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Actualités - CONFERENCES INTERNATIONALES

Eglises - Aram 1er préside le comité central du COE à Genève Le mouvement oecuménique confronté aux conflits identitaires

Le comité central du Conseil œcuménique des Églises (COE), réuni à Genève jusqu’au 3 septembre sous la présidence du catholicos de Cilicie (Liban) Aram Ier, se trouve confronté aux conflits identitaires, alors même que la globalisation de la production et de la consommation économique entraîne les États du monde vers une mondialisation des échanges, qui charrie avec elle des modèles culturels contestés. D’emblée, dans son discours inaugural, Aram Ier a estimé que «dans de nombreuses parties du monde, les religions et les cultures sont devenues sources de tensions et de conflits». Soulignant que «la religion et l’identité ethnique sont étroitement liées», il a reconnu que «parfois, l’Église se trouve prise entre les impératifs de l’Évangile et ses liens et obligations ethniques». Ce conflit entre deux obligations a été illustré de manière exemplaire face au conflit identitaire du Kosovo, que l’Église orthodoxe serbe a toujours considéré comme le «berceau» du peuple serbe, même si elle s’est démarquée fermement de la politique de purification ethnique menée par le pouvoir serbe. Le catholicos de Cilicie a qualifié d’«exemplaire» la manière dont le COE avait réagi à la crise du Kosovo. Durant la crise, le COE a envoyé des délégations au Kosovo et en Serbie, et organisé une rencontre internationale à Budapest (Hongrie) pour appeler à une «solution durable». Ce travail de terrain avait abouti à la publication de plusieurs déclarations dénonçant à la fois le nettoyage ethnique au Kosovo, et les bombardements de l’Otan, une position balancée qui n’a pas satisfait tous les membres. Un rôle prophétique Tout compte fait, Aram Ier a estimé que le rôle du COE devait être, si nécessaire, «de mettre en demeure» les Églises «d’assumer leur rôle prophétique et de les aider à le faire», et s’est prononcé pour l’organisation d’une «grande conférence œcuménique sur l’Église et l’identité ethnique». Le président du comité central du COE s’est fait un devoir de rappeler aux Églises membres que «l’Église n’est pas un musée, mais (…) une communauté de foi». Pour Aram Ier, il s’agit également de la vocation du COE qui est «moins de se préoccuper de programmes que de l’édification d’une communauté». Pour le catholicos «tendre vers l’unité visible en une seule foi et en une seule communauté eucharistique» demeure l’objectif primordial du COE. L’assemblée générale du COE réunie à Harare (Zimbabwe), voici huit mois, avait préconisé la création d’une commission spéciale chargée d’examiner «les préoccupations orthodoxes». Aujourd’hui cette commission n’a toujours pas vu le jour, faute de volontaires du côté de plusieurs Églises orthodoxes, a déploré le président du COE, qui n’a pas passé sous silence les problèmes liés aux relations entre les orthodoxes et le COE. Aram Ier s’est quand même montré confiant dans l’avenir et a affirmé que cette commission spéciale se mettra au travail avant la fin de l’année, estimant que «même si des solutions définitives n’ont pas encore été trouvées, de petits pas sont en train d’être faits». Pour Aram Ier, en tout cas, on ne peut continuer le voyage œcuménique vers le 21e siècle sans établir le bilan de siècle finissant. Si pour les Églises il s’agit d’un moment d’action de grâce, l’évaluation autocritique n’est pas non plus à exclure. Le catholicos a également reconnu que les laïcs occupent une place particulière au sein de l’Église en ce tournant de millénaire, et a affirmé que «le COE ne peut ignorer les groupes et mouvements chrétiens qui, sans être membres des Églises institutionnalisées, témoignent pourtant d’un profond engagement à l’égard de l’Évangile». Au passage, le catholicos arménien a condamné «les mouvements idéologiques ethnonationalistes tels le panturquisme, le sionisme et le nazisme qui ont abouti à des génocides et provoqué de nombreuses guerres». Anthropocentrisme Sur le phénomène de la mondialisation des échanges, Aram Ier a affirmé qu’il recèle aussi des dangers en introduisant «les valeurs libérales occidentales» qui menacent les traditions et communautés locales. Il s’est fait l’écho des crispations de certaines Églises, essentiellement orthodoxes, et d’abord orientales, pour lesquelles «le mouvement œcuménique est devenu un instrument d’expansion de ces valeurs». Aram Ier a relevé en particulier la prédominance de l’anthropocentrisme, qui fait de l’homme la mesure de toutes choses, et même des valeurs éthiques, alors que la foi chrétienne «enseigne que l’humanité ne peut être perçue séparément de Dieu». L’intervenant a également dénoncé «l’apparition d’un nouveau système de valeurs basées sur la recherche effrénée du pouvoir accompagnée d’un vide moral». Sur les rapports avec les autres religions, Aram Ier a relevé que le COE ne peut fermer la porte aux autres religions, mais devrait aider les Églises à évaluer leurs relations avec elles «en dépassant la tolérance passive et l’évangélisme agressif pour parvenir à un dialogue fécond et critique».
Le comité central du Conseil œcuménique des Églises (COE), réuni à Genève jusqu’au 3 septembre sous la présidence du catholicos de Cilicie (Liban) Aram Ier, se trouve confronté aux conflits identitaires, alors même que la globalisation de la production et de la consommation économique entraîne les États du monde vers une mondialisation des échanges, qui charrie avec...