Un test moral

Les révocations, les mises à pied, les permutations et les nominations administratives constituent pour le nouveau pouvoir un test aussi bien moral que politique. C’est surtout là en effet qu’on pourra vérifier s’il y a ou non vindicte, comme les néo-opposants le clament d’avance. À priori, il n’y a aucune raison de mettre en doute les affirmations de M. Sélim Hoss, qui soutient qu’il n’est animé par aucun esprit de revanche. Mais les accusations virulentes qu’il lance à la face même de M. Rafic Hariri autorisent toutes les spéculations quant à ses motivations de base. En fait, le procès d’intention qu’on fait au chef du gouvernement se trouve facilité par les impératifs mêmes de l’épuration qu’il doit entreprendre. Il est évident en effet que les gens en place, et dont bon nombre méritent sans doute les sanctions qui ont commencé dès hier à frapper certains d’entre eux, n’appartiennent pas précisément au camp de M. Hoss, jusque-là peu représenté au niveau de la haute administration. Il faut donc s’attendre à ce qu’on lui reproche d’avoir principalement agi contre ses adversaires plutôt que pour l’État. D’où une autre évidence qui saute aux yeux : les limogeages devant être étayés de preuves solides, on peut estimer qu’en pratique, les expulsions pures et simples seront au total moins nombreuses que des sanctions administratives, qui n’impliquent pas l’équivalent d’un procès, comme les permutations ou les mises à disposition. On ne peut oublier l’importance au Liban de la nécessité de sauver la face. Ni le poids des pressions partisanes, communautaires, sociales et familiales en faveur de tout fonctionnaire menacé dans sa carrière.