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Actualités - CHRONOLOGIE

Les pillages se multiplient à cause de la crise économique La loi et l'ordre vacillent en Indonésie

La loi et l’ordre vacillent en Indonésie où les actes illégaux commis par une population dont la vie quotidienne est de plus en plus difficile se multiplient malgré les mises en garde de l’armée apparemment incapable d’y mettre fin. Le commandant en chef de l’armée, le général Wiranto, a ainsi lancé un «sévère avertissement», affirmant que «le pillage, même pour éviter de mourir de faim, ne peut pas être toléré». En à peine un an, la crise économique a poussé quelque 20 millions de personnes en dessous du seuil de pauvreté absolu, selon la Banque mondiale, et la famine menace non par manque de nourriture mais faute d’argent pour l’acheter. Le général Wiranto a lancé sa mise en garde, qui n’est pas la première, alors que se multiplient les cas de pillage de récoltes, d’occupations voire de destruction de plantations par les populations locales. Parfois relayés par des organisations de défense, ils affirment que les terres leur appartiennent, qu’ils en ont été illégalement expulsés sous le régime Suharto et qu’ils veulent les récupérer pour les mettre en culture. Plusieurs centaines de paysans ont ainsi envahi des parcelles des 750 hectares du ranch Tri-S appartenant à l’ancien président Suharto et commencé à les labourer pour planter du maïs. Ils affirment que ces terres situées près de Bogor, au sud de Jakarta, leur appartiennent et qu’elles sont trop fertiles pour servir seulement à l’élevage. Dans la même région, au début du mois, des paysans ont envahi un terrain de golf et, ignorant les joueurs qui ont décampé, ont commencé à défoncer les parcours gazonnés pour y planter des potagers. Ailleurs, comme à Tangerang dans la banlieue de la capitale en début de semaine ou le long de la côte javanaise, les populations locales vident les étangs à crevettes, une «pêche» particulièrement lucrative. Lorsqu’un détachement de l’armée est arrivé à Tangerang, a raconté un témoin occidental, les pêcheurs-pillards n’ont rien voulu entendre. Et, lorsqu’en désespoir de cause ils ont tiré des coups de semonce, les femmes se sont mises à danser et à les défier. Une scène similaire, selon «The Jakarta Post», s’est déroulée dans le quartier commercial de Jember, dans l’est de Java, où des pillards dévalisaient les boutiques appartenant à des Indonésiens d’origine chinoise. «Nous avons faim, nous avons faim», a scandé la foule qui continuait à vider les magasins devant les militaires impuissants. «Le régime Suharto tenait par la peur quotidienne et omniprésente à tous les niveaux de la société», estime un diplomate occidental. «Mais elle est en train de disparaître et les autorités ne savent pas comment faire face à ce changement de mentalité et comment continuer à maintenir l’ordre», ajoute-t-il. Ces incidents, accompagnés de rumeurs faisant état de multiplication des attaques à main armée et des cambriolages notamment à Jakarta, tendent à inquiéter surtout les couches les plus favorisées de la population. Le commandant de la police de la capitale s’est publiquement inquiété de la multiplication des armes à feu au sein de la population, chez qui la volonté de pouvoir se défendre augmente en même temps que diminue la confiance dans les capacités des forces de sécurité à maintenir l’ordre. Autrefois quasi inexistant, un marché noir d’armes est en train de se développer, par petites annonces et sur certains marchés de la capitale, malgré le rappel des autorités que les coupables — vendeurs comme acheteurs — risquent la peine de mort. Si l’on en croit la presse indonésienne, un pistolet automatique du type de ceux utilisés par l’armée se négocie entre 500 et 700 dollars et un fusil d’assaut du type M-16 peut atteindre 1.500 dollars. (AFP)
La loi et l’ordre vacillent en Indonésie où les actes illégaux commis par une population dont la vie quotidienne est de plus en plus difficile se multiplient malgré les mises en garde de l’armée apparemment incapable d’y mettre fin. Le commandant en chef de l’armée, le général Wiranto, a ainsi lancé un «sévère avertissement», affirmant que «le pillage, même pour...