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Actualités - ANALYSE

Spéculations effrénées sur une réconciliation nationale

Le colonel Bachar el-Assad assume visiblement désormais le rôle de principal officier traitant du dossier libanais longtemps tenu par M. Abdel Halim Khaddam. Ce dernier continue toutefois à rendre de signalés services en tant que conciliateur-réconciliateur et il a ainsi tenté dernièrement de rapprocher deux de ses bons amis légèrement en froid pour le moment, MM. Rafic Hariri et Michel Murr. Mais le grand jeu est indéniablement dévolu depuis quelque temps au fils du chef de l’État syrien. Dans de récentes déclarations à la revue al-Wassat , le colonel el-Assad devait indiquer que lors de sa dernière entrevue avec le président de la République libanaise, il a mis l’accent sur la nécessité de ressouder solidement les rangs libanais internes afin de faire face aux échéances régionales qui pointent à l’horizon. Cet appel pressant et direct du tuteur syrien à l’union sacrée libanaise donne lieu localement à beaucoup de spéculations sur le thème : comment, en termes concrets, réaliser cette entente. Faut-il mettre sur pied un gouvernement d’entente nationale comprenant des représentants de tous les camps ? Ou opter plus simplement pour une équipe qui serait acceptée de toutes les parties ? Doit-on procéder à toute une série de réconciliations entre leaders ou forces politiques antagonistes, pour préparer un grand congrès de retrouvailles nationales ? Peut-on se contenter d’unifier les objectifs, de rassembler tout le monde autour du pouvoir sans effectuer de rabibochages ? Toutes ces questions flottent dans l’air du temps. Mais les réponses aboutissent pour le moment à des conclusions qui confortent les clivages existants. Chacun, en effet, accuse l’autre d’être responsable de la dégradation du climat politique intérieur et de la mésentente généralisée sur la scène locale. Ainsi, prenant les devants, un loyaliste affirme que «le pays n’aurait pas connu de malaise si, depuis le départ, on avait adopté à l’égard du gouvernement le ton positif qui a marqué la dernière audience accordée par le chef de l’État à M. Hariri». «L’opposition s’est déchaînée contre nous dès notre entrée en lice, ajoute cette source, et devant ses furieuses attaques, nous avons été contraints de riposter sur divers fronts. M. Hariri aurait dû dès le premier jour comprendre les vues du président Lahoud et savoir comment traiter avec Baabda. Mieux vaut tard que jamais, aujourd’hui l’ancien président du Conseil aborde le bon virage. Il réalise que le président de la République tire une force singulière du fait qu’il ne demande rien pour lui-même et ne travaille que pour la patrie. Ce qui est loin d’être le cas de tout le monde. Si M. Hariri continue à vouloir bien saisir les objectifs du régime, s’il veut vraiment coopérer de bonne foi, l’entente sera possible, que l’intéressé fasse ou non partie du pouvoir. Il peut même continuer à guider l’opposition. Cela serait éminemment constructif dans la mesure où les remarques, les observations, les critiques seraient faites pour signaler des erreurs d’aiguillage et les faire corriger, non pour détruire ce qui a été fait. D’ailleurs, le chef de l’État considère qu’il est le président de tous, des opposants autant que des loyalistes et il ne fait de distinction qu’en fonction du service de l’intérêt national bien compris». – À ces affirmations, une personnalité opposante réplique, plus brièvement, en soulignant que «nul dans le camp haririen ne s’en est jamais pris au régime même. Nous avons toujours souligné le distinguo que nous faisons entre Baabda et le Sérail. Quant à la responsabilité de la mésentente, il nous semble que les loyalistes inversent les rôles : ce sont les gouvernementaux qui sont passés les premiers à l’attaque, par des actes d’hostilité concrète dont les désastreuses premières charrettes de l’épuration administrative». Pour sa part, un vétéran modéré estime que «la détente entre Baabda et Koraytem ne suffit évidemment pas pour calmer l’ensemble du jeu sur la scène politique locale. S’il n’y a pas de Cabinet politique d’entente nationale, incluant l’Est ainsi que le tandem Hariri-Joumblatt, les tensions peuvent être difficilement dissipées. Surtout que chacun se prépare dès à présent, dans un climat d’affrontement fébrile, à la grande épreuve des législatives de l’an prochain. Les Syriens ont certes raison d’appeler à l’entente à cause des échéances régionales. Mais les forces locales sont peu sensibles à cet argument. Pour la bonne raison que, justement, le dossier régional a été pratiquement retiré des mains des Libanais. Qu’ils soient ou non d’accord entre eux sur le plan local n’a de ce fait aucun impact sur le traitement des négociations régionales où le volet libanais a été jumelé au volet syrien».
Le colonel Bachar el-Assad assume visiblement désormais le rôle de principal officier traitant du dossier libanais longtemps tenu par M. Abdel Halim Khaddam. Ce dernier continue toutefois à rendre de signalés services en tant que conciliateur-réconciliateur et il a ainsi tenté dernièrement de rapprocher deux de ses bons amis légèrement en froid pour le moment, MM. Rafic Hariri...