RSF proteste contre la condamnation de Pierre Atallah

L’organisation Reporters sans frontières (RSF) basée à Paris a protesté hier contre la condamnation à trois ans de prison et à 500.000 livres d’amende du journaliste d’An-Nahar Pierre Atallah et demandé au premier ministre Rafic Hariri d’user de son influence pour obtenir l’annulation de la condamnation au cas où il serait établi que les charges retenues contre M. Atallah seraient en rapport avec ses activités professionnelles. La justice militaire a prononcé jeudi ce verdict par contumace, le journaliste se trouvant actuellement à Paris. Il a été reconnu coupable d’avoir «visité sans permission un pays ennemi (Israël) et d’avoir méprisé les autorités judiciaires et celles de la sécurité» de son pays. Pierre Atallah avait été interpellé et brièvement détenu en décembre 1996 avec une cinquantaine d’autres personnes à la suite d’une attaque armée, le 18 décembre, contre un autocar syrien à Tabarja, au cours de laquelle le conducteur du véhicule a été tué. Il lui a été reproché d’avoir réalisé des interviews d’Etienne Sacre, chef des Gardiens du Cèdre, condamné à mort pour «intelligence avec l’ennemi israélien». Six mois après, il a été contraint de quitter le Liban après avoir été violemment battu et menacé de mort. Réfugié en France, il a identifié lors d’une conférence de presse ses assaillants comme étant des agents de services de sécurité. Dans son communiqué sous forme de message à M. Hariri, signé de son secrétaire général Robert Ménard, RSF, organisation internationale de défense de la liberté de presse, appelle le chef du gouvernement à «user de son influence afin d’établir clairement les charges retenues contre le journaliste». S’il s’avérait que ce dossier a un lien avec ses activités professionnelles, RSF estime que la condamnation devrait être annulée et rappelle à M. Hariri que «les affaires de presse ne doivent, en aucun cas, être jugées devant un tribunal militaire».