Le procès d'Antoinette Chahine et de ses compagnons reporté au 13 octobre

Pour la seconde semaine consécutive, le procès des assassins du père Semaan Khoury à Ajaltoun dans lequel sont impliqués Antoinette Chahine, Jihad Abi Ramia, Rachid Daou et Saad Gebrayel a été reporté. Cette fois, la prochaine audience a été fixée au 13 octobre, le temps de permettre aux autorités concernées de régler certains problèmes en suspens. Il s’agit en effet de connaître le sort qui sera réservé aux deux assesseurs de la Cour de cassation présidée par le juge Ahmed Moallem, qui doit plancher sur ce dossier. Les deux assesseurs ont été en effet récemment pris à partie par le procureur Addoum parce qu’ils avaient décidé d’acquitter trois personnes accusées de détention, de transport et de trafic de drogue, en janvier 1996, en les faisant bénéficier de la loi d’amnistie dont les effets s’achèvent en décembre 1995. Cette affaire n’en finit d’ailleurs pas de provoquer des remous au sein de la magistrature, d’autant que c’est la seconde fois, dans le monde entier, que le parquet met en cause des magistrats et présente un recours contre le jugement d’un tribunal devant la chambre plénière de la Cour de cassation. (Le premier cas s’est produit aux Etats-Unis). La chambre plénière attend pour se réunir et examiner ce dossier que le Conseil des ministres nomme un remplaçant au magistrat Hekmat Harmouche, qui a pris sa retraite au début de juillet. D’ici-là, selon la représentante du parquet, l’avocat général Mme Rabiha Ammache, les deux magistrats ne peuvent exercer leurs fonctions et se prononcer sur un dossier. Mme Ammache se base sur l’article 791 du Code de procédure pénale et, d’ailleurs, elle l’a lu hier devant la cour et c’est à la suite de son intervention que le président Moallem a décidé de reporter l’audience jusqu’au 13 octobre. Antoinette Chahine et ses compagnons devront donc attendre encore plus de deux mois avant d’être interrogés par le tribunal. A moins que l’on ne décide de déférer le dossier devant une autre Cour. Ce qui est fort improbable en cette période de vacances judiciaires, où, en dépit des secousses, le palais de justice fonctionne au ralenti. Ce qui est sûr, toutefois, c’est que l’ombre de la prise à partie des magistrats planera sur les juges au cours des deux prochains mois et les personnes concernées s’emploient déjà à étudier toutes les possibilités. L’inspection judiciaire a d’ailleurs convoqué les magistrats pris à partie pour entendre leurs explications. En décidant de s’en prendre aux deux magistrats, le procureur Addoum a donc provoqué un électrochoc, qu’il affirme être salutaire. Car, selon lui, c’est la crédibilité du Liban qui a été mise en cause par le jugement d’acquittement.