Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Présidentielle : personne n'est encore vraiment prêt ...

Signe alarmant d’apathie démocratique: à deux mois du délai électoral, la chasse n’est pas encore ouverte. Et aucun parti ne se risque à soutenir tel ou tel candidat. Même à l’Est aucun courant ne veut se prononcer avant que les décideurs n’aient donné le ton… «Jadis, relève un vétéran nostalgique et un peu amnésique car la course se déterminait presque toujours dans le dernier virage, on savait des mois à l’avance qui serait candidat et entre qui cela allait se jouer. Même quand il y avait intervention, le mot d’ordre était donné assez tôt, alors qu’aujourd’hui on semble vouloir le retenir jusqu’au dernier moment». Et de se rappeler que, «dans les années cinquante, on savait que Camille Chamoun était le candidat du Front progressiste national qui déployait des contacts locaux et diplomatiques pour assurer son élection, tandis que d’autres formations politiques et des instances diverses soutenaient son rival, Hamid Frangié. Plus tard, Fouad Chéhab était le favori des chefs de la révolution de 58, Salam, Joumblatt, Karamé, Yafi. Et le mot d’ordre a été donné en sa faveur, ce qui n’a pas empêché Raymond Eddé de se présenter contre lui, pour promouvoir les principes démocratiques de compétition et éviter que le général ne fût élu à l’unanimité comme un vulgaire dictateur de république bananière. Charles Hélou a été ensuite le candidat du «rassemblement du Carlton» constitué par les députés du Nahj chéhabiste. A son tour, plus tard, Sleimane Frangié a été le candidat du centre (Salam, El-Assaad, Skaff), le Helf tripartite se ralliant à lui après avoir échoué à présenter son propre candidat contre le représentant du Nahj, Elias Sarkis. Une élection éminemment démocratique, quoique houleuse, puisqu’elle s’est faite à une seule voix d’écart, et sans immixtion étrangère perceptible». «Bien entendu, le progrès que cela marquait a été totalement gommé par la guerre. Elias Sarkis a été certes le fruit d’un consensus, d’ailleurs étendu aux puissances régionalo-internationales, mais sûrement pas d’une élection ouverte, vraiment libre. Et après l’invasion israélienne, l’élection n’était plus qu’une cérémonie de pure forme, tout le monde ou presque souscrivant en bloc au diktat de l’occupant. En 88, on le sait, l’Est a réussi à faire échec à l’avènement parachuté d’un candidat soutenu par les décideurs étrangers; mais ce sursaut, qui était du reste plus de lutte politique que d’attachement à la démocratie, a été par la suite payé très cher. A Taëf, il y a eu accord de parrains sur le nom de René Moawad et après son assassinat, Elias Hraoui est devenu président, son mandat se trouvant ensuite prorogé sur ordre des décideurs. Cela fait donc longtemps, depuis 75 exactement, que l’étranger mène totalement le jeu sur la scène politique locale, notamment en ce qui a trait à l’élection présidentielle». Il n’est donc pas étonnant que les candidats potentiels, mais aussi les partis ou courants, fassent preuve de tant de discrétion à l’heure actuelle. Les premiers ont peur d’être «brûlés» comme on dit. Et les deuxièmes de se ridiculiser en optant pour un nom qu’ils seraient obligés de renier si on leur en donnait l’ordre… Pour le moment, tout ce que l’on sait, à quatre-vingts pour cent de certitude, c’est que le président Elias Hraoui ne se succédera pas encore une fois. Ce n’est en effet pas sans d’excellentes informations concernant les intentions des décideurs que les présidents Rafic Hariri et Nabih Berry ont annoncé, à un intervalle de plusieurs mois, que la prorogation est tout à fait hors de question. Et bien évidemment ce n’est pas la troïka qui se risquerait à faire des pronostics sur les présidentielles tant qu’on ne lui aura pas chuchoté d’en haut le nom de l’heureux futur élu ou la liste des candidats qui peuvent considérer qu’ils ont une chance d’être choisi. Il reste que naturellement des noms courent dans les salons où l’on évoque d’ailleurs un trop-plein de candidatures. Car comme le dit l’adage chez nous, il y a toujours au Liban autant de présidentiables qu’il y a de maronites…
Signe alarmant d’apathie démocratique: à deux mois du délai électoral, la chasse n’est pas encore ouverte. Et aucun parti ne se risque à soutenir tel ou tel candidat. Même à l’Est aucun courant ne veut se prononcer avant que les décideurs n’aient donné le ton… «Jadis, relève un vétéran nostalgique et un peu amnésique car la course se déterminait presque...