Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

L'imagination meurt et les restaurants prolifèrent

Nous avons tous lu la nouvelle anecdotique de cet homme que sa voisine de palier, incommodée par le bruit provenant des toilettes, dans un immeuble aux cloisons trop minces, voulait contraindre à s’asseoir sur la lunette des WC. Le tribunal a refusé de lui donner raison, affirmant qu’il s’agirait d’une atteinte à la vie privée. La nouvelle peut faire sourire. Nous ferions mieux d’y réfléchir. Elle parle d’une société où l’amour s’est refroidi, où les règles juridiques se sont substituées aux rapports personnels. Voici deux personnes qui vivent désormais côte à côte, dans la même société, mais qui ne communiquent plus, qui n’appartiennent plus à la même culture. On a parlé d’une «civilisation de la mort» qui envahit la planète, avec autant de grossesses interrompues que d’accouchements. Nous n’en sommes pas loin. Il est temps de regarder en face notre propre société, où les ferments de mort et de corruption ne manquent pas. «Consomme et tais-toi», répètent à longueur de journée les affiches de cette société de consommation qui nous transforme en veaux à l’engrais, nous dictant non seulement ce que nous devons penser, mais ce que nous devons désirer, et nous tenant à l’écart des biens culturels parce que leur appropriation n’est pas rentable. C’est pour cela que des espaces qui feraient de magnifiques jardins publics, ou des bâtiments qui feraient d’excellentes maisons de la culture, des bibliothèques ou des musées, sont livrés à des spéculateurs chargés de transformer un être vivant en un individu aux réflexes prévus et prévisibles. C’est pourquoi l’imagination s’atrophie et les restaurants prolifèrent. Entendons-nous : dénoncer la société occidentale de consommation et ses excès ne veut pas dire se détourner de l’Occident ni une espèce de retour formel aux sources. On ne va pas se remettre à porter le cherwal. Il faut être résolument moderne, comme dit Rimbaud, tout en se méfiant de la part de mort charriée par cette sous-culture. Il est grand temps que les Libanais unissent leurs efforts pour créer leur propre culture, pour faire face en particulier à cet espèce de ramollissement des âmes et des consciences qui nous livre sans force à ce qui nous domine. Faute de pouvoir résister politiquement, organisons au moins notre résistance culturelle . Chaque communauté devrait faire cet examen de conscience que l’Église catholique s’est imposé, en décidant de se réunir en synode. Mais le Synode, s’en souvient-on ? Et l’Église a-t-elle fait ce qu’il faut pour la réconciliation des chrétiens, des Libanais entre eux ? A-t-elle effectué ce travail de repentance et de mémoire, de décantation salutaire des souvenirs qui permettra aux Libanais de faire la paix avec leur passé et d’envisager avec confiance l’avenir ?
Nous avons tous lu la nouvelle anecdotique de cet homme que sa voisine de palier, incommodée par le bruit provenant des toilettes, dans un immeuble aux cloisons trop minces, voulait contraindre à s’asseoir sur la lunette des WC. Le tribunal a refusé de lui donner raison, affirmant qu’il s’agirait d’une atteinte à la vie privée. La nouvelle peut faire sourire. Nous ferions...