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Actualités - ANALYSE

Présidentielle : Bkerké garde le cap ...

Une personnalité proche de Damas s’est rendue récemment à Bkerké pour informer le patriarche Sfeir (bien entendu tout à fait «off record»), que les Syriens allaient tenir compte de son avis en ce qui concerne la prochaine «élection» présidentielle. Sans trop ironiser sur cette étrange démarche qui reconnaît magnanimement à la communauté maronite le droit de se mêler de ce qui la regarde, une source de l’Est observe que «l’optique du patriarcat est connue et il n’y a nul besoin d’en sonder les intentions. Cet avis qu’on sollicite si généreusement se résume dans les points suivants: — Le président doit représenter vraiment sa collectivité et sa communauté. — Il doit être admis par tous les Libanais. — Il doit inspirer confiance autant à l’intérieur que sur le plan extérieur. — Il doit être honnête, propre, intègre, transparent. — Ses premières priorités devront être: l’éradication de la corruption politico-administrative et la réforme du système». Cette personnalité ajoute que «si les parties baptisées «grands électeurs» s’intéressent à la position de Bkerké, la réciproque est également vraie. Le patriarche a les pieds sur terre. Il sait qu’une fois de plus la décision se fera hors du pays, qu’on n’y peut encore rien, qu’il faut s’en accommoder au mieux, nonobstant l’indéracinable attachement aux principes essentiels comme la souveraineté, l’indépendance et l’autonomie de choix qui restent des objectifs à atteindre. Autrement dit, il serait préjudiciable, contre-productif de se braquer, de se barricader derrière ces principes pour refuser de participer au deal de la présidentielle car cette échéance peut avoir son utilité dans le cadre même de la lutte pour les constantes nationales. Du bon choix du président peut en effet dépendre toute l’évolution du pays, voire son avenir. Sous le nouveau régime, le Liban sera peut-être en mesure de retrouver non seulement sa prospérité mais aussi son intégrité territoriale, en se libérant de l’occupation israélienne ainsi que sa parfaite autonomie, politique et autre, par le départ des forces empruntées. Ou alors il continuera à voguer vers l’inconnu, en continuant à baigner dans un marigot et à risquer de s’y noyer pour de bon. Cette alternative cruciale fait que le patriarche, souligne encore cette source, estime nécessaire de voir si les bonnes intentions déclarées actuellement vont être concrétisées». Cependant, une idée très répandue veut que les circonstances qui prévaudront l’automne prochain sur le plan régional seront déterminantes pour le choix de tel ou tel président. Les critères de sélection varieraient donc selon que le blocage du processus de paix devait ou non se confirmer. «Cette optique, estime la source de l’Est, est mauvaise. Nous avons besoin, indépendamment de toute considération extérieure, d’un «homme pour toutes les saisons» comme dit le dramaturge anglais. Il devra être capable de parer à toute éventualité autant que de redresser la barre, car nous ne sommes pas dans la bonne voie, cela saute aux yeux et même les dirigeants actuels le reconnaissent. De plus, et cette logique est élémentaire, que ferait-on si l’on s’apercevait que la phase pour laquelle on avait retenu tel genre de président avait changé, le rendant inadapté: on aurait perdu six précieuses années. On en a d’ailleurs vécu l’expérience sous certains précédents régimes et cela a été catastrophique…» Et de préciser dans un jugement peut-être injuste que «l’on avait choisi Elias Sarkis en fonction de la paix qui semblait se rétablir. Il n’en a pas été ainsi; or malgré tous ses mérites, son tempérament ne le portait pas à affronter un temps de guerre». Une opinion un peu abrupte et que l’on peut discuter car Sarkis, aussi calme et patient qu’il fut, avait su adopter des positions d’une extrême fermeté et il était parvenu à maintenir l’Etat, ne serait-ce que comme symbole. Au verdict dont il fait l’objet, la même personnalité en ajoute d’ autres, également contestables, en affirmant que «n’ayant pu signer avec Israël la paix pour laquelle il avait été désigné, Béchir Gemayel de son côté avait été assassiné. Et Amine Gemayel, après avoir refusé de parapher l’accord du 17 mai, avait été en butte à mille tracasseries. René Moawad avait été tué pour qu’il ne pût pas honorer son serment qui était après tout de faire vraiment appliquer le nouveau pacte national conclu à Taëf…» Plus logiquement sans doute, cette personnalité de l’Est se demande «qui peut prétendre savoir à coup sûr d’avance la nature de la prochaine phase régionale pour choisir en fonction d’elle notre futur président… Le plus prudent, le plus pratique aussi, c’est d’opter pour un homme aux qualités polyvalentes, adaptable à toutes les situations». Il n’en manque heureusement pas, parmi les candidats potentiels…
Une personnalité proche de Damas s’est rendue récemment à Bkerké pour informer le patriarche Sfeir (bien entendu tout à fait «off record»), que les Syriens allaient tenir compte de son avis en ce qui concerne la prochaine «élection» présidentielle. Sans trop ironiser sur cette étrange démarche qui reconnaît magnanimement à la communauté maronite le droit de se mêler...