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Actualités - REPORTAGE

Beiteddine Andréa Bocelli : une voie royale pour une étoile montante(photo)

Est-ce un phénomène fulgurant, un de ces engouements inexplicables du public dont la vague déferlante pulvérise tout à son passage, est-ce un signe des temps, est-ce un retour en force du bel canto métissé de «lanzonatte» napolitaines, est-ce un mélange de Julio Iglesias et de Placido Domingo? On pense un peu à tout cela en écoutant ce jeune ténor de trente-huit ans, aveugle, qui a littéralement mis la poudre au hit parade et enflammé plus d’une génération. N’en déplaise aux puristes, la musique n’a pas de barrière et mélanger les genres n’atténue en rien la qualité et l’essence d’une émotion. Andréa Bocelli, accompagné d’un orchestre composé de 70 musiciens placés sous la houlette du maestro Rota et en vedette, pour les duos (et quelques soli) où se mélangent les cris d’amour ou les fureurs de la haine, la soprane Tiziana Fabbricini, a donné la pleine mesure d’une voix dotée d’un registre aux couleurs profondes et changeantes. Pour le cadre enchanteur de Beiteddine, Andréa Bocelli, ce nouveau Caruso dont la voix fait chavirer les cœurs et même verser des larmes d’émotion vite écrasées de crainte de révéler l’âme tendre d’incorrigibles romantiques, a concocté pour ses fervents et très nombreux admirateurs un programme éclectique de premier choix, très agréable à écouter et d’accès facile même pour les non-initiés à l’art lyrique, où arias des plus célèbres opéras et ritournelles italiennes riment en toute harmonie dans le ciel étoilé du Chouf... Prééminence était donnée aux œuvres de Bellini, Verdi, Cilea, Puccini, Léon Cavallo, Mascagni mais aussi au répertoire français avec des petits extraits de «La veuve joyeuse» de Lehar, de «Carmen» de Bizet et de «Werther» de Massenet. Voix ample, chaude et ductile, aux éclats parfois légèrement blessés — et c’est peut-être là que Bocelli triomphe car il révèle à l’auditoire un sens très palpable de l’humain dans le chant — pour un répertoire au romantisme un peu ténébreux mais mesuré, aux accents passionnés, souvent langoureux, aux inflexions parfois véhémentes, incantatoires. Est-ce la magie et l’intensité du chant d’Andréa Bocelli invoquant les astres qui ont fait brusquement lever cette pleine lune argentée dans un firmament constellé d’étoiles? C’est dire la beauté d’un récital où la voix humaine avait toutes les séductions, tous les pouvoirs... Visage radieux et port de reine, Tiziana Fabbricini, vestale de l’art lyrique révélée aux mélomanes libanais par ce récital, a accentué avec grâce cette atmosphère aux essences sonores rares dominée par une interprétation à la sensibilité frémissante. Public en délire qui a ovationné à tout rompre le ténor et la cantatrice. «Standing ovation» pour plus d’un bis généreusement honorés où par-delà le vibrant «Brindisi» de la «Traviata» de Verdi, la vallée de Beiteddine a retenti des échos d’un duo de voix qui résonnait comme l’aube d’un nouveau monde... Moments de plénitude où les secrets miroitements de la musique classique de variétés donnent toutes les délicieuses illusions d’un insondable bonheur...
Est-ce un phénomène fulgurant, un de ces engouements inexplicables du public dont la vague déferlante pulvérise tout à son passage, est-ce un signe des temps, est-ce un retour en force du bel canto métissé de «lanzonatte» napolitaines, est-ce un mélange de Julio Iglesias et de Placido Domingo? On pense un peu à tout cela en écoutant ce jeune ténor de trente-huit ans,...