Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Vie politique - Un malaise difficile à dissiper Hoss prend ses distances, mais Khalil justifie l'attaque contre Hariri

La bombe anti-Hariri de l’ Agence nationale d’information (Ani-officielle), lancée dans la nuit de lundi à mardi, a plongé le pays dans un malaise difficile à dissiper. Vingt-quatre heures après la publication de la violente diatribe officielle anti-Hariri, accusant l’ancien chef du gouvernement de servir les intérêts d’Israël, on ne savait toujours pas qui en était l’auteur. Ou bien ne le savait-on que trop ? Le chef du gouvernement, M. Sélim Hoss, a pris nettement ses distances vis-à-vis du texte. «Le gouvernement n’a rien à voir avec le communiqué attribué à des sources ministérielles paru aujourd’hui (hier) dans la presse. Nous rejetons ce style qui n’est pas le nôtre», a-t-il déclaré à midi. En contradiction flagrante avec cette attitude, le ministre de l’Information, M. Anouar el-Khalil, qui se rendait au Caire pour participer à la conférence des ministres arabes de l’Information, a déclaré avant son départ : «(…) Il s’agit d’une réponse à des déclarations et à des attitudes d’hostilité déplacée à l’égard de la première magistrature d’une part, et directement du président du Conseil. Je pense que le droit de réponse s’imposait». C’est donc un véritable procès d’intention que le ministre de l’Information a justifié. Chose d’autant plus étrange qu’entre la matinée et la soirée, M. Anouar el-Khalil a changé d’attitude. Joint au téléphone par le chef du gouvernement, en cours de matinée, le ministre avait déclaré ignorer la source du communiqué en question. Le soir, il paraissait non seulement parfaitement au courant, mais approbateur. En outre, M. el-Khalil ne s’est pas contenté d’engager seulement M. Hoss, dans cette affaire, mais a également impliqué le chef de l’État. En parlant d’«hostilité directe» à l’égard de M. Hoss, le ministre de l’ Information a également reconnu que les attaques contre le chef du gouvernement sont perçues, en haut lieu, comme des attaques personnelles contre le président de la République. Entre-temps, M. Khalil Khoury, le directeur général de l’Agence nationale d’information (Ani-officielle), qui avait publié le communiqué à une heure avancée de la soirée, avait été joint aussi bien par M. el-Khalil ( à la demande de M. Hoss), que par le chef du gouvernement lui-même. Selon une source informée, M. Khoury aurait affirmé qu’il ignorait la source du communiqué, qu’il l’avait d’abord entendu sur les radios, puis qu’il avait été envoyé par fax au siège de l’agence. Le directeur de l’Ani a déclaré qu’il l’avait publié, car les sources ministérielles ont droit d’accès aux bulletins de l’Ani. Explications sommaires, mais dont le citoyen ordinaire semble devoir se contenter. Des propos « sérieux et mûrement pesés » La publication de la violente attaque officielle contre l’ancien chef du gouvernement a été vigoureusement dénoncée dans les milieux parlementaires. M. Nassib Lahoud, dont on connaît la modération de ton, a jugé que cette façon de faire était «inadmissible dans un État de droit» et a réclamé l’ouverture d’une enquête pour en identifier les auteurs. Il en faut cependant plus, semble-t-il, pour intimider certains. N’y allant pas par quatre chemins, une source généralement bien informée, proche des milieux loyalistes, a affirmé pour sa part que le communiqué-bombe était «un message» adressé à «ceux qui œuvrent en faveur d’un départ du gouvernement, ou qui sont tentés de faire vibrer la fibre confessionnelle». Le message «n’aurait pas de suite», ont affirmé les milieux cités, dans la mesure où il avait été «bien compris». «Il s’agit de propos sérieux et mûrement pesés», a encore dit la source informée, citant sans les identifier les milieux proches des auteurs du communiqué. Et ces milieux de noter qu’à l’initiative de M. Hariri, le mufti de la République, cheikh Mohammed Rachid Kabbani, a rendu visite à la famille Itani, dont l’un des membres, M. Mouhib Itani, ancien directeur général du Port, se trouve en prison en ce moment. Pour ces milieux, par ailleurs, un départ de M. Hoss dans les circonstances actuelles est hors de question. Éventuellement, si le besoin s’en fait sentir, un remaniement ministériel pourra intervenir en octobre, pas avant, ajoutait-on de même source. Contacté par L’Orient-Le Jour, M. Hariri a déclaré qu’il n’entendait pas «du tout» commenter ce qui est arrivé, et que les réactions des milieux parlementaires parlent d’elles-mêmes. Notons que la télévision Future et le journal Al-Moustaqbal, appartenant à l’ancien chef du gouvernement, ont publié, sans commentaires, le communiqué officiel anti-Hariri. Hoss, entre plusieurs feux Pris entre plusieurs feux, le chef du gouvernement s’est réfugié hier soir dans le silence. Ne pouvant ni endosser un acte qu’il réprouve, ni se désolidariser des milieux dont il émane, le chef du gouvernement a décidé «d’attendre et voir». Il a admis, en privé, qu’en tant que président du Conseil, et conformément à l’article 64 de la Constitution, il assume la responsabilité de ce qui émane des ministres. M. Hoss a cependant opposé un no comment aux questions que nous lui avons posées au sujet d’éventuels contacts qu’il aurait eus, dans la journée, avec le président Lahoud, à propos de cette affaire. Ces contacts ont bien eu lieu, assurait-on de sources politiques proches de M. Hoss. Signe de cohérence, le Premier ministre a demandé à Télé-Liban, qui avait diffusé dans son bulletin de 14h30 le communiqué, assorti de séquences télévisées montrant M. Hariri sous un jour défavorable, de ne plus diffuser la nouvelle dans son bulletin de 19h30. Mais cette attitude de retrait ne peut tenir lieu de politique. Il est inconcevable, soulignent les observateurs politiques, que les choses s’arrêtent là, et que l’on tourne la page sur l’affligeant spectacle d’un gouvernement à la recherche d’une responsabilité. Les milieux parlementaires iront-ils au bout de leurs demandes ? L’auteur du communiqué décidera-t-il de se déclarer et de ne plus attaquer M. Hariri sous le couvert de l’anonymat ? Que va faire, que peut faire M. Hoss qui est déjà en butte à une surenchère confessionnelle de la part de M. Omar Karamé, qui l’accuse de brader une partie des droits que lui octroie l’accord de Taëf ?
La bombe anti-Hariri de l’ Agence nationale d’information (Ani-officielle), lancée dans la nuit de lundi à mardi, a plongé le pays dans un malaise difficile à dissiper. Vingt-quatre heures après la publication de la violente diatribe officielle anti-Hariri, accusant l’ancien chef du gouvernement de servir les intérêts d’Israël, on ne savait toujours pas qui en était...