Liban-sud - Lahd serait déterminé à retirer sa milice Les rumeurs sur Jezzine provoquent une mobilisation politique

Tout au long de la journée d’hier, des rumeurs contradictoires ont couru sur un retrait de l’Armée du Liban-Sud de Jezzine. Les présidents Émile Lahoud et Sélim Hoss ont évoqué l’affaire lors de leur réunion hebdomadaire tenue à la veille du Conseil des ministres prévu pour aujourd’hui. Une source gouvernementale a indiqué, au terme de cette entrevue, qu’aucune information à ce sujet n’était parvenue aux autorités. De toute manière, ajoute cette source, l’armée libanaise reste disposée à prendre en charge la sécurité dans la région à tout moment, dès que l’ALS décide de se retirer. En réalité, nul ne sait vraiment ce qui se passe à Jezzine. Notre correspondant dans la Békaa-Ouest, Saïd Maalaoui, affirme, en citant des membres de l’ALS, que le retrait n’est qu’une question d’heures et que l’armée libanaise dans la Békaa, à Saïda et dans le Chouf a été placée en état d’alerte maximale à partir d’hier. Un notable de la région a affirmé en revanche qu’aucun mouvement inhabituel n’a été observé dans les rangs de la milice d’Antoine Lahd. L’ancien député Edmond Rizk est persuadé, quant à lui, de l’imminence d’un repli de l’ALS vers la zone occupée. Il a confirmé d’autre part l’état d’anxiété dans lequel se trouvent les habitants de Jezzine. L’agence Al Markaziah indique dans ce cadre que le commandant de l’ALS, Antoine Lahd, a donné le choix à ses miliciens de demeurer à Jezzine sous leur propre responsabilité ou de se rendre avec leurs familles dans la bande frontalière occupée par Israël. L’agence ajoute que Lahd est déterminé à retirer sa milice de Jezzine. Un vent de panique soufflait donc hier dans la région: d’aucuns parmi les habitants sont même convaincus que 500 combattants du Hezbollah s’apprêtent à envahir Jezzine dès son évacuation par l’ALS… Les contacts politiques Que croire et qui croire? La confusion règne jusqu’à présent et tous les responsables concernés entreprennent ici et là des contacts en vue de vérifier ces informations. Le député Samir Azar (originaire de Jezzine) et M. Edmond Rizk se sont enquis auprès du président de l’Assemblée nationale, M. Nabih Berry, de la véracité de ces rumeurs… M. Berry a lui-même évoqué la question avec l’ambassadeur des États-Unis, M. David Satterfield, avec qui il s’est entretenu hier. Mais nul visiblement ne peut confirmer ou infirmer ces informations. L’ancien ministre Nadim Salem, député de Jezzine, a de bonnes raisons de douter quant à lui de l’imminence d’un retrait de l’ALS. Dans un entretien téléphonique avec L’Orient-Le Jour, il a estimé qu’il s’agissait là d’un «ballon d’essai». «Peut-on envisager un tel retrait alors que le nouveau gouvernement israélien n’a pas encore été formé? Le Premier ministre sortant Benjamin Netanyahu peut-il prendre une décision aussi grave à un mois et demi de son départ?», s’est-il demandé. La question est d’autant plus sensée que les implications régionales d’une telle mesure sont évidentes et très complexes.