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Actualités - ANALYSE

L'inquiétude reste vive à Beyrouth

Viscéralement allergique au sionisme, ce qui se comprend aisément, le président Sélim Hoss n’en a pas moins tempéré son scepticisme-pessimisme habituel, à l’occasion de son voyage à New York. Il semble avoir reçu le conseil de nuancer des positions qui commençaient à donner une impression de négativisme pétrifié, à un moment où les différentes autres parties en jeu recherchent le mouvement et l’ouverture. Mais le Liban reste profondément inquiet. Les propos d’Ehud Barak sur un retrait, éventuellement «unilatéral», avant le 7 juillet de l’an 2000 représentent autant une menace de désordres futurs qu’une promesse de restitution du territoire spolié. Aussi la diplomatie locale, que dirige M. Hoss, tente-t-elle de cerner les intentions véritables du gouvernement travailliste israélien. En multipliant à cet effet les relances auprès des capitales amies qui ont des liens avec Tel-Aviv. Parallèlement, Beyrouth intensifie ses concertations avec Damas pour voir quel plan appliquer au cas où les Israéliens plieraient bagage sans arrangement préalable. Il y a en effet d’abord la phase même du retrait, qui pourrait s’accompagner de violentes attaques de commandos du Hezbollah contre les colonnes israéliennes, ce qui pourrait entraîner de fortes ripostes visant éventuellement l’infrastructure de ce pays (eau, routes, ponts, électricité, téléphone, ports et aéroports). Il y aurait ensuite, après le retrait, la possibilité d’actions intégristes contre la Galilée, parallèlement à une tuerie locale de «lahdistes», au titre que la résistance doit se poursuivre jusqu’à la libération du Golan, voire de Jérusalem comme l’avait commandé de son vivant l’imam Khomeyni. Bien entendu, Beyrouth préfère un retrait ordonné, comme le prévoit d’ailleurs la résolution numéro 426 de l’Onu, qui constitue le «décret d’application» de la 425. Dans cette perspective, l’un des principaux amis du Liban, le chef de l’État français M. Jacques Chirac, a suggéré à Ehud Barak qu’il recevait à Paris une force multinationale comprenant un contingent de son propre pays. Le Premier ministre israélien n’a pas encore fait connaître sa position à ce sujet. À Beyrouth, on se demande dès lors si, interprétant à sa façon le jumelage des volets libanais et syrien, Israël ne va pas se retirer «unilatéralement» du Liban-Sud en cas d’échec de ses pourparlers avec Damas sur la question du Golan. Dans le même esprit, l’État hébreu pourrait se servir de cette menace de retrait «unilatéral» du Liban pour faire pression sur la Syrie en ce qui concerne la reprise des pourparlers de paix. On sait en effet que la Syrie affirme que Rabin avait pris le ferme engagement de lui rendre tout le Golan, alors qu’Israël soutient que cette restitution ne peut englober la région riche en eaux de Houmma et qu’il n’est pas question de revenir aux frontières du 4 juin 1967. Toujours à Beyrouth, on se demande aussi si Israël ne cherche pas en réalité à imposer, avant tout retrait ici ou là, un accord sur un dispositif frontalier commun entre lui-même, la Syrie et le Liban, en suivant une même ligne qui irait du versant Est du Golan, du côté de la plaine de Damas, jusqu’à Naqoura en passant par la Békaa-Ouest. Après quoi viendrait un accord global de paix incluant la question du partage des eaux, le problème des réfugiés palestiniens, Jérusalem, le désarmement, le tracé frontalier définitif et la normalisation des rapports israélo-arabes. Dans la capitale libanaise, on s’interroge également sur le point de savoir si Israël ne manœuvre pas pour disloquer le tandem libano-syrien, en se servant comme levier du projet de retrait du Sud. Beaucoup d’interrogations donc à Beyrouth. Mais aussi une certitude : toute l’évolution est liée désormais aux pourparlers syro-israéliens. C’est à la lumière d’un éventuel accord de Damas, lié bien évidemment aux progrès sur la question du Golan, que Beyrouth décidera par exemple s’il doit déployer l’armée au Sud après le retrait israélien. Ou s’en abstenir, comme il l’avait fait à Jezzine.
Viscéralement allergique au sionisme, ce qui se comprend aisément, le président Sélim Hoss n’en a pas moins tempéré son scepticisme-pessimisme habituel, à l’occasion de son voyage à New York. Il semble avoir reçu le conseil de nuancer des positions qui commençaient à donner une impression de négativisme pétrifié, à un moment où les différentes autres parties en jeu...