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Actualités - ANALYSE

Vie politique - Actions et réactions La mise en veilleuse de l'opposition suscite un malaise

interrogé par les journalistes sur le silence de l’opposition, le chef de l’État a naturellement répondu que cette question devait s’adresser aux opposants eux-mêmes. Mais l’assemblée des prélats maronites s’inquiète pour sa part dans son dernier communiqué d’un climat atone qui empêche les différentes franges de la population d’exprimer leurs points de vue, positifs ou négatifs au sujet du domaine public. Une façon à peine camouflée de dénoncer le diktat d’un éteignoir… Les évêques soulignent que cette chape qui étouffe la vie publique aggrave les effets d’une récession économique si forte qu’elle pose un sérieux problème de subsistance et d’emploi à d’innombrables Libanais. La vie politique est au point mort, c’est un fait. Peut-on en imputer la responsabilité à la passivité de l’opposition ? La position de cette dernière n’est pas facile. Si elle prend la parole, on l’accuse d’être destructrice. Et quand elle se tait, on lui reproche de ne pas assumer son rôle de censeur et de correcteur de trajectoire. Il faut sans doute prendre en considération, pour mieux comprendre une situation finalement assez bizarre, deux éléments complémentaires : — L’opposition et le pouvoir, nonobstant les différences de style ou les conflits d’intérêts, font partie d’un même système, dit taëfiste. — Ils sont tous deux limités dans leur action et dans leurs réactions par les volontés des décideurs. Quoi qu’il en soit, des vétérans blanchis sous le harnais, et qui ont été sur les bancs de la contestation plus souvent qu’à leur tour, affirment sans rire que «l’opposition ne s’improvise pas. Quand on veut en faire, il faut obéir à un certain nombre de règles. Et il faut remplir des conditions déterminées, sans quoi on n’est pas du tout crédible. L’art pour l’art n’existe pas dans ce domaine : s’il n’y a pas des raisons bien saillantes, bien mises en évidence et bien dénoncées, les gens ne comprendraient pas qu’on critique le pouvoir en place. En outre, quand on n’est pas soi-même tout à fait blanc, on a du mal à noircir les autres. Et l’on risque de se faire clouer le bec à tout moment…». Les conditions Ces politiciens énumèrent ensuite les conditions requises à leur avis pour adhérer au club «de l’opposition authentique : — D’abord être sans peur et sans reproche, immaculé, réputé pour sa probité intégrale, sa transparence et sa sincérité. — Comprendre la portée de l’action à mener. Et réaliser qu’il faut dépasser tout égoïsme, tout réflexe de vanité, pour servir l’intérêt véritable du pays. Ainsi il est évident que lorsqu’on fait partie de l’innombrable troupe des pourris présumés, il serait mal placé et mal vu de s’ériger en étendard de la révolte. Ce serait même nuisible pour le pays car les déclarations incendiaires qu’on ferait alors ne manqueraient pas de provoquer des secousses aggravant la crise socio-économique. Cela s’est vu du reste plus d’une fois, sous l’ancien régime, quand les dirigeants étaient eux-mêmes opposants, c’est-à-dire opposés les uns aux autres. Comme le dit l’adage local, “celui dont la maison est en verre ne lance pas de cailloux”. Et il faut beaucoup de culot pour donner des leçons de morale quand on est soi-même un symbole de pourriture. – Il doit être clair, si on veut être un bon opposant, que le but recherché n’a rien de personnel, que les motivations ne sont ni politiciennes ni lucratives. Au contraire même, il faut prendre le risque parfois de voir ses intérêts financiers ou autres menacés par le retour de bâton. – Un peu dans le même sens, on doit être parfaitement en règle avec le fisc, avoir acquitté toutes ses quittances et ne prêter le flanc à aucune contre-critique au niveau du civisme. Personne n’a le droit de réclamer une meilleure perception fiscale, des recettes accrues quand il n’est lui-même pas en règle. Et parfois la facture se monte à des centaines de milliers de dollars, quand on gère des sociétés tout en faisant de la politique… – Enfin il faut savoir laisser de côté l’opposition active quand le pouvoir va manifestement dans le bon sens et bénéficie de l’appui de la population. – Par contre, il ne faut jamais accepter de se taire quand les libertés ou la volonté nationale sont en cause…». Mais on n’est pas toujours libre de le faire.
interrogé par les journalistes sur le silence de l’opposition, le chef de l’État a naturellement répondu que cette question devait s’adresser aux opposants eux-mêmes. Mais l’assemblée des prélats maronites s’inquiète pour sa part dans son dernier communiqué d’un climat atone qui empêche les différentes franges de la population d’exprimer leurs points de vue,...