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Actualités - ANALYSE

Déjà on parle d'arbitrage des décideurs pour organiser le découpage

Les jours passent, bientôt ces vacances caniculaires (37,2 le matin) seront finies, et le pays attend toujours le prodigieux accouchement de la nouvelle loi électorale. Tout indique qu’au bout du compte, il faudra recourir à l’arbitrage que l’on sait pour pratiquer une césarienne. Car, comme toujours, les Libanais se montrent incapables de régler leurs problèmes internes sans concours extérieur. Mais l’importance des enjeux explique, si elle ne justifie pas, la persistance du blocage. En effet, l’an prochain, les législatives représenteront pour beaucoup de leaderships, comme pour la plupart des politiciens de seconde zone, un test décisif de survie professionnelle. Des positions d’influence et même des carrières sont menacées d’érosion, voire d’élimination brutale de la scène publique. Car tout le monde sait que le pouvoir souhaite remodeler le paysage parlementaire. Et les pôles visés ne veulent pas périr sans avoir combattu. Dès lors, chacun réclame un découpage des circonscriptions qui convienne à son taux personnel d’éligibilité. Autrement dit, chacun veut que le costume soit taillé à ses propres mesures, comme ce fut le cas en 92 puis en 96 pour un Walid Joumblatt, un Rafic Hariri ou un Nabih Berry. Chacun pousse sa petite chansonnette dans un dialecte bien à lui et l’incompréhension mutuelle est totale, comme dans la tour de Babel. Cette confusion turbulente, ce chahut qui secoue la cour de récréation se trouvent alimentés par le fait qu’actuellement le surveillant général regarde ailleurs. Il a les yeux braqués sur le dossier général. On peut dès lors dire que lorsque les choses se décanteront sur ce plan, on pourra du même coup y voir plus clair sur le plan de la loi électorale. Car avant de se trouver obligés d’imposer un arbitrage tranchant, les décideurs auraient alors devant eux assez de loisir pour prodiguer des conseils, faire des recommandations, donner des directives, afin qu’en apparence les Libanais parviennent à un consensus librement convenu entre eux. Mais au stade actuel, les positions sont si crispées, si inconciliables qu’un arrangement à l’amiable paraît impossible à réaliser. Dans ces conditions, beaucoup estiment que la loi arrivera trop tard et qu’il faudra reporter les élections. Ce qui poserait un problème juridique : la Constitution n’autorise pas la prorogation du mandat de la Chambre, et elle ne permet pas non plus que le pays reste sans Assemblée, alors même qu’il peut légalement se passer de gouvernement. Toujours est-il que l’ensemble du dossier doit être traité en fonction de l’évolution régionale. Selon que l’on aille vers la paix ou vers le blocage, il y aurait telle ou telle configuration électorale, tel ou tel découpage de circonscriptions, telle ou telle Chambre. Il n’y a donc plus qu’à attendre. En se rappelant que la prochaine législature pourrait être appelée à ratifier la paix avec l’ennemi. Et se trouve vouée en principe à élire le prochain chef de l’État, en l’an 2004, encore que la prorogation du mandat du général Lahoud, qui a rendu son prestige à la fonction, soit déjà envisagée. Pour entrer un peu dans les détails, ce qu’il y a de nouveau sur le front des propositions, c’est que les partisans – assez nombreux – d’un scrutin à deux leviers suggèrent que quiconque dépasse au niveau du caza la barre des 50 % des suffrages exprimés soit déclaré élu, sans avoir à passer l’épreuve de l’élection au niveau du mohafazat qui resterait réservée aux candidats sélectionnés à partir de 25 % dans leurs patelins. Cette formule offrirait l’avantage de promouvoir ce qu’on appelle la représentation de proximité. Mais elle présente l’inconvénient de rendre extrêmement difficile le jeu des alliances et de composition des listes. Mais tout cela, répétons-le, n’est que vétilles ou vaines spéculations. Les vraies options seront arrêtées, à la lumière de l’évolution régionale, par les décideurs, en temps opportun.
Les jours passent, bientôt ces vacances caniculaires (37,2 le matin) seront finies, et le pays attend toujours le prodigieux accouchement de la nouvelle loi électorale. Tout indique qu’au bout du compte, il faudra recourir à l’arbitrage que l’on sait pour pratiquer une césarienne. Car, comme toujours, les Libanais se montrent incapables de régler leurs problèmes internes...