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Actualités - REPORTAGES

Urbanisme - Le prix de l'Unesco ville pour la paix a été un catalyseur Zouk Mikaël : la notoriété au service du bien public(photos)

“Ville pour la paix, maire pour la paix”. Tel était le thème du prix Unesco décerné cette année à des villes pilotes dans cinq régions du monde. Et c’est une petite localité libanaise, Zouk Mikaël, qui a remporté le prix pour les villes arabes, malgré la concurrence de grandes agglomérations comme Alexandrie, Alger, Gaza, Mascate, Lattakié, Alep ou Tunis. M. Nohad Naufal, président de la municipalité de Zouk Mikaël, considère, avec fierté, que ce prix est non seulement important pour sa localité mais aussi pour le Liban, «en cette année où Beyrouth est capitale culturelle du monde arabe». La candidature de Zouk, la seule présentée au nom du Liban, avait été proposée par les commissions nationales pour l’éducation, la science et la culture de l’Unesco (bureau du Liban). «Ce prix était vraiment une très bonne surprise pour nous», avoue M. Naufal. Le prix de l’Unesco est décerné chaque deux ans à une ville pilote qui a réalisé une action exemplaire dans des domaines déterminés. Comme toutes les autres villes candidates, Zouk devait répondre à des critères bien précis pour pouvoir être en lice dans cette compétition dont les deux slogans sont : «Planification des cités humaines pour le XXIe siècle» et «Construire la paix et l’espérance». Les critères retenus par l’Unesco pour cette année étaient les suivants : – Avoir mené une action exemplaire contre l’exclusion et pour le dialogue intercommunautaire en pratiquant une politique générale de participation, qui devrait viser à créer une nouvelle citoyenneté, surtout à l’adresse des jeunes. – Des mesures pour promouvoir la solidarité en faveur des personnes fragilisées par le chômage ou appartenant à des groupes migrants ou réfugiés, en mobilisant de nouveaux partenaires sociaux des secteurs public et privé. – Urbanisme : création d’habitats contemporains de qualité, restauration du patrimoine, mise en place d’infrastructures nouvelles respectant la morphologie et les caractéristiques esthétiques de la ville. – Environnement : création de vastes zones réservées à des espaces publics, d’échanges et de dialogue, par la préservation d’espaces verts (parcs, jardins...), par des aménagements prenant en compte la nécessité de conserver un écosystème, par une réglementation visant à réduire de manière significative la pollution urbaine. – Animation culturelle : création d’infrastructures et d’équipements culturels permettant à la ville de jouer le rôle de carrefour des différentes cultures. Construction de théâtres, de salles de concert, de bibliothèques, de vidéothèques, restauration et reconversion d’équipements anciens. – Éducation : notamment civique. Favoriser la construction d’écoles et la scolarisation, mener des actions de sensibilisation de tous à la culture et aux droits civiques. Dialogue intercommunautaire En quoi Zouk répondait à ces critères ? Pour les actions en faveur de l’environnement, de l’urbanisme et de la préservation du patrimoine (restauration des souks, création d’espaces de verdure...) et cela paraît évident aux visiteurs de la région. Mais qu’en est-il du dialogue intercommunautaire et des actions contre l’exclusion ? M. Naufal répond : «Au cours de la guerre libanaise, la municipalité de Zouk a su imposer aux milices le respect de l’idée “Zouk Mikaël d’abord”. De plus, des citoyens déplacés, souvent appartenant aux milices, ont élu domicile à Zouk, créant un quartier défavorisé près des cimetières. Constructions illégales, misère et actions violentes, telle était l’amère réalité. La municipalité a su faire des compromis, réduire l’insécurité et ramener les enfants et les adolescents à l’école. La situation était très délicate et des familles risquaient de se faire massacrer». «Aujourd’hui, le “quartier des cimetières” s’appelle “quartier du caroubier”, du nom des arbres qui y poussent», poursuit-il. Interrogé sur les partenaires sociaux dans la prise des décisions à Zouk, M. Naufal évoque «les comités de quartier qui permettent aux habitants de prendre part au développement de leur ville». Il cite aussi la floraison de clubs sportifs et culturels, ainsi que le succès du tissage artisanal qui a repris. En faveur de l’éducation, une association des «amis de l’école publique» a été créée sur l’initiative de la municipalité de Zouk, afin d’encourager la réhabilitation des établissements publics gravement endommagés pendant la guerre. Elle a déjà réussi à créer des jardins d’enfants dans des écoles publiques. Victoire morale Pour toutes ces raisons, Zouk a été jugée digne de remporter le premier prix des villes arabes par le jury de l’Unesco. La ville fait partie de cinq lauréats représentant chacun l’une des régions suivantes : Afrique, États arabes, Asie et Pacifique, Europe, Amérique latine et Caraïbes. Les autres villes arabes candidates étaient Alexandrie (Égypte), Alger (Algérie), Gaza et Beit Jala (Palestine), Mascate (Oman), Lattakié et Alep (Syrie), Tunis (Tunisie). La remise des prix, d’un montant de 25 mille dollars, a eu lieu lors d’une cérémonie officielle organisée le 16 juillet à La Paz (Bolivie), capitale culturelle hibéro-américaine pour l’année 1999. Que représente ce prix pour Zouk ? «Durant la cérémonie, les organisateurs ont essayé de créer un climat favorisant les jumelages entre les villes lauréates» explique M. Naufal. D’ailleurs, beaucoup de villes, notamment celles ayant obtenu le second prix, ont voulu établir des liens avec Zouk. Nous préparons actuellement des lettres d’échange. Le Liban a été très gâté durant cette cérémonie». Y aura-t-il pour Zouk plus de collaboration et éventuellement plus d’aides à l’avenir de la part de l’Unesco ? «Non, il n’y a rien de concret», précise le président de la municipalité de la ville. «Mais les contacts se poursuivront. En ce qui concerne les nouveaux projets, la ville n’a jamais arrêté d’en concevoir ni de se propulser vers l’avenir». Encore plus de contacts, encore plus de notoriété. Zouk est l’exemple type d’une localité qui ne cesse de repousser un peu plus loin les frontières.
“Ville pour la paix, maire pour la paix”. Tel était le thème du prix Unesco décerné cette année à des villes pilotes dans cinq régions du monde. Et c’est une petite localité libanaise, Zouk Mikaël, qui a remporté le prix pour les villes arabes, malgré la concurrence de grandes agglomérations comme Alexandrie, Alger, Gaza, Mascate, Lattakié, Alep ou Tunis. M. Nohad...