Indonésie : troubles séparatistes dans la province de l'Irian Jaya

Le responsable militaire de l’île de Biak, en Indonésie, a démenti hier que les affrontements de la veille entre manifestants et forces de l’ordre aient fait des morts lors d’un rassemblement indépendantiste dans la province reculée d’Irian Jaya. Selon le colonel Agus Edyono, 21 manifestants ont été blessés, pour la plupart par des projectiles en caoutchouc, lors de la dispersion par la police. Trois d’entre eux se trouvent dans un état critique et deux autres ont été touchés par des balles réelles. Treize militaires ont également été blessés, dont deux ont dû être évacués sur Djakarta. Un peu plus tôt, une organisation non gouvernementale indonésienne avait fait état de sept morts. Deky Rumaropen, de la Fondation du développement des villages, située à Jayapura, capitale de l’Irian Jaya, a dit qu’il tenait ses informations d’habitants de Biak. Mais ni la police ni des journalistes locaux n’étaient en mesure de confirmer qu’il y ait eu des morts lors des manifestations, dispersées par les forces de l’ordre qui ont tiré des balles en caoutchouc. L’agence officielle Antara a annoncé que les forces de l’ordre avaient fait 24 blessés parmi les quelque 700 manifestants et arrêté 180 personnes. Irian Jaya est située sur l’île que l’Indonésie partage avec la Papouasie-Nouvelle-Guinée et est le théâtre de petits mouvements indépendantistes depuis 1969, date de son incorporation officielle à l’Indonésie qui contrôle le territoire depuis 1963. D’autre part, l’agence officielle de presse Antara a annoncé que des manifestants avaient agité des drapeaux du mouvement séparatiste pour la libération de la Papouasie lors d’un rassemblement, hier, à Wamena, dans l’Irian Jaya. La manifestation, a ajouté l’agence, a été dispersée dans le calme et les forces de l’ordre ont saisi des armes traditionnelles. A Djakarta, le chef des forces armées, le général Wiranto, a qualifié cet acte de «traîtrise». «Chaque fois qu’un drapeau autre que l’emblème national est hissé, il s’agit d’un acte de traîtrise que les forces armées (ABRI) ne toléreront pas», a déclaré le général Wiranto, qui cumule les charges de ministre de la Défense et de chef d’état-major des forces armées. Par ailleurs, des scènes d’émeutes ont éclaté lundi soir lors d’un concert de rock à Djakarta au moment où les spectateurs ont pris d’assaut la scène en jetant divers projectiles au passage. Selon un responsable militaire, on ne déplore pas de victime. Le concert, gratuit, a rassemblé 5.000 personnes dans un parc pour écouter la grande vedette du rock indonésien, Iwan Fals. (Reuters)