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Actualités - ANALYSE

Troïka : la dernière querelle ?

C’est peut-être le dernier match de la troïka, et il se déroule suivant la combinaison numéros 1-2 v/s numéro 3. En effet Hraoui et Berry sont d’accord pour que les fonctionnaires palpent le relèvement de leurs salaires avant la fin du présent régime. Mais Hariri estime qu’on doit garder l’augmentation au frigo, car il fait trop chaud, et laisser au prochain Cabinet le soin de l’appliquer. Même divergence d’opinion en ce qui concerne d’autres dossiers plus ou moins conflictuels, comme le pourvoi d’importants postes vacants, dont le commandement en chef de la gendarmerie. «Les tiraillements en coulisses, indique un ministre, font que ces temps-ci on ne sait jamais si un Conseil des ministres va pouvoir se tenir ou non. Bien entendu quand l’accord préalable fait défaut, l’alternative institutionnelle est simple: ou bien on reporte le Conseil ou bien on en limite l’ordre du jour à des questions banales. C’est aujourd’hui ce que recommande M. Hariri, pour qui le gouvernement, en fin de parcours, doit désormais se contenter d’expédier les affaires courantes. Or, M. Hraoui tient à finir en beauté si l’on peut dire, et à distribuer quelques cadeaux utiles, côté fonctionnaires et nominations. Lesquelles nominations pourraient lui permettre, dans le cadre de la part que la règle tacite du partage lui réserve, de garder assez de fidèles reconnaissants au sein de la haute administration pour continuer à avoir un peu d’influence après son retour à la maison». «Le président Nabih Berry, poursuit ce ministre, s’aligne sur le chef de l’Etat mais pas du tout pour les mêmes raisons. Sur le plan politique général, après avoir été amené (peut-être même forcé) à confirmer que la prorogation est cette fois hors de question, le président de la Chambre veut atténuer l’impression négative que cette position peut avoir non seulement chez les hraouistes mais aussi dans le camp chrétien en général. Car là, bien qu’on soit globalement opposé à la reconduction, on estime que les leaderships non-chrétiens ou même non-maronites ne devraient pas se mêler d’une question qui ne concerne pratiquement que cette communauté. Au-delà de ces considérations confessionnelles qu’il peut vouloir ménager mais qui sont à ses yeux secondaires, le chef du Législatif s’engage surtout avec M. Hariri dans une lutte d’influence axée sur les présidentielles. Un bras de fer à deux seulement. D’une part parce que la primauté au sein de la composante mahométane du pays se joue là entre lui et le chef du gouvernement. D’autre part parce qu’ils sont en principe appelés tous deux à durer en poste, ce qui n’est pas le cas de M. Hraoui. A ce propos, M. Berry a l’avantage de garder son siège après l’élection, ce qui n’est pas tout à fait garanti pour M. Hariri, qui devra constitutionnellement rendre son tablier lors de l’avènement d’un nouveau président de la République. Et puis faire risette aux fonctionnaires, qui se comptent après tout par centaines de milliers, c’est payant côté popularité. Elément qui est plus important en un sens pour M. Berry que pour M. Hariri, car le poste de ce dernier ne dépend pas des électeurs et jusqu’en 1996 il a été au pouvoir sans être député. Il y a ensuite un facteur socio-psychologique: les deux premiers présidents sont en quelque sorte des hommes de la terre, venant l’un de la Békaa et l’autre du Sud, alors que le numéro trois de la République est un pur enfant de la ville. Où du reste, via Solidere, il pose son empreinte avec éclat». Eclats de pierre si l’on se réfère à la démolition de l’immeuble Khayat… Incident qui du reste prouve, si besoin était, que M. Hariri n’est pas spécialement en quête de popularité en ce moment. Et ne tient pas, comme les deux autres présidents, à marquer cette période par des «réalisations»…
C’est peut-être le dernier match de la troïka, et il se déroule suivant la combinaison numéros 1-2 v/s numéro 3. En effet Hraoui et Berry sont d’accord pour que les fonctionnaires palpent le relèvement de leurs salaires avant la fin du présent régime. Mais Hariri estime qu’on doit garder l’augmentation au frigo, car il fait trop chaud, et laisser au prochain Cabinet le...