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Actualités - CHRONOLOGIE

La Birmanie , une pompe de discorde au sein de l'ASEAN

Un an après son entrée dans l’Association des Nations du Sud-Est Asiatique (ASEAN), la Birmanie est devenue une pomme de discorde qui menace la politique de consensus tant prisée par le groupe régional. La Thaïlande, un des membres fondateurs de l’ASEAN, vient de proposer à ses partenaires d’abandonner le principe de non-ingérence — un dogme intangible du groupe — en s’inquiétant des risques d’instabilité que la junte birmane fait courir, selon Bangkok, à ses voisins. Le gouvernement thaïlandais voudrait lui substituer un interventionnisme «souple» qui permettrait à l’ASEAN de discuter d’affaires internes, notamment birmanes, lorsqu’elles ont des répercussions directes sur toute la région. «La Thaïlande ne veut pas s’immiscer dans les affaires intérieures de la Birmanie, mais puisque celle-ci est désormais membre de l’ASEAN et que nous avons une frontière commune, tout incident en Birmanie qui conduirait à de l’instabilité et du désordre affecterait directement la Thaïlande, et l’ASEAN aux yeux de la communauté internationale», argue son ministère des Affaires étrangères. L’initiative thaïlandaise, soutenue par les Philippines, risque fort d’empoisonner la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’ASEAN la semaine prochaine à Manille, alors que les chancelleries de la région ne masquent plus leurs divergences sur la conduite à tenir envers les généraux de Rangoon. Des réformes politiques non matérialisées Force est de constater que les réformes politiques attendues en Birmanie par certains pays membres de l’ASEAN ne se sont pas matérialisées depuis juillet dernier. L’ASEAN s’était alors efforcée de convaincre les pays occidentaux, hostiles à l’intégration de la Birmanie, qu’un «engagement constructif» avec Rangoon conduirait plus sûrement à des changements qu’une politique d’exclusion. Si la junte peut se targuer d’avoir brisé son isolement et gagné reconnaissance et légitimité sur la scène régionale grâce à l’ASEAN, elle n’a fait aucune concession significative à l’opposition démocratique en dépit des appels au dialogue. «Rien n’a vraiment changé. Dans la culture asiatique, perdre la face est la pire des choses», souligne Chaiwat Khamchoo, un universitaire de Bangkok, spécialiste des dossiers régionaux. De fait, la remise en cause par Bangkok et Manille du principe de non-ingérence a été accueillie plutôt fraîchement par leurs partenaires — en particulier malaisien, indonésien et vietnamien —, et il est peu probable qu’elle recueille d’autres suffrages pendant la réunion de Manille. La proposition thaïlandaise briserait le tabou sur lequel s’est appuyée la diplomatie consensuelle qui, selon ses défenseurs, a favorisé les progrès et l’élargissement de l’ASEAN. Fort de sa participation «constructive et positive» au groupe, le régime birman estime que la tradition de non-ingérence «a bien servi l’ASEAN pendant plus de 30 ans et reste encore plus valable aujourd’hui». (AFP)
Un an après son entrée dans l’Association des Nations du Sud-Est Asiatique (ASEAN), la Birmanie est devenue une pomme de discorde qui menace la politique de consensus tant prisée par le groupe régional. La Thaïlande, un des membres fondateurs de l’ASEAN, vient de proposer à ses partenaires d’abandonner le principe de non-ingérence — un dogme intangible du groupe — en...