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Actualités - CHRONOLOGIE

Un Bahreini retrouvé mort à Beit Méry et deux tués dans le cambriolage d'un restaurant à Broummana L'inquiétude des libanais grandit face à la vague de criminalité

Faudra-t-il donc désormais se terrer chez soi, la nuit tombée, pour être en sécurité? Le Liban se transformerait-il, soudain, en un vaste ghetto? Pour faire face à la vague de criminalité qui déferle sur le pays, dans de nombreuses régions, des portes en fer ont commencé à être installées aux entrées des immeubles, des commerces et même des couvents. On reparle, dans les cercles économiques, d’autosécurité. Le fait est là: le souci des Libanais pour leur sécurité personnelle passe désormais loin devant leur souci pour la sûreté de l’Etat, d’autant que leur confiance dans l’appareil étatique est minée par l’anarchie qui marque de plus en plus la vie publique. Un nouvel incident, qui survient après les incidents de Mazraat Yachouh, où deux femmes, propriétaires d’une bijouterie, avaient été abattues, est venu confirmer les Libanais dans leurs craintes: la tentative de cambriolage du restaurant Bourj el-Hamam, à Broummana. Une tentative avortée qui s’est soldée par la mort d’un employé indien de l’établissement et celle d’un des agresseurs. Quelques heures plus tard, la découverte du cadavre d’un Bahreini gisant sur le bas-côté du rond-point de Beit Méry, une balle dans la tête, n’a pas été pour arranger les choses. Les responsables, et en particulier le ministre de l’Intérieur, M. Michel Murr, répondent aux craintes des citoyens en affirmant que cette vague de criminalité est une diversion chargée de détourner l’attention de l’opinion publique du réseau subversif formé d’anciens miliciens des «Forces libanaises» qui vient d’être démantelé. Selon M. Murr, telle est la conviction des membres du conseil de sécurité qui s’est réuni, la semaine dernière, pour établir un plan visant à endiguer la vague de criminalité. Toutefois, il s’agit là d’une hypothèse de travail qui reste à prouver, et qui ne doit certainement pas empêcher les autorités de réagir dans les milieux de la pègre traditionnelle. En tout état de cause, une réaction plus saine des autorités est souhaitable et, plutôt que de se considérer comme personnellement visés par les critiques, les responsables devraient décider d’attaquer le problème de front. C’est-à-dire, aussi, d’admettre les insuffisances de leurs services, le laisser-aller qui se manifeste dans les commissariats, le constat d’impuissance auquel se heurtent trop souvent les plaignants. Débordés, ces services devront être étoffés, et les crédits pour le faire devront être trouvés en priorité, si l’on veut vraiment que le Liban prospère et ne se transforme pas en un nouveau far-west. C’est peu après 3 heures du matin que les bandits, qui se sont attaqués au restaurant Bourj el-Hamam, à Broummana, sont passés à l’action. Selon notre chroniqueur judiciaire, Bahjat Jaber, citant les milieux de l’enquête, ils devaient être au nombre de quatre. Après avoir grimpé au-dessus du mur d’enceinte du restaurant fermé, ils se sont dirigés vers le tiroir-caisse de l’établissement, les traits méconnaissables sous les collants qu’ils avaient enfilés. L’énergique résistance d’un employé indien de l’établissement devait compromettre leur projet. Le jeune homme, Tar Singh (24 ans), brandit un couteau de cuisine et attaque l’un des cambrioleurs, qu’il poignarde à mort au cœur et à la poitrine. Mais il tombe lui-même, quelques instants plus tard, sous l’impact de quatre balles d’un revolver de 9 mm muni d’un silencieux, dont l’une l’atteint en pleine poitrine. Les bandits prennent alors la fuite, laissant sur place leur complice baignant dans une mare de sang. L’enquête immédiate a été prise en charge par le procureur général du Mont-Liban, M. Elias Eid, et le juge d’instruction Elias Khoury, tandis que le médecin-légiste Sarkis Abou Akl était chargé d’examiner les corps. C’est ce même praticien qui devait être appelé, quelques moments plus tard, pour examiner le cadavre d’un Bahreini, Toufic Abdel Nabi (46 ans), que l’on venait de découvrir gisant dans un fossé, sur le rond-point de Beit-Méry. L’homme portait les traces d’un coup de feu à la tête, tiré à bout portant, apparemment de la gauche vers la droite. L’arme qui a servi à le tuer n’a pas été retrouvée, ce qui exclut de prime abord le fait qu’il s’agisse d’un suicide. Les enquêteurs estiment probable que l’homme a été abattu ailleurs, mais que son cadavre a été jeté là par ses agresseurs. A «L’Orient-Le Jour», hier soir, le ministre de l’ Intérieur a redit sa conviction que cette vague de criminalité n’est pas le fruit du hasard, mais qu’elle se produit à point nommé pour faire oublier aux Libanais la découverte d’un réseau subversif à la solde des Israéliens responsable de nombreux attentats au cours des dernières années. Pour M. Murr, la vague de criminalité est destinée à détourner l’attention de l’opinion de l’ennemi israélien, pour la fixer sur un ennemi vaguement identifié avec la présence d’ouvriers étrangers, notamment syriens, au Liban. «Non seulement ces gens-là n’hésitent pas à tuer pour voler, mais ils sont payés pour tuer», a affirmé le ministre de l’ Intérieur, qui note que le plan pour semer le doute dans les esprits, et détourner l’attention des Libanais des véritables problèmes a en partie réussi. Mais il ne faut pas noircir, outre mesure, le tableau. Le plan de sécurité mis en place par les responsables, et entré en application samedi dernier, n’a pas encore eu le temps de porter ses fruits. Ce plan prévoit une action conjuguée de tous les organismes de sécurité, sous l’autorité du commandement militaire, pour démanteler ce qui est considéré comme un seul et unique réseau de criminalité. Il faut espérer que l’armée, qui a prouvé son efficacité dans d’autres domaines, saura rétablir la confiance des Libanais dans l’état de la sécurité. Une confiance pour le moment sérieusement ébranlée.
Faudra-t-il donc désormais se terrer chez soi, la nuit tombée, pour être en sécurité? Le Liban se transformerait-il, soudain, en un vaste ghetto? Pour faire face à la vague de criminalité qui déferle sur le pays, dans de nombreuses régions, des portes en fer ont commencé à être installées aux entrées des immeubles, des commerces et même des couvents. On reparle, dans les...