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Actualités - REPORTAGE

A l'amphithéâtre de l'USEK l'orchestre des Jeunes de la Méditerranée, notes bleues et chatoyances orchestrales

Est-ce un retour aux sources, est-ce une demande, fort justifiée du public qui a pris goût à ses performances orchestrales antérieures, est-ce une tradition qui s’installe en une aubade privilégiée chaque été aux riverains de la Méditerranée? Tout cela peut-être à la fois, mais le plaisir d’accueillir et de retrouver cette centaine de jeunes musiciens des pays du soleil demeure absolument intact. Grâce à l’initiative de l’U.S.E.K., voilà que l’Orchestre des jeunes de la Méditerrannée, placé sous la direction de Henri Gallois est à nouveau à l’amphithéâtre Jean-Paul II de l’U.S.E.K. avec un programme éclectique, original, au piquant très méridional, conciliant avec douceur notes bleues et rigueurs classiques modernes. Au menu des œuvres de Georges Enesco, Darius Milhaud, Albert Roussel et Richard Strauss. Installé à Paris mais d’origine roumaine, Georges Enesco ouvre la ronde avec une rhapsodie où triomphe une écriture moderne métissée d’un certain esprit des Balkans et imprégnée d’une sève folklorique roumaine. Plus ensoleillée et pétillante, cette œuvre débordante de vie et de vitalité de Darius Milhaud nommée «Le bœuf sur le toit». Séduisante partition polytonale d’un ballet sur un argument de Cocteau évoquant avec humour et sensualité le Carnaval de Rio et le Brésil… L’auteur qui n’en est pas à une facétie musicale près, dit qu’il s’est amusé «à réunir des airs populaires, des tangos, des sambas, et même un fado portugais et à les transcrire sur un thème revenant entre chaque air, comme un rondo. Le tout primitivement destiné à illustrer un film de Charlie Chaplin»»… Animée, drôle, d’un lyrisme ludique, chargée de stridences harmonieuses et de lumière, cette œuvre est marquée d’une verve digne de Chabrier. Toujours dans la lignée d’une inspiration et d’un esprit très français, et toujours dans la suite pour ballet (ici sur un livret d’Abel Hermant) «Bacchus et Ariane» d’Albert Roussel. Pages pittoresques qui, sans rompre avec la tradition classique, apportent les nouveautés d’un langage moderne, utilisent des modes d’expressions variées (gammes altérées ou orientales), osent des modulations hardies et souples, et imposent des harmonies à la fois raffinées et vigoureuses. Sans changer notablement de période, de la France on tourne le cap vers la Bavière où la grande suite de la valse du «Rosen Kavalier» (le chevalier à la rose) de Richard Strauss (à ne pas confondre avec la frivole gaieté des salons de Vienne de Johan Strauss) marque le pas pour une inspiration bien germanique où flotte l’esprit des préludes de Wagner… Exquise partition où même l’élégance et la légère douceur de Mozart semblent papillonner autour de ces phrases à la grâce ailée… Avec des accents neufs et véhéments, pleins de fougue, de sensualité et de vigueur, triomphent dans cette partitions originale et riche l’amour et la jeunesse. En présence de la première Dame du Liban Mme Hraoui et d’un public nombreux (la salle était archicomble et l’on s’éventait nerveusement avec les programmes tant la chaleur était étouffante) les jeunes musiciens ont déployé non seulement du brio mais les remarquables chatoyances d’un orchestre battant les pavillons aux chaudes couleurs de la Méditerranée… Pour un vibrant rappel scandé au rythme des ovations enthousiastes, ont déferlé sur une salle en totale euphorie, les mesures ondulantes et gaies d’une tourbillonnante «Polka» de Strauss où éclate la vie tel un jubilatoir feu d’artifice…
Est-ce un retour aux sources, est-ce une demande, fort justifiée du public qui a pris goût à ses performances orchestrales antérieures, est-ce une tradition qui s’installe en une aubade privilégiée chaque été aux riverains de la Méditerranée? Tout cela peut-être à la fois, mais le plaisir d’accueillir et de retrouver cette centaine de jeunes musiciens des pays du soleil...