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Actualités - CHRONOLOGIE

Affaire Lockerbie Tripoli sur le point de faire plier Londres et Washington

Après un bras de fer de sept ans, la Libye est sur le point de faire plier les Etats-Unis et la Grande-Bretagne dans l’affaire de Lockerbie. Après le président américain Bill Clinton, mardi, le premier ministre britannique Tony Blair a donné mercredi son feu vert conditionnel à un procès aux Pays-Bas pour les deux suspects libyens dans l’explosion d’un avion de la PanAm, en 1988. En dépit des sanctions imposées par l’ONU en 1992 (embargo aérien et sur les armes, gel des avoirs financiers), Tripoli a constamment refusé de livrer les deux hommes soupçonnés de l’attentat, qui avait fait 270 morts au-dessus de l’Ecosse. Les Libyens exigent leur jugement dans un pays neutre, une requête que Londres et Washington avaient toujours refusée jusqu’ici. Aussi bien Londres que Washington ont souligné qu’un accord sur les modalités du procès pourrait prendre du temps, de formidables obstacles restant à éliminer avant qu’ils ne renoncent à faire juger chez eux les deux anciens agents secrets libyens. Accusé par les familles des victimes britanniques de traîner les pieds, soumis à la pression des Américains qui n’avaient pas caché leur souhait de voir enfin «justice faite», Tony Blair a affirmé devant les députés que son gouvernement était désormais «prêt à envisager» un procès aux Pays-Bas. «Nous avons toujours dit que nous souhaitions que le procès ait lieu en Ecosse ou aux Etats-Unis. Mais devant l’impasse, nous sommes prêts à envisager des solutions alternatives», a affirmé M. Blair à la Chambre des Communes. Discussions en cours Tony Blair a confirmé que des discussions étaient désormais en cours entre la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et les Pays-Bas. Mais il s’est gardé de donner une date pour un accord, alors que la presse britannique spécule depuis deux jours sur une annonce imminente de Londres et Washington. «Nous devrons faire face à des difficultés considérables de toute nature, notamment légales: tant qu’elles ne seront pas résolues, aucune décision ne pourra être prise», a ajouté M. Blair, reprenant mot pour mot les termes de Bill Clinton. A Washington, le porte-parole de la Maison-Blanche Michael McCurry a souligné que l’affaire pourrait prendre du temps. «La barre a été mise très haut» pour que le procès puisse se tenir dans un pays tiers. «Et nous sommes encore très loin du but», a-t-il ajouté. L’un des problèmes en suspens est la composition du tribunal, a laissé entendre la Maison-Blanche. Londres et Washington insistent pour que la cour soit entièrement composée de magistrats et se prononce en fonction du droit écossais. «Quelle que soit la solution retenue, il faudra qu’elle soit entièrement compatible avec la législation écossaise», a averti Tony Blair. Mais la Libye, qui jugeait que le procès ne pourrait pas être équitable s’il avait lieu en Ecosse ou aux Etats-Unis, a de son côté toujours défendu l’idée d’un tribunal international présidé par un Ecossais. Tripoli s’est gardé de réagir aux déclarations des dirigeants américains et britanniques. Mais l’annonce commune qu’ils considèrent désormais la possibilité d’un procès à La Haye est «une victoire politique et diplomatique pour les Arabes», a déclaré Talaat Hamed, porte-parole de la Ligue arabe. Il a exprimé «l’entière disposition» de l’organisation panarabe à aider à la mise en œuvre de la proposition libyenne, qui «constitue un pas important sur la voie» d’un règlement de la crise. En mars 1994, le Conseil ministériel de la Ligue arabe avait adopté la proposition de Tripoli de faire juger par la justice écossaise et devant la Cour internationale de justice (CIJ) à La Haye ses deux ressortissants, Abdel Basset Ali Mohammed Megrahi et Amine Khalifa Fhimah. Cette proposition avait été vertement rejetée par Londres et Washington. Appui arabe et africain Et 1997, la Ligue arabe avait appuyé une nouvelle proposition de Tripoli de faire juger les deux Libyens par la justice écossaise mais «dans un pays tiers» ou dans une institution relevant de l’ONU, pour frayer la voie à la levée de l’embargo imposé par l’ONU à Tripoli depuis 1992 (aérien, diplomatique et sur les armes). Mais Londres et Washington insistaient toujours sur l’extradition par Tripoli des deux Libyens pour qu’il soient jugés en Ecosse ou aux Etats-Unis. En dépit des rebuffades, la diplomatie libyenne a persisté dans sa stratégie en opposant sa souplesse à l’inflexibilité américaine et britannique. La Libye en a récolté les fruits en obtenant l’appui de la Ligue arabe qui avait appelé en septembre 1997 chacun de ses membres à autoriser certains vols en Libye, et en remportant une victoire devant la CIJ qui s’est déclarée compétente pour statuer sur l’affaire Lockerbie en dépit de l’opposition américano-britannique. De plus, l’Organisation de l’unité africaine (OUA) avait prévenu, lors du sommet en juin à Ouagadougou, qu’elle lèverait unilatéralement toutes les sanctions contre Tripoli si la communauté internationale ne se pliait pas à l’arrêt de la CIJ. Plusieurs dirigeants africains ont ensuite violé l’embargo aérien en se rendant récemment par avion en Libye. Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi lui-mêmes adéfié l’embargo à plusieurs reprises en se rendant dans des pays arabes et africains en avion. Le président égyptien Hosni Moubarak a été le premier dirigeant politique depuis 1992 à atterrir à Tripoli avec le feu vert de l’ONU.
Après un bras de fer de sept ans, la Libye est sur le point de faire plier les Etats-Unis et la Grande-Bretagne dans l’affaire de Lockerbie. Après le président américain Bill Clinton, mardi, le premier ministre britannique Tony Blair a donné mercredi son feu vert conditionnel à un procès aux Pays-Bas pour les deux suspects libyens dans l’explosion d’un avion de la PanAm,...