Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Municipales, législatives et présidentielles : une certaine confusion des genres ...

A Washington on se frotte les mains et on félicite beaucoup les Libanais pour avoir conduit à bon terme démocratico-libertaire les récentes municipales. Et on congratule plus particulièrement les ultras chrétiens pour n’avoir pas boudé ce scrutin, ce qui laisserait augurer d’un retour dans le giron de la république (on n’ose dire «de la légalité»…) pour les prochaines législatives. Les Américains confondent donc un peu les deux échéances. Et on ne peut vraiment pas le leur reprocher, car beaucoup d’autochtones loyalistes en font ici autant et vont partout clamer qu’un Dory Chamoun par exemple s’est amendé pour de bon et a rejoint les rangs du pouvoir! Toujours est-il que ce dernier obtient de l’Oncle Sam un bon point certain, grâce au bon déroulement des municipales qui n’ont donné lieu ni à des accrochages armés ni à d’excessives pressions abusives ni à trop de triche au niveau des résultats. Pour ne pas faire de jaloux, les Américains applaudissent aussi fortement les opposants radicaux qui ont paru renoncer à leur complexe de Massada et de claustration pour «jouer enfin le jeu des institutions». Lesquelles institutions, doit-on préciser, n’étaient pas du tout en cause dans cette opération, la nuance étant sans doute trop subtile pour des observateurs éloignés. Qui n’ont en revanche pas tort quand ils pensent que «la participation de tous aux municipales active la vie politique du Liban» et que «bien gérés, les développements peuvent conduire à une véritable réconciliation nationale». Partant de là, les Américains souhaitent que les présidentielles aient lieu également suivant la procédure normale, dans les délais et les conditions prévus par la Constitution, donc sans amendement ni au profit de celui-ci ni à l’avantage de tel autre… Pour le fond, tout en reconnaissant que des progrès ont l’air de s’accomplir, ils soulignent que la démocratie à la libanaise est encore loin de friser la perfection. Et avec un gros soupir désabusé l’un de leurs cadres souligne que «votre dépendance à la drogue douce de la tutelle étrangère ne semble pas devoir se dissiper de sitôt. A mon avis d’ailleurs la prochaine présidentielle n’aura rien de remarquablement positif pour votre statut politique qui devrait rester inchangé. Si vous vous vouliez vraiment récupérer votre autonomie et votre souveraineté vous feriez en réalité comme nous et comme le suggère votre actuel président: faire élire le chef de l’Etat au suffrage universel. Il serait ainsi beaucoup plus difficile, sans doute, que le personnage soit tout bonnement parachuté» par les décideurs s’entend. Les Américains réalisent cependant que leur vision des choses est un peu utopique et qu’en tout cas ce n’est pas cette fois-ci qu’on changera le système pour faire élire le président par le peuple et non plus par ses représentants. Et c’est un peu tant mieux pour eux, en quelque sorte. Car nul n’ignore que côté présidentielles, ils ont traditionnellement leur mot à dire. Soit qu’ils aient le droit de sélection et la Syrie un droit de veto. Soit l’inverse, comme cela semble devoir être le cas pour cette édition-ci. Pudiquement cependant les Américains déclarent ne pas vouloir entrer dans la question des noms, soutenant que c’est là une «affaire intérieure» libanaise dans laquelle ils ne veulent pas intervenir. Mais ils ajoutent finement que très probablement «les développements régionaux vont fixer les critères de sélection»… Et s’ils n’ont pas de favori déclaré, ils ne peuvent s’empêcher de poser à tout interlocuteur libanais des questions sur nombre de candidats potentiels, sur leurs orientations, leurs liens présumés avec les décideurs. Candidement ils en rajoutent dans l’aveu de leur intérêt pour «l’affaire intérieure libanaise» qu’est la présidentielle en soulignant que leur nouvel ambassadeur au Liban, David Sutterfield, devra y débarquer bien avant cette échéance. Afin sans doute que l’on puisse profiter de son entregent local, car ce diplomate s’est fait beaucoup d’amis libanais quand il était conseiller à l’ambassade U.S. de Beyrouth. Du côté des prosyriens des sources généralement bien informées croient savoir qu’un rapport circonstancié établi par les analystes de cinq services différents a été remis aux autorités politiques de Damas pour les aider à faire leur choix. Ce rapport, ajoute-t-on, comporte une sorte de fichier détaillé des principaux candidats potentiels à la présidence de la République libanaise. Et il semble, toujours selon les mêmes sources, que les premiers critères recommandés se résument comme suit: le futur président devra avoir une bonne base chrétienne, sans être éloigné de Damas ni de l’Ouest. Et il devra être plutôt proche des organismes économiques…
A Washington on se frotte les mains et on félicite beaucoup les Libanais pour avoir conduit à bon terme démocratico-libertaire les récentes municipales. Et on congratule plus particulièrement les ultras chrétiens pour n’avoir pas boudé ce scrutin, ce qui laisserait augurer d’un retour dans le giron de la république (on n’ose dire «de la légalité»…) pour les...