Bagdad accuse les Etats-Unis d'avoir mené une agression injustifiée Un F-16 américain tire un missile sur une batterie irakienne (photo)

Un avion de chasse américain F-16 a tiré un missile mardi sur une batterie irakienne de missiles antiaériens dans le sud de l’Irak en riposte à l’accrochage et la poursuite de chasseurs britanniques Tornados par un radar irakien, a indiqué le Pentagone. Bagdad a récusé cette version accusant les Etats-Unis d’avoir mené une «agression injustifiée» contre son territoire et de «faire fi de la souveraineté de l’Irak». Le porte-parole irakien a précisé qu’il n’existe aucun radar dans la zone survolée de Bassorah et que le missile US avait été tiré en direction des réservoirs d’eau potable de la ville portuaire d’Om Qasr. L’incident, qui augure d’une nouvelle phase de tension entre Bagdad et Washington, a brutalement mis fin à un relatif calme ces dernières semaines dans le Golfe, qui avait amené les Etats-Unis à réduire leurs forces dans la région après la fin de la crise des inspections de l’ONU. C’est la première fois en outre que les avions américains tirent un missile sur un site de missiles irakien depuis novembre 1996. Les quatre avions britanniques volaient au-dessus du sud de l’Irak, dans le cadre d’une mission de l’opération «Southern Watch» destinée à faire respecter la zone d’exclusion aérienne imposée à l’Irak, lorsqu’ils ont été accrochés et suivis par un radar irakien, a indiqué un responsable du Pentagone. «Un F-16 a également repéré le signal du radar. Il a tiré un missile HARM sur le site», a ajouté le responsable, qui a souhaité conserver l’anonymat. Le HARM est un missile à grande vitesse qui se dirige vers la source des ondes radar, et l’impact a eu lieu deux minutes après le tir, selon le responsable. L’illumination par le radar irakien a également été repérée par un avion-radar (de guerre électronique) américain EA-6B Prowler, a-t-il dit. Il n’était pas possible de savoir, hier à Washington, si le missile américain a atteint sa cible. «L’accrochage a eu lieu lors d’une mission de vol des appareils (britanniques) au-dessus de la zone d’exclusion aérienne dans le cadre de l’opération Southern Watch dans la région de Bassorah» dans le sud de l’Irak, a indiqué le Commandement central américain dans un communiqué. «Les appareils sont rentrés à leur base sans autre incident», a ajouté le Commandement central. A Shanghaï, le président Bill Clinton a été informé hier soir, huit heures après, de l’incident, a indiqué un responsable américain. Selon ce responsable, qui a requis l’anonymat, les Etats-Unis ignoraient encore si un missile sol-air avait été tiré par les Irakiens en direction des appareils alliés, qui, a-t-il dit, étaient au nombre de dix. «A ce stade, il semblerait que ce soit un incident isolé», a indiqué pour sa part un autre haut responsable du Pentagone. Moscou a dit son espoir que cet incident ne conduirait pas à une «escalade». Londres de son côté a souligné qu’il n’était question «en aucune manière» d’une nouvelle intervention en Irak. La zone d’exclusion aérienne a été établie par les Alliés dans le nord et le sud de l’Irak après la guerre du Golfe en 1991 qui a permis à une coalition internationale dirigée par les Etats-Unis de mettre fin à l’invasion irakienne du Koweit. En août 1996, les Etats-Unis ont étendu la zone méridionale d’exclusion à l’aviation irakienne du 32e au 33e parallèle, soit à quelques kilomètres au sud de Bagdad. Cet incident intervient alors que les Etats-Unis ont réduit récemment leur présence militaire dans le Golfe, après le dénouement en février de la crise des inspections. Les Etats-Unis avaient menacé l’Irak de frappes aériennes si Bagdad n’autorisait pas l’inspection par l’ONU de sites dits «présidentiels» suspectés de cacher des armes de destruction massive. La tension avec l’Irak a toutefois refait surface la semaine dernière à la suite des accusations du chef de la Commission spéciale de l’ONU chargée de désarmer l’Irak (UNSCOM), Richard Butler, selon lesquelles Bagdad a équipé des missiles avec du gaz neurotoxique VX. Les Etats-Unis ont indiqué que ces informations justifiaient leur position au sujet du désarmement irakien. Le Conseil de Sécurité de l’ONU a lui prolongé la semaine dernière les sanctions imposées depuis 1990 à l’Irak pour une nouvelle période de 60 jours. L’embargo ne pourra être levé que lorsque l’ONU assurera que l’Irak ne possède plus d’armes de destruction massive. (AFP-Reuters)