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Actualités - CONFERENCES DE PRESSE

Vie politique - Le ministre s'en prend à l'orchestre des députés injurieux Naaman a modifié son testament pour rembourser la Fondation Hariri

La trêve politique amorcée en début de semaine s’est révélée être bien précaire. La polémique engagée entre l’opposition et le pouvoir a en effet repris de plus belle à la faveur d’une violente attaque lancée par le ministre des Postes et Télécommunications, M. Issam Naaman, contre trois parlementaires qui l’avaient pris à partie, Mme Bahiya Hariri et MM. Ahmed Fatfat et Mohsen Dalloul. Le ministre les a appelés «l’orchestre des députés injurieux», accusant implicitement l’ancien chef du gouvernement, M. Rafic Hariri, de les diriger à des fins politiciennes. Le trait marquant de cet échange d’accusations reste toutefois la tournure personnelle qu’il prend. Les antagonistes ont pratiquement renoncé à leurs discours politiques traditionnels, préférant s’attaquer désormais à certains épisodes de la vie intime de leurs détracteurs. M. Naaman n’a pas manqué de dénoncer la «violation de l’intimité» des gens, même s’il s’est lui aussi laissé entraîner sur cette voie. Il s’est toutefois justifié, durant la conférence de presse qu’il a tenue à son bureau, en indiquant qu’il y a été contraint parce que ses détracteurs «n’ont pas hésité à violer (son) intimité sans la moindre bienveillance à l’égard de ceux que le destin a contraints de contracter un prêt auprès de la Fondation Hariri». Il répondait ainsi à Mme Hariri qui lui avait reproché la semaine dernière d’avoir critiqué les bourses que cette Fondation accorde actuellement aux écoliers de Beyrouth alors que ses trois filles avaient «pu poursuivre leurs études grâce à des bourses de cette même institution». M. Naaman a été particulièrement virulent à l’égard de la députée de Saïda. «Elle a dit que le pouvoir ne peut être détenu par des sous-hommes. Qu’en est-il donc des sous-femmes ?», s’est-il interrogé, accusant «le chef d’orchestre des députés injurieux» (M. Rafic Hariri) d’avoir «manipulé l’une des personnes les plus proches de lui (sa sœur) parce qu’il n’avait pas apprécié la performance des deux autres membres de l’orchestre», MM. Dalloul et Fatfat. M. Naaman a reconnu que ses filles avaient obtenu une aide de la Fondation Hariri pour poursuivre leurs études à l’époque où son appartement avait été entièrement détruit durant la guerre. Il a toutefois précisé qu’il s’agissait d’un prêt et non pas d’un don, et que lorsque ses filles avaient achevé leurs études, il leur avait demandé de commencer à rembourser le prêt. «Elles m’avaient alors répondu qu’il valait mieux patienter pour que leur initiative ne soit pas perçue comme une provocation parce qu’entre-temps, le président Rafic Hariri avait accédé au pouvoir et que je faisais partie de l’opposition. J’ai trouvé qu’elles avaient raison. Mais je me suis empressé de modifier mon testament de sorte que le bien-fonds n°1102 qui m’appartient dans la région de Aïnab (Aley) soit consacré au remboursement de cette dette après ma mort si mes filles ne parviennent pas à le faire», a-t-il dit, en se demandant «si l’octroi d’un prêt est devenu un moyen pour limiter la liberté de pensée d’un individu». Il a poursuivi en précisant qu’il n’avait pas dénoncé l’octroi de bourses par la Fondation Hariri mais «la manière suivie pour les accorder, les gens étant contraints d’attendre dans une longue file sous un soleil de plomb alors que les caméras des télévisions filmaient leur misère». Puis M. Naaman a révélé qu’il a eu l’occasion de remercier M. Hariri pour sa sollicitude et de lui rendre service à son tour. S’adressant à Mme Bahiya Hariri, il a déclaré : «Un membre très proche de la famille, S.H., était impliqué dans une affaire de mœurs. Il a failli être la cause d’un scandale qui aurait pu éclabousser toute la famille. Mais j’ai pu avertir le président Hariri à temps et l’affaire a pu être réglée. Si vous ne vous souvenez pas de cette affaire, j’espère bien que vous ne la nierez pas sinon je serai contraint d’en divulguer les détails». Fatfat devant la justice ? Poursuivant sa diatribe contre ceux qu’il a appelés «les symboles de la corruption», le ministre n’est pas allé par quatre chemins pour souligner sa volonté de porter devant la justice les accusations lancées contre lui par M. Ahmed Fatfat, député du Liban-Nord. Ce dernier l’avait accusé de «recevoir des aides directes de Yasser Arafat», le chef de l’Autorité palestinienne. M. Naaman l’a pressé de soumettre les informations et les preuves qu’il détient à ce sujet au procureur général près la Cour de cassation. Il a particulièrement insisté sur ce point en lançant un double appel au président de la Chambre et à M. Adnane Addoum. Le ministre a demandé à M. Nabih Berry de prier le député «qui se cache derrière son immunité» de communiquer ses informations au parquet et, au procureur de la République, de convoquer M. Fatfat pour l’entendre. M. Naaman a sans ambages accusé l’ancien ministre de la Défense, M. Mohsen Dalloul, de «ne pas avoir dit la vérité» en affirmant qu’il avait tout récemment appris qu’un poste d’écoutes téléphoniques avait été installé par les Américains à Hazmieh. Pour étayer ces propos, il a montré à la presse le texte d’une interview accordée en avril 1997 par M. Dalloul au quotidien koweïtien al-Raï al-Aam et dans laquelle l’ancien ministre affirmait qu’une «grande puissance, qui avait envoyé ses troupes au Liban dans le cadre de la force multinationale, avait installé trois postes d’écoutes dans la région, à Irbid (Jordanie), à Ankara (Turquie) et à Sannine. Les trois étaient liés à des satellites et interceptaient les communications militaires et civiles. Cette puissance devait ensuite faire parvenir à ses troupes au Liban du matériel pour lier les centraux de Mazraa et de Badaro entre eux parce qu’elle n’arrivait pas à surveiller le central de Mazraa». Les «contradictions» de Dalloul M. Naaman a ajouté que al-Raï el-Aam a publié «le 23 septembre dernier une nouvelle dans laquelle il relève les contradictions dans les propos du ministre Dalloul sur les écoutes». Selon le ministre, les attaques de l’opposition «visent, à long terme, à affaiblir le régime et à faire chuter le gouvernement pour ramener l’ancien chef du gouvernement et ses alliés au pouvoir». «Une lutte sans merci est aujourd’hui engagée entre deux concepts : celui du chef militant et celui du chef entrepreneur», a-t-il ajouté, estimant qu’ «à court terme», les détracteurs du pouvoir «essaient de faire entrer certaines figures de l’opposition au gouvernement pour qu’ils puissent prendre part aux préparatifs des législatives et des éventuelles négociations de paix avec Israël».
La trêve politique amorcée en début de semaine s’est révélée être bien précaire. La polémique engagée entre l’opposition et le pouvoir a en effet repris de plus belle à la faveur d’une violente attaque lancée par le ministre des Postes et Télécommunications, M. Issam Naaman, contre trois parlementaires qui l’avaient pris à partie, Mme Bahiya Hariri et MM. Ahmed...