Un maestro dirige des réseaux de crime organisé, estime le ministre de l'Intérieur Murr annonce des mesures de sécurité renforcées

Le ministre de l’Intérieur, M. Michel Murr, a annoncé hier une intensification des mesures de sécurité, estimant que les réseaux de cambrioleurs et de terroristes sont dirigés par un même cerveau. Selon le ministre, c’est ce cerveau qui est responsable de la récente montée de la criminalité «afin de détourner l’attention des réseaux terroristes démantelés récemment». M. Murr a aussi situé les incidents qui ont récemment secoué le pays dans le cadre «du crime organisé qui a des objectifs politiques». M. Murr a présidé hier dans la matinée une réunion extraordinaire du Conseil central de sécurité pour évaluer les données réunies par les divers services de sécurité après le démantèlement de deux réseaux terroristes et la recrudescence de la criminalité dans les régions chrétiennes. Etaient notamment présents, MM. Adnan Addoum, procureur général près la Cour de cassation, Nasri Lahoud, commissaire du gouvernement près le Tribunal militaire, Nicolas Saba, mohafez de Beyrouth, ainsi que les responsables et des représentants des divers services de sécurité libanais et syriens. Dans la conférence de presse qu’il a tenue par la suite, M. Murr a expliqué qu’une réunion extraordinaire s’est imposée à la suite des investigations menées la semaine dernière par les services de sécurité, afin d’analyser la cause des incidents de sécurité qui ont secoué le pays. L’ennemi Selon lui, les services de sécurité étaient tous d’un même avis. Le ministre a mis l’accent sur «le calme» et «le sentiment de satisfaction» qui prévalaient dans le pays après les élections municipales. «Mais l’ennemi ne voulait pas que le Liban se repose et a œuvré à travers ses réseaux à ébranler la sécurité. Il a monté un réseau d’informations avec pour mission d’entreprendre des opérations ponctuelles pour créer un climat d’insécurité, et un autre, terroriste, pour attaquer certains objectifs et tenter d’assassiner des personnalités politiques, ce qui a causé une panique dans une région déterminée», a-t-il expliqué, en faisant ainsi allusion au Metn, où deux bijoutières ont été récemment tuées, dans un centre commercial à Mazraet Yachouh. M. Murr a souligné que «l’analyse politique et policière des événements des dernières semaines a mis en évidence deux éléments: ceux qui ont planifié les attentats à l’explosif et les assassinats et qui ont eu recours à des réseaux d’informations voulaient détourner l’attention d’un sabotage qui allait avoir lieu dans le pays. Ils voulaient ainsi détourner l’attention de l’affaire des réseaux terroristes dont les membres ont été arrêtés parce qu’ils allaient entreprendre cette action. Comme vous avez pu le constater, les cambriolages ont occulté l’arrestation de terroristes, a dit le vice-président du Conseil. «Ils» ont partiellement atteint leur but parce que tout le monde ne parlait que des vols. L’assassinat de deux bijoutières n’avait pas pour objectif de dévaliser une joaillerie mais de provoquer un mouvement de panique dans une région déterminée, chrétienne. Il est en effet apparu que ces réseaux étaient dans les secteurs chrétiens. Non seulement ils voulaient détourner l’attention des Libanais vers les cambriolages, mais à l’approche de la saison estivale, ils voulaient aussi porter atteinte à la situation économique et au tourisme dans le pays». Des patrouilles nuit et jour M. Murr a ensuite mis l’accent sur «les campagnes et les insinuations de certains médias selon lesquelles les cambrioleurs seraient des ouvriers étrangers», soulignant que le Conseil central de sécurité a examiné ces données «en raison de leur importance». Il a ensuite annoncé que des mesures strictes de sécurité seront prises conjointement par les FSI et l’armée: les patrouilles militaires intensifieront leurs rondes nuit et jour dans les régions allant de Jbeil jusqu’à Saadeyate, en passant par Baabda. Certains militaires seront en tenue civile, à bord de voitures banalisées, a-t-il précisé en annonçant que des barrages volants et fixes seront aussi établis. En réponse aux questions de la presse, le ministre a indiqué que c’est un même «maestro» qui mène les opérations de déstabilisation. «C’est quelqu’un d’intelligent qui dirige des réseaux de cambrioleurs en même temps que ceux qui ont pu être démantelés. C’est le travail d’un coordinateur spécialisé dans le crime organisé qui a des objectifs politiques», a-t-il dit, sans vouloir donner de détails sur l’évolution de l’enquête avec les membres arrêtés du réseau terroriste. A la question de savoir pourquoi il a été pris pour cible, M. Murr a répondu: «Quand on vise une personnalité chrétienne, c’est qu’elle a de l’importance. Lorsque les milices ont été dissoutes, on a tenté de me tuer et j’ai été sauvé par la grâce divine. Aujourd’hui, j’ai été remercié par tous les Libanais et par les Etats du monde pour l’organisation des municipales qui se sont déroulées dans les meilleures conditions, sans compter mon succès politique et ma réussite locale (dans les élections) au Metn. Je suis aussi un des pôles de la ligne politique nationale sur la scène chrétienne et c’est ce pôle qui est visé. Mais je ne savais qu’«ils» allaient être à ce point rapides». Prié de dire si l’Etat compte demander l’extradition des responsables des «Forces libanaises» en Australie pour les interroger au sujet de leurs liens avec le réseau terroriste, M. Murr a exclu cette possibilité en l’absence d’un accord entre le Liban et l’Australie sur l’échange de détenus ou d’accusés, avant d’indiquer: «De toute façon, les cerveaux qui dirigent ces actions savent bien quelles étaient leurs positions au sein des Forces libanaises et leurs liens avec le service de sécurité (de cette formation) qui commettait les attentats à l’explosif».