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Actualités - CHRONOLOGIE

La réduction de la production de l'OPEP : un geste fort pour redresser les prix

En annonçant mercredi soir une deuxième tranche de réduction de production de 1,35 million de barils/jour pendant un an, supérieure à celle attendue par les marchés, l’OPEP a voulu faire un geste «fort» et créer les conditions d’un redressement durable des prix du brut. Cette réduction de 1,35 million de barils par jour (mbj), qui comprend les réductions déjà annoncées après l’accord d’Amsterdam du 4 juin, portera à 2,6 mbj le total du pétrole retiré du marché mondial depuis février, a précisé le secrétaire général de l’OPEP, Riwalnu Lukman. Ces engagements sont valables pour une année. Ils s’ajoutent à la première tranche de réductions annoncées en mars, après l’accord de Ryad, soit 1,245 mbj pour la seule OPEP. L’Arabie Séoudite, le plus grand exportateur de pétrole du monde, aura réduit sa production depuis février dernier de 725.000 bj, les Emirats arabes unis et le Koweit de 225.000 bj chacun, le Venezuela de 525.000 bj, l’Iran de 305.000 bj et le Nigeria de 225.000 bj, selon le communiqué de l’OPEP. Quant aux producteurs non OPEP, leur effort depuis mars 1998 totalise 500.000 bj pour Oman. Depuis mars dernier, c’est plus de 3,1 mbj qui a été retiré du marché pétrolier mondial si l’on compte l’ensemble des réductions de production annoncées par les pays OPEP et non OPEP. «C’est un accord, encore faut-il qu’il soit respecté», estime un analyste pétrolier londonien. La première tranche de réductions de l’OPEP en mars dernier, (1,245 mbj) a été respectée à 75% ou 80%, selon les estimations des experts. L’Arabie Séoudite, le Koweit et les Emirats arabes unis ont scrupuleusement tenu leurs engagements ce qui n’a pas été le cas de l’Iran notamment. Pour Léo Drollas, du Center for global energy studies (CGES), «l’OPEP a peut-être été trop loin en réduisant sa production pour douze mois en dessous des prévisions de la demande de l’année prochaine». Cet accord ne s’est pas fait sans difficultés. Les ministres des onze pays membres ont multiplié, tout au long d’une journée rocambolesque, les entretiens à huis clos. La décision a été prise à l’issue de réunions de consultations informelles qui ont duré plusieurs heures dans un grand hôtel de la capitale viennoise. Le principal obstacle était l’exigence de l’Iran qui acceptait des réductions de production à condition qu’elles soient basées sur ses chiffres de production, ce que les autres pays jugeaient irréaliste et aboutissait à annuler une partie des réductions annoncées. Mais les ministres étaient pressés de conclure, les grandes lignes de l’accord ayant filtré dans la presse avant sa finalisation. Ils subissaient également la pression des marchés qui ont recommencé à baisser à Londres dans l’après-midi après une hausse sensible des cours dans la matinée. A l’issue de la conférence, le ministre du pétrole des Emirats arabes unis, président en exercice de l’OPEP, M. Obaid bin Saif al-Nasseri, a estimé que l’impact de l’accord obtenu à Vienne prendrait un certain temps mais s’est déclaré «confiant» sur la réaction des marchés. «Nous pensons que les réductions de productions qui seront effectuées seront suffisantes pour restaurer l’équilibre des marchés même si cela peut prendre un certain temps pour que ces réductions aient leur plein impact sur le système international des marchés», a-t-il déclaré. La prochaine conférence de l’OPEP se tiendra à Vienne le 25 novembre. Le marché guère convaincu Les promesses de réductions de production de l’OPEP, pourtant substantielles, ont déçu jeudi un marché du pétrole échaudé par les précédents effets d’annonces du cartel et toujours déprimé par la faiblesse de la consommation. En fin de matinée sur l’International petroleum exchange (IPE) de Londres, le baril de Brent, la qualité de référence de la mer du Nord, se traitait à 13,43 dollars contre 13,58 dollars à l’ouverture et 13,61 dollars en clôture la veille. Avant le début de la réunion, mercredi, le cours du Brent avait largement dépassé les 14 dollars. Depuis le début de l’année, le cartel a ainsi décidé de réduire sa production de 2,6 millions de barils par jour, au total, mais le marché mondial du pétrole reste déséquilibré, l’offre quotidienne de brut dépasse toujours le niveau de la demande d’environ un million de barils. Ce déséquilibre explique la réserve des investisseurs, et en particulier des plus influents d’entre eux, face à l’annonce de l’OPEP, souligne Nick Williams, analyste sur le marché du pétrole pour la maison de courtage ED and F Man International. «Manifestement, les réductions totales de l’OPEP depuis le début de l’année ont été jugées insuffisantes par les principaux investisseurs, même si les attentes minimales des intervenants portaient sur une baisse d’au moins un million de barils par jour», a-t-il indiqué. La crise asiatique continue d’affaiblir la consommation de pétrole et, conséquence d’une offre pléthorique de brut, les réserves mondiales découvertes ne cessent de croître, faisant même craindre d’éventuels problèmes de stockage, relèvent les opérateurs. «Compte tenu des circonstances, il s’agit d’une décision qui prendra des mois et des mois avant d’avoir un impact sur le marché», a indiqué Peter Gignoux, directeur du département pétrolier de la maison de courtage Salomon Smith Barney à Londres. «Ce n’est qu’en hiver, au dernier trimestre de l’année, que l’on devrait ressentir les premiers effets de la réduction de la production de l’OPEP» décidée mercredi soir, a-t-il estimé. De plus, l’incapacité de certains pays membres du cartel à respecter à la lettre leurs engagements précédents de réduction de leur production, a rendu les investisseurs très sceptiques. L’indiscipline de certains Etats membres, qu’il s’agisse de quotas de production ou d’engagements de réduction de l’offre, soulève depuis plusieurs mois la question de la crédibilité de l’organisation auprès des investisseurs. Le marché ne se contente plus seulement d’effets d’annonces. «Est-ce que chacun va se tenir tranquille et respecter le niveau des réductions à 100%? C’est la question», a ajouté Peter Gignoux. Si l’OPEP opère ces coupes dans sa production de façon stricte, alors seulement le marché entreprendra un revirement de position et les cours se redresseront, a estimé Nick Williams. «Dans l’attente de voir les premiers effets de cette réduction sur l’offre, les prix (du Brent) pourraient continuer à reculer et tomber aux alentours de 13,25 dollars, voire 13,10 dollars le baril de Brent», a prédit l’analyste. (AFP)
En annonçant mercredi soir une deuxième tranche de réduction de production de 1,35 million de barils/jour pendant un an, supérieure à celle attendue par les marchés, l’OPEP a voulu faire un geste «fort» et créer les conditions d’un redressement durable des prix du brut. Cette réduction de 1,35 million de barils par jour (mbj), qui comprend les réductions déjà...