Emeutes au Yémen : 4 tués, dont 2 policiers, et 8 blessés

Quatre personnes, dont deux policiers, ont été tuées et huit autres blessées hier au Yémen, lors de manifestations contre l’augmentation des prix des carburants, a-t-on appris de sources policières à Aden. «Trois personnes, dont deux policiers, ont trouvé la mort, et sept autres ont été blessées à Ma’areb (170 km à l’est de Sanaa)», a indiqué un responsable de la police yéménite, parlant sous couvert de l’anonymat. A Taëz, à 260 km au sud de la capitale, «une personne a été tuée et une autre blessée» lors de heurts avec la police, a indiqué un policier. D’autres manifestations à Ebb et à Hajah (respectivement à 190 km au sud de Sanaa et 130 km à l’ouest de la capitale), se sont poursuivies pour la quatrième journée consécutive, selon des habitants des deux villes. Selon un précédent bilan, quatre protestataires ont été blessés depuis le début des manifestations vendredi, déclenchées à la suite d’une décision du gouvernement de majorer les prix des carburants de 25 à 55%. Samedi, deux personnes avaient été blessées lors d’une manifestation à Sanaa et hospitalisées, selon un témoin. A Sanaa, en dépit de la situation calme, les forces de sécurité étaient déployées hier pour la deuxième journée consécutive dans la ville, où de violentes manifestations s’étaient déroulées. L’Université de Sanaa n’a pas ouvert ses portes hier et décidé de reporter jusqu’au 4 juillet les examens de fin d’année, qui devaient débuter samedi dernier. Les brigades antiémeutes étaient déployées à l’entrée de l’université, dont l’accès a été interdit lundi à des centaines d’étudiants qui tentaient de se rassembler sur le campus. Des contingents de policiers et de soldats de forces spéciales, armés de matraques, avaient pris position dès samedi soir dans les principales artères et les grands carrefours de la ville. Pour tenter d’empêcher les manifestants de communiquer entre eux, les autorités yéménites avaient interrompu samedi les services du téléphone portable et du receveur d’appels (pager). Le gouvernement a dû se réunir d’urgence samedi soir et a interdit tout rassemblement. Il a également renouvelé sa volonté de poursuivre le programme de réformes d’assainissement des finances publiques appliqué depuis 1995 sur les directives de la Banque mondiale et du fonds monétaire international (FMI). Les partis d’opposition au président yéménite Ali Abdallah Saleh, dont le rassemblement islamiste Al-Islah, ont appelé le gouvernement à faire marche arrière sur la majoration des prix des carburants, sans cependant revendiquer la responsabilité des manifestations. Cette décision, à l’origine du mouvement de protestation, s’inscrit dans le cadre du programme d’assainissement des finances publiques prévoyant notamment l’élimination des subventions ainsi que des privatisations. (Reuters, AFP)