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Actualités - ANALYSE

Réforme - Tous les dossiers seraient ouverts Vers une opération mane pulite

Le gouvernement a beau se défendre de ne pas être vindicatif, il se trouve pris dans un tel engrenage de conflits aigus avec la nouvelle opposition haririenne qu’il s’achemine peu à peu vers l’ouverture de tous les dossiers. Et probablement vers la multiplication des procès devant les tribunaux, pour que l’épuration passe par la justice comme ce fut le cas en Italie avec l’opération mane pulite. Le ministre Sleiman Traboulsi déclare ainsi que «des dossiers concernant tout le monde, tous les anciens responsables sont sous étude. Chaque marché, chaque contrat conclu antérieurement est passé au crible. Les infractions relevées seront signalées aux autorités judiciaires compétentes pour des poursuites. Aussi haut placé qu’il soit aucun dirigeant n’échappe à la responsabilité vis-à-vis de la loi et ne se trouve immunisé du fait qu’il a quitté le pouvoir, tant que les délais de prescription légale n’ont pas expiré. Les abus commis, les pertes subies par le pays du fait de la corruption, les dettes accumulées suite au gaspillage et à la gabegie, sont trop importants pour passer l’éponge». L’atmosphère est donc à la confrontation. Un modéré se demande dès lors «si on va se servir des fonctionnaires comme boucs émissaires, en se contentant d’ouvrir leurs dossiers et de leur faire payer toutes les fautes commises. À l’allure où on va, il paraît très probable qu’on ne va pas se contenter de menu fretin et que d’anciens ministres, ainsi que d’autres dirigeants, vont se retrouver sur la sellette. Cela sous le prétexte que nul n’est au-dessus de la loi et qu’un directeur général pourri n’aurait pas pu sévir sans des protections déterminées. Et c’est une logique qui se tient : un ministre n’est pas supposé ignorer ce qui se passe dans son département, ni un chef de gouvernement ce qui se passe dans l’ensemble de l’Administration. Aussi le simple fait d’entamer une épuration doit-il entraîner la mise en jugement des anciens dirigeants, sinon la procédure serait profondément inique. D’autant que des ministres étaient souvent complices actifs dans les magouilles de directeurs généraux. Et même certains auraient passé outre aux conseils de retenue que leur prodiguaient dans plusieurs cas leurs subordonnés administratifs. Il faut donc que les politiques passent à la moulinette avant même les fonctionnaires». Tout le monde a le même protecteur «Mais, relève une personnalité de l’Est, la guerre totale est aussi impossible qu’interdite dans un pays. Surtout qu’on est en famille au sein de Taëf, tout le monde ayant le même protecteur. L’homme est un loup pour l’homme dit-on ; mais heureusement, les loups ne se mangent pas entre eux. Imaginez la tête que feraient les dirigeants qui proviennent de l’ancien régime, qu’ils y fussent à l’époque également ministres ou hauts fonctionnaires privilégiés, si des règlements de comptes sérieux commençaient. Ils seraient eux-mêmes en porte-à-faux, pour ne pas dire exposés. Et les protecteurs communs seraient bien embarrassés, car s’il est de leur intérêt de diviser pour régner, il n’est pas certain que l’élimination de toute une frange politique leur «appartenant» leur convienne. De plus, on peut estimer que, dans la phase délicate que traverse la région, il ne serait pas bon de faire subir au Liban de fortes secousses internes, à travers une sorte d’opération de liquidation à la Cromwell. Enfin, la justice libanaise est-elle équipée pour mener à bien et à terme une série de retentissants procès ?» À ce propos même, le pôle modéré Hussein Husseini, qui est maintenant du côté du pouvoir, souligne la nécessité «d’une justice vraiment autonome, en application du principe de la séparation des pouvoirs. Les tribunaux mais aussi les justiciables doivent bénéficier de toutes les garanties d’une bonne justice». Dès lors, M. Husseini, qui a vu à ce sujet M. Nabih Berry, mène campagne pour l’activation d’une proposition de loi déposée naguère par la «Rencontre nationale» et qui porte sur le renforcement détaillé de l’autonomie de l’appareil judiciaire comme sur les éléments lui permettant de mieux fonctionner.
Le gouvernement a beau se défendre de ne pas être vindicatif, il se trouve pris dans un tel engrenage de conflits aigus avec la nouvelle opposition haririenne qu’il s’achemine peu à peu vers l’ouverture de tous les dossiers. Et probablement vers la multiplication des procès devant les tribunaux, pour que l’épuration passe par la justice comme ce fut le cas en Italie avec...