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Actualités - CHRONOLOGIE

La condamnation est assortie de 60 coups de fouet Cinq ans de prison au maire (pro-Khatami) de Téhéran

Cinq ans de prison ferme, vingt ans d’interdiction d’exercer toute fonction publique et... soixante coups de fouet (mais avec sursis): le tribunal de Téhéran qui jugeait le puissant maire réformateur de la capitale iranienne Gholamhossein Karbastchi a été d’une sévérité qui aura surpris tous les observateurs. Maigre consolation pour le principal intéressé, considéré comme proche du président Khatami: il pourra faire appel dans un délai de vingt jours et il reste en liberté provisoire en attendant le résultat. M. Karbastchi, qui n’était pas présent pour la lecture du jugement, a également été condamné à rembourser 17,6 milliards de rials (près de 6 millions de dollars) d’argent détourné et à payer une amende de 1 milliard de rials (350.000 USD), a annoncé le tribunal. Il a été acquitté d’un autre chef d’inculpation pour corruption. Le magistrat qui a présidé au procès a démenti que les conflits politiques au sein des instances du régime aient joué quelque rôle dans le verdict. «Il était de mon devoir de traiter cette affaire de la même façon que toutes les autres. Des pressions très fortes émanant du monde politique et de la presse ont été exercées sur moi», a-t-il cependant reconnu. Consolidation à court terme Selon divers analystes, la condamnation sévère infligée au maire de la capitale ne devrait pas affecter outre mesure la politique progressiste du président de la République. Commentaire d’un politologue iranien indépendant Iraj Jamshidi: «Ce n’est qu’une balle de plus, mal calculée et sans effet, tirée par une faction déjà vaincue. Khatami a prouvé qu’il ne ferait pas marche arrière et il n’y a pas de raison pour que le prochain maire soit un homme inféodé aux conservateurs». Selon Ali Nazari, directeur de la rédaction de l’hebdomadaire centriste «Arzesh», le verdict «n’est qu’une consolation à court terme pour la droite. Celle-ci a réussi à se venger, mais M. Khatami nommera une personnalité encore plus réformiste à la tête de la municipalité (de Téhéran)». Le verdict de Téhéran pourrait même offrir à Karbastchi une publicité et une aura politique sans équivalent dans la perspective des élections législatives de l’an 2000. Le jugement n’interdit pas explicitement à l’ancien maire de briguer un siège au Parlement (Majlis). «Ce verdict fait de Karbastchi une légende, note Nazari. Les sondages montrent que sa popularité a considérablement progressé au sein de la population depuis le début du procès». «L’interdiction prononcée ne vise pas les activités politiques et comme il est peu probable que M. Karbastchi aille en prison, je pense qu’il jouera un rôle déterminant lors des prochaines élections au Majlis», dit-il. Selon la presse iranienne, nombre de partisans du maire envisagent de vendre leur maison ou leurs biens pour aider le maire à régler ses amendes. «Sans fondement» Le procès, qui a débuté le 7 juin, a donné lieu à de vifs affrontements entre l’aile réformatrice du régime et les conservateurs, qui dominent l’appareil judiciaire. Toutes les audiences ont été publiques et retransmises à la radio et à la télévision, provoquant un intérêt passionné dans la population pour ce procès sans équivalent dans l’histoire du régime islamique. M. Karbastchi a, tout du long, affirmé qu’il n’avait «pas volé un seul rial» et accusé la justice et les conservateurs de lui faire un «procès politique» sur la base d’accusations «sans fondement». Le maire de Téhéran a reconnu des transferts d’argent au profit de personnalités proches des modérés et avoir aidé la campagne électorale de M. Khatami l’an dernier, mais a affirmé que cela s’était fait dans la légalité. Le juge religieux, l’hodjatoleslam Gholamhossein Mohseni Ejei, a en revanche affirmé à plusieurs reprises que les fonctions de M. Karbastchi ne devaient pas le mettre au-dessus des poursuites judiciaires. Bête noire de la justice et des religieux conservateurs, M. Karbastchi avait été mis en détention provisoire pendant onze jours en avril dernier, provoquant une violente crise politique au sein du régime et des affrontements de rue entre ses partisans et ses adversaires. Il avait été à l’époque remis en liberté sur décision de la plus haute autorité du pays, l’ayatollah Ali Khamenei, sur demande du président Khatami. Gestionnaire à poigne sous ses allures discrètes, M. Karbastchi avait été nommé en 1989 à la tête de la capitale iranienne dont il a considérablement modifié et modernisé l’aspect, multipliant les voies rapides, les parcs et les installations sportives et culturelles.
Cinq ans de prison ferme, vingt ans d’interdiction d’exercer toute fonction publique et... soixante coups de fouet (mais avec sursis): le tribunal de Téhéran qui jugeait le puissant maire réformateur de la capitale iranienne Gholamhossein Karbastchi a été d’une sévérité qui aura surpris tous les observateurs. Maigre consolation pour le principal intéressé, considéré...