Incendies - Insuffisance des moyens de lutte Des centaines de milliers de m2 en flammes (photos)

Du Nord au Sud, pas une région un tant soit peu boisée n’a été épargnée par les flammes durant ces deux derniers jours : 96 incendies, selon l’Agence nationale d’information. Un vent chaud et sec venu de l’Est a plongé le pays dans une canicule appelée sans doute à s’atténuer au cours des prochaines 48 heures, à en croire les prévisions météorologiques. Mais entre-temps, la température atteignait hier 35 degrés sur le littoral, provoquant partout, dans la montagne en particulier, mais aussi à Nahr el-Kalb, des incendies gigantesques, comme celui qui s’est déclaré à Danbo, dans le Akkar, sur une superficie de 150 000 mètres carrés ou à Kfarhazir, dans le Koura. Dans ce village, le feu a même fait trois blessés parmi les pompiers, qui ont dû être hospitalisés. C’est ainsi que se pose une fois de plus le problème de l’impuissance de la Défense civile à lutter de manière efficace contre ce genre de catastrophe naturelle. Ses appels à la population pour approvisionner en eau les citernes de ses véhicules ne sont-ils pas significatifs de l’insuffisance des moyens dont elle dispose ? Certes, pour la première fois dans l’histoire des sinistres au Liban, les hélicoptères de l’armée sont entrés en action, à la demande du président de la République, le général Émile Lahoud, qui a également donné des instructions dans ce sens à tous les ministères concernés, à la Défense civile et à l’armée. L’ancien ministre de l’Agriculture Chaouki Fakhoury n’avait pourtant pas cessé, ces dernières années, de souligner la nécessité de préserver les quelque 6 % de surfaces boisées qui restent. On avait alors envisagé l’acquisition de canadairs, mais les autorités de l’époque avaient remis à plus tard un tel achat, le coût de ces appareils s’étant avéré onéreux. Quid des hélicoptères spécialisés dans la lutte contre les incendies ? Trop chers aussi aux yeux d’un État qui, semble-t-il, se soucie bien peu de sauvegarder ses richesses naturelles. Deux voitures de pompiers pour tout le Nord Résultats : un champ d’oliviers de 10 000 mètres carrés prend feu à Kfarhazir, dans le Koura. L’incendie qui a éclaté dans cette région a ravagé en moins de six heures 240 000 autres mètres carrés de surface boisée, fait trois blessés parmi les pompiers et détruit leur véhicule. Gravement blessé au visage, à la poitrine et aux jambes, le conducteur Simon Mouawad a été transféré à l’hôpital de Jeitawi, à Beyrouth. Le directeur de la Défense civile à Batroun commente ainsi la perte du véhicule calciné : «C’est une catastrophe. Une telle voiture coûte une fortune et on n’arrête pas de nous dire que l’État n’a pas d’argent». Désormais, tout le mohafazat du Liban-Nord devra donc se contenter de deux voitures de pompiers. Signe de la détresse dans laquelle se trouve le pays : les habitants de Danbo étaient les premiers à tenter de circonscrire l’incendie à l’aide de pelles et de fourches… Au Akkar, dans ce village, des 150 000 mètres carrés de forêt, il ne reste plus que des cendres. Et encore, jusque tard en soirée, selon notre correspondant Michel Hallak, les éléments de la Défense civile qui ont eu recours à des renforts de l’armée (150 conscrits) n’étaient pas encore parvenus à maîtriser le sinistre. La localité en flammes est difficile d’accès, la route qui y mène étant particulièrement tortueuse. Dans d’autres régions, les incendies ont même menacé les zones habitées. Les plus spectaculaires ont été signalés à Rachmaya, à Roueïssat el-Naaman et à Abadiyé dans le caza de Aley. Dans ces localités, un vent fort de 90 km/h, selon l’Ani, a attisé les flammes qui ont fini par assiéger les éléments de la Défense civile et de l’armée. L’intervention des hélicoptères a sauvé ces derniers d’une catastrophe certaine.