L'ancienne stagiaire de la Maison-Blanche a obtenu une immunité totale en échange de son témoignage Mauvaise nouvelle pour Clinton : Monica Lewinsky commence à parler(photo)

Monica Lewinsky a commencé à parler, Bill Clinton et son plus proche confident auront probablement à faire de même: l’enquête sur l’affaire Lewinsky s’est brusquement accélérée, au détriment apparent du président américain. L’ancienne stagiaire de la Maison-Blanche a obtenu hier une immunité totale en échange de son témoignage, a annoncé la chaîne de télévision CNN. La veille, dans une volte-face surprise, Lewinsky avait pour la première fois en six mois accepté de rencontrer les enquêteurs du procureur indépendant Kenneth Starr, s’entretenant avec eux à New York pendant plus de cinq heures. (VOIR AUSSI PAGE 8). Selon plusieurs médias, elle se serait dite prête à reconnaître une liaison avec M. Clinton mais pas qu’il lui aurait demandé de mentir à la justice pour cacher cette aventure. L’immunité qu’ont obtenue ses avocats pour elle et sa mère l’assure de ne pas être poursuivie pour les faits qu’elle reconnaîtra, et ouvre la voix à son témoignage devant le grand jury (Chambre de mise en accusation) à Washington. Après les discussions de lundi, une source proche de celles-ci avait estimé que cette comparution pourrait intervenir dès la semaine prochaine. Plusieurs gardes du corps de M. Clinton, ainsi que Linda Tripp, l’«amie» qui avait enregistré les confidences de Lewinsky à son insu, se sont, eux, rendus hier au tribunal fédéral pour y témoigner devant le grand jury. Les gardes du corps en sont repartis en milieu de matinée. Le porte-parole de Linda Tripp a indiqué qu’elle espérait achever aujourd’hui son témoignage. Destitution L’amorce de coopération entre Starr et Lewinsky est une mauvaise nouvelle de plus pour le président, alors que son avocat personnel David Kendall négocie les modalités d’une déposition exigée théoriquement pour cette semaine par M. Starr. C’est la première fois qu’un président américain en exercice est cité à comparaître comme potentiel suspect devant un grand jury. Si Lewinsky reconnaît une liaison avec M. Clinton, elle contredit la déclaration sous serment faite en janvier par le président, alors possiblement coupable de parjure. Interrogé par les avocats de Paula Jones, il avait nié toute relation sexuelle avec la jeune femme. La Maison-Blanche observait hier un mutisme absolu, témoignant d’un malaise grandissant. Mais un conseiller du président, cité par le «New York Times», a estimé que le président, qui ne s’est jamais expliqué sur la teneur de ses relations avec Lewinsky, n’avait plus d’autre choix que de témoigner. «S’il ne témoigne pas, il doit avoir des raisons majeures et il n’y en a vraiment pas beaucoup», a-t-il ajouté. M. Kendall, invoquant l’emploi du temps chargé de M. Clinton chercherait à repousser sa déposition en septembre et privilégierait une déposition écrite. M. Starr serait simplement prêt à éviter au président Clinton l’humiliation d’un déplacement au tribunal. Il enquête sur de possibles parjure, obstruction de la justice et subornation de témoins par M. Clinton. Lundi, une Cour d’appel, lui a octroyé une nouvelle victoire juridique, estimant que Bruce Lindsey, le confident de toujours de M. Clinton, avocat de la Maison-Blanche, devait répondre à toutes les questions du grand jury. Les juges ont estimé qu’il ne pouvait pas, à l’inverse d’un avocat privé, invoquer la confidentialité des relations avocat-client pour refuser certaines questions. La plupart des experts estiment que M. Starr pourrait bientôt achever son enquête. «Starr devrait maintenant avoir toutes les informations dont il a besoin (...). C’est le jour J pour lui: soit il écrit un rapport final (au Congrès, pouvant conduire à une procédure de destitution) et procède à des inculpations, soit il arrête», a ainsi estimé Jeffrey Jacobovitz, un avocat de Washington dont plusieurs clients ont eu à répondre aux questions de M. Starr. (AFP, Reuters)