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Actualités - ANALYSE

Dossier régional - Barak multiplie les manoeuvres dilatoires Le rôle des Etats-Unis sur la sellette

Barak s’évertue à rogner les ailes des aigles américaines. Il veut cantonner Washington dans un rôle de go between sans lui permettre d’arbitrer, de mener le jeu selon ses vues propres. Un diplomate occidental, commentant l’approche israélienne, rappelle qu’en 1991 pour que Shamir accepte de se rendre à Madrid, il avait fallu le menacer de lui couper une ligne de crédit de 10 milliards de dollars pour l’achat d’armement. De plus, Bush avait dû lui adresser une lettre dans laquelle les États-Unis s’engagent formellement à garantir la sécurité d’Israël ainsi que sa suprématie stratégique «car il a droit à des frontières sûres et défendables.» Le message présidentiel US précise toutefois que les États-Unis «croient qu’une paix juste et permanente peut être réalisée à travers des pourparlers axés sur les résolutions numéros 242 et 338 du Conseil de sécurité». Il ajoute que les accords doivent comprendre «l’établissement de relations diplomatiques complètes entre Israël et ses voisins arabes.» Autre assurance : «Les USA ne soutiennent pas la création d’un État palestinien». Mais le document indique tout de suite après que les États-Unis «ne soutiennent pas non plus le maintien de la domination et de l’annexion de territoires par Israël». Traitant du Golan, cette lettre fondatrice américaine confirme une promesse faite dès 1975 à Rabin que «tout règlement total avec la Syrie, dans le cadre d’un accord de paix, doit comprendre la protection de la sécurité d’Israël contre toute agression pouvant provenir de ce haut plateau. Les USA sont prêts à proposer leur garantie pour le dispositif de sécurité qui serait convenu entre Israël et la Syrie». En ce qui concerne le Liban, le document à l’origine du processus de paix affirme qu’«Israël a droit à la sécurité le long de sa frontière nord. En outre, les États-Unis gardent l’engagement que toutes les forces étrangères se retireront du Liban tandis que les milices seront désarmées». Selon le diplomate européen, ces engagements initiaux américains restent certes importants, «mais bien des développements ont altéré depuis lors la situation d’ensemble. Dans le créneau fondamental de la question palestinienne, il y a eu ainsi les accords d’Oslo puis ceux de Wye River, signés à la suite de fortes pressions de Clinton sur Netanyahu. Accessoirement, les Israéliens ont signé avec la Jordanie les accords de Wadi Arba. Par contre, rien n’a été signé avec les Syriens ou avec les Libanais. Israël, on le sait, refuse de regagner les lignes des frontières du 4 juin 1967 au Golan. Et parallèlement, il refuse de se retirer du Liban-Sud sans conditions comme l’exigent le Liban et la 425. Dans l’ensemble, Netanyahu a tout bloqué pendant trois ans. On s’aperçoit maintenant que Barak ne se prête aux négociations que pour la forme. Pour le fond, il est aussi intransigeant, sinon plus, que son prédécesseur. Ainsi pour Wye River, l’actuel Premier ministre israélien tente d’éluder ces accords en proposant de les fondre dans les pourparlers du statut définitif des Palestiniens. Il ne veut en exécuter que l’infime partie qui ne mettrait pas en cause les colonies d’implantation. Bien entendu, Yasser Arafat a rejeté cette offre et il a demandé l’intervention de Clinton pour rappeler Barak à l’ordre. Comme la Maison-Blanche avait elle-même initié ces accords, elle a effectivement admonesté Barak qui, du bout des lèvres, accepte maintenant de faire appliquer ces accords, à partir de septembre prochain. Mais rien n’est fait et l’on sait que les Israéliens sont très habiles dans les dérobades. Les Américains sauront-ils les surveiller ? Il faut l’espérer, mais il est raisonnablement permis d’en douter. Car Barak a marqué des points, dans sa volonté d’atermoiement, en obligeant Albright à reporter la tournée qu’elle devait effectuer dans la région pour donner le coup d’envoi à la reprise des négociations. L’heure de vérité va bientôt sonner pour Clinton et son équipe : le temps presse pour eux car dans un an et trois mois, en novembre de l’an 2 000, la campagne présidentielle commence chez eux. Il faut que d’ici là, la paix soit prête ou presque. Washington saura-t-il, après avoir évincé Netanyahu, empêcher Barak de jouer les prolongations…» Toute la question est là, en effet.
Barak s’évertue à rogner les ailes des aigles américaines. Il veut cantonner Washington dans un rôle de go between sans lui permettre d’arbitrer, de mener le jeu selon ses vues propres. Un diplomate occidental, commentant l’approche israélienne, rappelle qu’en 1991 pour que Shamir accepte de se rendre à Madrid, il avait fallu le menacer de lui couper une ligne de crédit...