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Actualités - ANALYSE

Loi électorale - Le découpage reste le noeud central du problème Les députés résolus à se battre pour défendre leurs acquis

D’entrée de jeu le nouveau pouvoir avait joué cartes sur table : le paysage politique devrait changer à la faveur des premières élections législatives, pour une meilleure coopération entre institutions. Une façon polie d’indiquer que ces élections sont appelées à produire une majorité parlementaire soumise à la volonté des dirigeants. Comme ces derniers brandissent l’étendard de la plus pure vertu républicaine, ce n’est pas en tripatouillant les résultats du scrutin qu’ils comptent parvenir à leurs fins, mais par le biais d’un découpage des circonscriptions savamment étudié, à la lumière des trois principes généraux fixés par l’Exécutif en place : la représentativité, le brassage et une même formule pour toutes les régions. Cette intention de mainmise inquiète évidemment l’ensemble des députés dont bon nombre risqueraient de ne pas être réélus. Aussi on les entend de plus en plus répéter dans les salons politiques qu’ils ne se laisseront pas faire et qu’ils n’hésiteraient pas à modifier de fond en comble le découpage envisagé dans le projet de loi que le gouvernement doit leur adresser. Le Parlement, à de rares exceptions près comme certaines dispositions de la loi de finances, est en effet parfaitement en droit de transformer du tout au tout un texte établi par le gouvernement. C’est ainsi, entre autres exemples, qu’en 1993, la Chambre avait complètement dénaturé et fait avorter le programme de réforme administrative mis au point par le premier Cabinet Hariri. Mais les blocs parlementaires et les forces politiques sont loin d’être sur la même longueur d’ondes entre eux. «Ainsi, note un modéré, M. Walid Joumblatt pousserait de hauts cris si le Mont-Liban n’était pas divisé d’une manière ou d’une autre, mais il serait pratiquement le seul. Par contre, une levée de boucliers très étendue aurait lieu si le Mont-Liban devait être l’unique mohafazat à être disloqué, comme en 1992 et en 1996. Le patriarcat maronite prendrait sans doute alors la tête d’une croisade englobant beaucoup de forces politiques, dont certaines seraient mahométanes, pour protester contre le maintien d’une telle discrimination. À dire vrai, comme le chef de l’État en personne rejette toute forme d’inégalité et d’injustice, il est exclu a priori qu’un traitement singulier soit réservé au Mont-Liban. Et cela malgré le soutien que les décideurs accordent à M. Joumblatt. Il reste qu’on pourrait trouver un moyen terme, c’est-à-dire diviser tous les mohafazats, Beyrouth compris, en deux ou en trois circonscriptions. Le pouvoir y songe sérieusement. Mais cette formule, qui offre l’avantage de concilier représentativité et brassage, est combattue par les chefs de blocs importants, comme les présidents Berry et Hariri, qui ne pourraient plus avoir autant de députés à eux que dans l’actuelle législature. De même les principaux leaders du Nord, qui ont su se partager la région, préféreraient qu’elle reste électoralement unifiée pour qu’avec la masse de voix dont ils disposent en propre dans leurs fiefs, ils puissent continuer à influer les résultats dans d’autres cazas du mohafazat». «Dès lors, souligne cette source, le gouvernement pourrait jouer sur les divisions au sein même du Parlement pour faire passer sans peine son projet. En outre, il paraît exclu qu’on puisse trouver une majorité sous la coupole contre un texte gouvernemental qui aurait sûrement obtenu auparavant l’aval des décideurs. C’est donc à ce niveau que tout va se jouer. Et si les députés veulent garder leurs chances, il faut qu’ils se gagnent l’appui des arbitres. Ce qui est difficile car ces derniers soutiennent à fond le régime. De plus, ils ont proclamé qu’ils ne prendraient pas parti, que les Libanais doivent s’arranger entre eux, en restant à l’écoute de Baabda». Cela étant, le gouvernement prend son temps et retarde le découpage des circonscriptions, dans l’espoir de réaliser un consensus à ce propos.
D’entrée de jeu le nouveau pouvoir avait joué cartes sur table : le paysage politique devrait changer à la faveur des premières élections législatives, pour une meilleure coopération entre institutions. Une façon polie d’indiquer que ces élections sont appelées à produire une majorité parlementaire soumise à la volonté des dirigeants. Comme ces derniers brandissent...