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Actualités - ANALYSE

Un casse-tête chinois, la réforme de l'administration...

Un ministre proche de Damas et dont les relations avec le président Hariri sont variables, tantôt cordiales tantôt tièdes, estime que, «pour rétablir une saine trajectoire, corriger les vices politico-administratifs qui ont torpillé la mise en place d’un Etat des institutions, il faut un président de la République sortant nettement de l’ordinaire. Un homme qui soit fort, prestigieux, propre et démocrate, capable de faire le ménage sans trop recourir à la coercition ni à des législations dites spéciales». Oubliant tout à la fois que le président de la République ne dispose plus aujourd’hui du pouvoir exécutif et que le Deuxième Bureau avait institué jadis un régime tout à fait «spécial» sinon «coercitif», ce ministre prend pour modèle «Fouad Chehab qui, d’entrée de jeu, avait demandé les pouvoirs exceptionnels pour mettre en place des organismes de contrôle comme le Conseil de la fonction publique, l’Inspection centrale, la Cour des comptes, la Direction des adjudications et le Conseil de discipline général. Un appareil destiné à réguler le fonctionnement de l’administration publique» (…et qui s’y est vite englouti, soit dit entre parenthèses). «Le prochain président, enchaîne le ministre, devra de même réclamer les pouvoirs extraordinaires pour le premier gouvernement qui sera formé sous son règne, afin de mettre dans l’administration «the right man in the right place» et d’en éliminer les incompétents comme les pourris. Bien sûr, les désignations ne devront être l’apanage ni des ministres, ni des pôles d’influence politiques qui ont des critères de sélection bien à eux, tenant compte bien plus de leurs acquis et des intérêts de leur clientèle que de ceux de l’Etat ou du pays. Ce sont les organismes de contrôle cités plus haut, notamment le C.F.P., qui devront être la principale source de référence en matière de réorganisation, personnel compris, étant bien entendu que les décisions devront officiellement émaner du Conseil des ministres. De ce fait même, on cessera d’abuser du recrutement hors-cadre qui est une aberration, puisque en général on fait ainsi appel à des gens sans expérience voire sans compétence. Une pratique qui par ailleurs aggrave un autre défaut du pouvoir politico-administratif, à savoir le partage du gâteau puisque chaque parachuté pour le compte d’un président doit avoir son pendant du côté des deux autres présidents, comme on l’a vu après les désignations hors-cadre exigées et obtenues par M. Rafic Hariri. Dès lors les directeurs généraux et autres cadres importants parachutés se retrouvent tributaires du leader qui les a fait désigner et n’ont aucune envie d’obéir avec leur ministre de tutelle ou de bien coopérer avec lui. Et désormais on devra vraiment appliquer une politique de récompenses et de sanctions, pour encourager les fonctionnaires et en corriger les tares. Les grands ou petits travaux devront tous suivre la procédure normale d’une vraie mise en adjudication, sans contrat de gré à gré ni de soumissionnements préarrangés. Il faut en d’autres termes couper l’herbe sous les pieds des administratifs magouilleurs et des politiciens qui font du trafic d’influence pour se remplir les poches. Car la politique ne touche rien sans le corrompre. Du reste, il faut bien que le code des fonctionnaires, si délaissé, serve enfin à quelque chose et soit réhabilité en même temps que le Conseil de la fonction publique et que l’Inspection centrale, qui sont pratiquement paralysés depuis que chaque cadre dispose d’une protection politique très efficace et très rapprochée…». Et de répéter que «pour prévenir toute suspicion, il est temps que le monopole de l’adjudication des travaux de l’Etat et des grands projets soit dévolu à la Direction des adjudications, d’ailleurs créée à cet effet. Il faut donc cesser les pratiques tangentes qui font de divers offices ou conseils les maîtres d’œuvre de contrats souvent énigmatiques, pour ne pas employer de grands mots…». Il reste que la réforme de l’Administration, tâche de longue haleine, n’est pas envisageable sans une épuration des mœurs politiques qui à son tour ne peut découler que d’un changement total de système. Autant dire que, si l’on peut toujours rêver, on ne peut quand même pas beaucoup espérer en de chantants lendemains. Civiques.
Un ministre proche de Damas et dont les relations avec le président Hariri sont variables, tantôt cordiales tantôt tièdes, estime que, «pour rétablir une saine trajectoire, corriger les vices politico-administratifs qui ont torpillé la mise en place d’un Etat des institutions, il faut un président de la République sortant nettement de l’ordinaire. Un homme qui soit fort,...