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Actualités - ANALYSE

La visite d'Assad à Paris agite encore les salons de Beyrouth

Réaction légèrement curieuse mais au fond tout à fait normale: les cercles politiques libanais ont porté à la visite du président Hafez el-Assad à Paris plus d’intérêt que les Syriens et les Français eux-mêmes! Les salons beyrouthins, où se rencontrent députés du cru et diplomates occidentaux, continuent ainsi de décortiquer les propos «essentiels» tenus par le chef de l’Etat dans l’interview accordée à TF1 la veille de son voyage. Au-delà de la confirmation de constantes connues (reconnaissance de l’Etat libanais, inutilité de relations diplomatiques bilatérales, jumelage des deux volets, volonté de la troïka même de garder les forces syriennes etc.), les exégètes locaux s’acharnent à décrypter les mystérieux messages que contiendrait à leur sens toute déclaration du sphinx. En marge de ces petits jeux de société, «il est certain que le plus important pour nous, relève un ancien ministre, reste que le président Assad a indirectement tiré un trait sur les accords de Taëf. A aucun moment, il ne s’y est référé. Interrogé sur la présence des forces syriennes au Liban, il a renvoyé le journaliste qui lui posait la question au trio Hraoui-Berry-Hariri, en laissant entendre que ce sont les autorités libanaises elles-mêmes qui sollicitent instamment le maintien de ces unités. Plus question donc de redéploiement sur la Békaa et encore moins de retrait définitif. L’équation avec les Israéliens, qui semble aller de soi aux yeux des Occidentaux, est ainsi refusée et carrément gommée. Comme à James Baker en 92, il est implicitement répété à ces mêmes Occidentaux de ne pas se mettre martel en tête au sujet d’une question — la présence syrienne au Liban — qui ne regarde que Beyrouth et Damas. Et en se prononçant d’une façon aussi nette avant de mettre le pied à Paris, le président Assad a fait comprendre aux Français que lui parler de retrait serait un impair de leur part. Ils l’ont bien compris et se sont soigneusement abstenus d’évoquer la question avec lui». «Concrètement, ajoute cet ancien ministre, la thèse syrienne, évidemment applaudie des deux mains par nos dirigeants, est que sur le plan sécuritaire la Syrie et le Liban ne forment face à Israël qu’une seule et même entité. Or s’il en accroît la profondeur de champ, le Liban risque d’être sur ce même plan le ventre mou ou le flanc flasque de la Syrie. C’est du moins ce que l’on peut penser au vu de ces réseaux subversifs manipulés par Israël qu’on découvre localement ces derniers jours. C’est bien pourquoi, si l’on en croit des sources généralement fiables, des renforts passent régulièrement la frontière à Masnaa ces temps-ci. Si c’est exact cela signifierait peut-être que les Syriens veulent contribuer à l’effort de police déployé par nos autorités pour endiguer la vague de criminalité. Mais plus probablement, cela voudrait dire qu’ils craignent que les gesticulations des S.R. israéliens ne débouchent sur des provocations militaires d’envergure contre les positions syriennes au Liban». «En tout cas, répète cette personnalité, le président Assad a fait comprendre à tous, dans un langage aussi ferme que diplomatique, que ni la présence syrienne au Liban ni le jumelage des deux volets Golan-Sud ne sont négociables. Car il y va des intérêts vitaux comme de la sécurité de la Syrie. Partant de là, il est évident qu’aucun candidat aux présidentielles libanaises n’a de chances de passer s’il ne s’engage pas à défendre cette double constante. Autrement dit, on tombe dans ce paradoxe: il faudra que le prochain président soit un taëfiste, puisqu’autrement il serait contre le système couvé par les tuteurs, mais il lui faudra oublier totalement Taëf, et la 520, en ce qui concerne le redéploiement…» Baste on n’en est pas dans ce pays à une contradiction près.
Réaction légèrement curieuse mais au fond tout à fait normale: les cercles politiques libanais ont porté à la visite du président Hafez el-Assad à Paris plus d’intérêt que les Syriens et les Français eux-mêmes! Les salons beyrouthins, où se rencontrent députés du cru et diplomates occidentaux, continuent ainsi de décortiquer les propos «essentiels» tenus par le chef...