craignent que, du jour au lendemain, le Liban ne se retrouve dans une logique de conflit. Qui pourrait le mettre en péril de dislocation quand les cartes régionales seront redistribuées à la faveur de ce qu’on appelle la paix. Même aux pires moments de la guerre, les protagonistes ne se traitaient pas de tous les noms d’oiseaux comme ils le font aujourd’hui. Les démarches de régulation effectuées par les cadres syriens, le général Ghazi Kanaan en tête, n’ont eu l’effet escompté qu’auprès du président de la Chambre M. Nabih Berry, qui est le seul à accepter la trêve demandée au nom du dossier régional. Les autres joueurs ou jouteurs sont trop nombreux pour être tous convoqués à Damas et y être sermonnés, comme cela se faisait du temps où la querellite se résumait à la troïka. Aussi certaines personnalités influentes, amies des opposants comme des loyalistes et considérées proches des décideurs, s’activent-elles aujourd’hui afin de promouvoir un arbitrage définitif qui ramènerait les eaux à la normale sur la scène intérieure. Et prendrait la forme transcendante d’un sommet Lahoud-Assad. Bien sûr une telle rencontre serait placée sous le signe d’une thématique supérieure : le devenir de la région, des deux pays, du Sud, du Golan son frère jumeau, vus à travers le prisme du processus. On mettrait l’accent sur l’indéfectible alliance libano-syrienne face à Israël, on répèterait qu’il n’est pas question de neutraliser la Résistance ni de signer des traités séparés. Mais on ne manquerait pas non plus de semoncer les turbulents loupiots libanais qui se livrent à de stupides empoignades au moment où l’heure est si grave, si cruciale. On saisirait donc l’occasion pour solenniser les remontrances classiques : la région est sur le point de connaître une mutation fondamentale et il s’agit que cela ne se fasse pas aux dépens du Liban ou de la Syrie qui doivent faire front commun l’esprit dégagé de tout souci intérieur et surtout de tout faux problème. Cependant, des loyalistes doutent que dans la conjoncture actuelle, marquée par un sévère bras de fer diplomatique syro-israélien sur la reprise des pourparlers, les hautes autorités syriennes puissent se consacrer au traitement des zizanies interlibanaises. Selon ces sources, les Syriens ne souhaitent pas entrer directement en ligne. Parce qu’au fil des années, surtout sous la troïka, ils se sont rendu compte que leur intervention ne faisait que compliquer la situation, chaque protagoniste libanais tentant de l’exploiter à son propre compte. Selon ces loyalistes, les Syriens pensent que le système ayant changé, le pouvoir libanais actuel est tout à fait capable de gérer tout seul les problèmes politiques intérieurs. Surtout qu’ils ne manquent jamais de lui réitérer leur plein appui. Toujours est-il que la bataille entre les partisans du gouvernement et les opposants va rebondir pendant les «trois glorieuses», c’est-à-dire pendant la séance étalée sur trois jours (les 12, 13 et 14 octobre) que doit tenir le Parlement pour expédier les questions inscrites à son ordre du jour ordinaire. Avant d’aborder, à partir de la mi-octobre, la session d’automne en principe consacrée exclusivement à l’étude du prochain budget de l’État. Durant le prélude de trois jours, l’opposition va faire de son mieux pour secouer le cocotier. L’objectif étant d’affaiblir le gouvernement au point qu’il doive rendre son tablier une fois le budget adopté. Pour être remplacé par un Cabinet politique des élections… Mais le programme pourrait être compromis si les pôles qui militent pour un sommet libano-syrien obtiennent gain de cause. Car cette rencontre, selon les pronostics de ces loyalistes, interviendrait avant la fin du mois en cours à Damas. Où, d’ailleurs, les 11 et 12 octobre, le président du Conseil doit participer aux travaux du comité syro-libanais de coordination.
La cote d’alerte est atteinte. Alors que le pays est sous pression, au Sud comme sur le front sécuritaire intérieur, ses politiciens s’enfoncent dans les sables mouvants des polémiques stériles. Des pôles religieux autant que civils s’indignent de la trivialité des échanges où l’insulte personnelle le dispute aux plus graves accusations, trahison comprise. Les formes...