Nour El-Hoda, l'artiste des rois, n'est plus (photo)

Nour el-Hoda, célèbre comédienne et chanteuse libanaise, est décédée hier à l’âge de 74 ans. De son vrai nom Alexandra Bedran, elle a passé toute son enfance à Mazraa, Beyrouth. Elle monte sur les planches très tôt à huit ans. Elle interprète une chanson d’Oum Kalsoum accompagnée du oudiste Mahmoud Rouchdi Ka’bour. Dès 12 ans, elle est célèbre pour sa voix et sa maîtrise du tarab. En rentrant de l’école, racontait-elle dans ses souvenirs, elle s’attardait souvent à la fenêtre des voisins, à écouter les enregistrements de Abdel Wahab devant lequel elle rêvait de chanter... En 1942, à 18 ans, elle rencontre Youssef Wehbé, qui, ébloui par sa beauté et enchanté par sa voix, lui propose de jouer dans un de ses films. Elle se rend au Caire accompagnée de son père. Son premier film «al-Jawhara» (1943) lui vaut un grand succès. C’est alors qu’elle adopte le nom de scène, «Nour el-Hoda», choisi par tirage au sort... Les propositions se succèdent, elle occupe souvent la tête d’affiche. De plus en plus présente sur les plateaux de tournage, elle délaisse le chant… Adulée en Egypte, elle y tourne plus de quarante films. Et s’y constitue de solides amitiés, notamment avec son idole d’enfance, Abdel Wahab. Elle chante en duo avec Farid el-Atrache devant le roi Farouk… et raconte avoir dû fuir les avances un peu trop pressantes du célèbre monarque... Grande artiste de tarab, comédienne émérite à la présence charismatique, elle avait du respect pour son métier. Ainsi, elle avait refusé de participer à une cérémonie patronnée par le président Béchara el-Khoury, parce que le bureau de ce dernier l’en avait informée à la dernière minute. Gravement malade depuis quelques années, elle se désolait de n’être pas reconnue au Liban à sa juste valeur. Avec la disparition de Nour el-Hoda, le Liban perd une de ses grandes artistes. Elle est partie comme elle a vécu... avec dignité.