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Actualités - ANALYSE

Législatives - Le découpage pose des problèmes aigus Bataille centrale au Mont-Liban

Seul le silence est grand, tout le reste est faiblesse : seules comptent les élections de l’an prochain, tout le reste n’est qu’escarmouches préparatoires. Car de ce scrutin dépendront le volume, voire la carrière de beaucoup de gros bonnets. Qui risquent de perdre tous leurs acquis ou presque, le pouvoir ayant besoin d’une Chambre qui soutienne à fond ses idées et son programme. On prête donc aux dirigeants la ferme intention de disposer place de l’Étoile d’une myriade de députés dociles. Il faudra dès lors arracher un maximum de sièges à ceux qui contrôlent actuellement la majorité. En clair aux chefs des grands blocs, dont MM. Berry, Hariri, Joumblatt, Murr et accessoirement au Hebzollah dont la consistance camérale ne pose cependant pas problème car son influence n’est pas d’ordre individuel. Mais pour arriver à ses fins, le pouvoir en place a besoin d’une loi électorale qui serve fidèlement ses objectifs. Difficile quand, pour récuser les anciens textes qui le défavoriseraient, il avance justement l’argument que le code ne doit être taillé à la mesure de personne. Ceci en une claire allusion aux dispositions iniques autant qu’inouïes qui ont disloqué le Mont-Liban en 92 puis en 96 au profit de M. Joumblatt et aux dépens du camp chrétien, alors que les autres mohafazats restaient électoralement soudés. Un député qui a été naguère ministre souligne que «le maintien éventuel de l’unité électorale du Mont-Liban en ferait la plus importante circonscription du pays avec ses 35 sièges. Tous les rapports de force, tous les équilibres politiques intérieurs s’articuleraient alors autour de ce fléau de balance qu’est cette région du pays, centrale à tous les sens du terme. Il n’y a pas de bataille plus capitale, même à Beyrouth». Ce professionnel remarque ensuite qu’en l’état actuel des choses, «aucun leader, aucun chef de file n’a assez d’envergure pour prétendre prendre seul au Mont-Liban la tête d’une liste de 35 candidats. MM. Joumblatt et Murr, dont le poids électoral est indéniable, ont cependant le désavantage de n’être pas maronites, cette communauté étant largement majoritaire sur l’ensemble du district. Au Kesrouan ou à Jbeil par exemple, ni l’un ni l’autre ne dispose de voix. Inversement il est évident que M. Farès Boueiz par exemple n’a pas de suffrages au Chouf. Dès lors l’urne pourrait produire beaucoup de surprises. Celui qui serait en mesure de manipuler cette boîte à bulletins pourrait facilement, sans trop de triche apparente, faire passer les plus fortes têtes à la trappe. Comme Béchara el-Khoury et Camille Chamoun l’avaient fait à dix ans de distance, l’un en 47 et l’autre en 57». Partant de telles considérations, des politiciens de tous bords préféreraient qu’on divise encore une fois le Mont-Liban. Ce qui revient à dire, puisque le principe de l’uniformité de la formule va être appliqué, qu’on diviserait également tous les autres mohafazats. Dont les emblèmes ne sont pas du tout d’accord, car ils se sont gentiment arrangés entre eux, au Nord ou dans la Békaa par exemple, pour s’allier et se protéger les uns les autres. Quand ils n’ont pas comme au Sud ou à Beyrouth raflé seuls toute la mise ou presque… Selon le député cité «M. Joumblatt a tenté de convaincre M. Murr, lors de leur rencontre à Beyrouth, que le mieux serait d’instituer au Mont-Liban trois ou cinq circonscriptions. Le ministre de l’Intérieur a éludé en indiquant qu’il n’avait encore aucune idée du dossier et préférait ne pas en discuter. Le leader druze a cependant insisté, en précisant qu’il voyait très bien le découpage du mohafazat en deux, Chouf-Aley-Baabda et Metn-Kesrouan-Jbeil. Ou encore en trois, Baabda étant séparé du Chouf et d’Aley. M. Murr, sans donner de réponse définitive, a fait remarquer qu’une telle configuration ne serait pas équitable, ajoutant qu’il préférait encore la première formule sans s’engager». Il est assez clair en tout cas, estiment à l’unanimité les cercles politiques, que par sa nouvelle relance politique, par l’offensive qu’il mène avec virulence contre le pouvoir, M. Joumblatt tente de faire monter les enchères préélectorales. Dans l’espoir qu’on lui redonne le Chouf et Aley. Ce qui est moins clair par contre, c’est de savoir jusqu’à quel point il est soutenu dans sa démarche par les décideurs.
Seul le silence est grand, tout le reste est faiblesse : seules comptent les élections de l’an prochain, tout le reste n’est qu’escarmouches préparatoires. Car de ce scrutin dépendront le volume, voire la carrière de beaucoup de gros bonnets. Qui risquent de perdre tous leurs acquis ou presque, le pouvoir ayant besoin d’une Chambre qui soutienne à fond ses idées et son...