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Actualités - ANALYSE

Un phénomène endémique : l'instabilité perlée

Depuis le «plan de sécurité du Grand Beyrouth» au tout début de l’après-guerre, l’autorité issue de Taëf ne cesse de se vanter d’avoir rendu au pays sa paix et soutient que sa plus grande réalisation reste le retour de la stabilité intérieure. On aurait dès lors tendance à croire que les dernières incidences (l’explosion d’une charge qui a tué les deux ex-FL qui la manipulaient, les roquettes à proximité de l’ambassade US et la découverte dans un dépotoir d’un lot de 25 grenades dégoupillées) viennent contredire quelque peu les fanfaronnades officielles. Mais, en fait, la sécurité a régulièrement été secouée, ici ou là, ces dernières années et il est inutile de rappeler que l’attentat de Zouk, qui a fait dix victimes et pulvérisé par la suite les FL, ne date que de 1994; les défis armés de Sobhi Toufayli — mis finalement sur la touche par le Hezbollah bien plus que par la loi — remontant pour leur part à quelques mois à peine. Tout comme l’explosif à l’AUB, celui déposé à la gare Charles Hélou et les grenades en l’air de la rue Abdel Wahab el-Inglizi. Toujours est-il que, cette fois, l’autorité s’inquiète sérieusement. «Nous lançons, indique un officiel, une enquête aussi vaste que serrée pour identifier les instigateurs qui cherchent à déstabiliser ce pays. Les exécutants, une fois pris, seront sévèrement châtiés. Aucun laxisme n’est permis car il reviendrait à encourager la subversion clandestine qui multiplierait alors des attentats de plus en plus meurtriers un peu partout. Les domiciles des suspects doivent être perquisitionnés, les armes, les munitions ou les explosifs saisis avant d’être largués dans les poubelles comme on l’a vu et des rafles doivent être effectuées à large échelle avec arrestations pour les besoins de l’enquête. Bien orchestrée, une telle campagne devrait faire la lumière sur ces tentatives de déstabilisation, après quoi nous pourrions informer l’opinion publique en détail de ce que nous aurions appris, par un communiqué circonstancié». Ce responsable spécialiste des belles promesses n’en reconnaît pas moins mezza voce qu’«accuser tout de suite Israël, c’est bien commode. C’est même un exercice de style obligatoire en pareil cas. Mais si les Libanais dans leur ensemble sont convaincus car ils savent de quoi les sionistes sont capables, cela ne suffit pas pour persuader les capitales occidentales. Certes, elles comprennent que le doute est permis, car on ne prête qu’aux riches et nul n’ignore, même pas les Suisses qui viennent de le prendre la main dans le sac, ce dont le Mossad est capable. Mais en matière de subversion, de terrorisme et de crime, il faut avancer des preuves pour être crédible à l’étranger. Les Américains ont beau avoir des raisons de se méfier de Netanyahu, cela les étonne quand même a priori qu’on l’accuse d’avoir voulu les chatouiller à Awkar pour les punir d’avoir si bien accueilli M. Hariri. Certes, il n’est pas déraisonnable de penser que le Mossad cherche à activer des agents déstabilisateurs, dont les deux ex-FL tués par la machine infernale qu’ils préparaient à Dora, mais si la dénonciation est fondée sur le plan local, sur le plan international elle doit être justifiée par de sérieuses révélations d’enquête. Autrement dit, souligne cet officiel, il était peut-être préférable que l’accusation portée contre Israël émanât de notre ministre de l’Intérieur et non de notre ministre des Affaires étrangères…». Des propos qui sous-entendent qu’entre le Sérail et le palais Bustros ce n’est toujours pas l’idylle… Le même loyaliste haririen reprend: «On dit communément: cherche à qui le crime profite. A nos yeux il ne fait aucun doute qu’Israël a intérêt à déstabiliser la scène libanaise, ne serait-ce que pour gâcher notre saison de tourisme estival et pour attaquer la Livre. Mais aussi pour faire pression sur la Syrie et pour tenter de disloquer le tandem que nous formons avec cet Etat frère. D’autant que des événements ici détourneraient un peu l’attention des provocations que le Likoud multiplie à l’encontre des Palestiniens ou des Arabes et que même l’Occident dénonce. Mais encore une fois, si nos doutes peuvent nous aider à contrer les visées sionistes et à bien verrouiller notre sécurité, ils ne sont pas suffisants pour être exploités à fond sur le plan diplomatique».
Depuis le «plan de sécurité du Grand Beyrouth» au tout début de l’après-guerre, l’autorité issue de Taëf ne cesse de se vanter d’avoir rendu au pays sa paix et soutient que sa plus grande réalisation reste le retour de la stabilité intérieure. On aurait dès lors tendance à croire que les dernières incidences (l’explosion d’une charge qui a tué les deux ex-FL...