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Actualités - COMMUNIQUES ET DECLARATIONS

Tout en dénonçant un acte qui menace la démocratie et en réclamant du chef de l'Etat une initiative courageuse après la gifle administrée à Hassan Sabra Les ordres de la presse et des rédacteurs tentent d'éviter l'escalade avec Hraoui (photo)

Les deux ordres de la presse et des rédacteurs ont souligné hier leur volonté d’éviter pour le moment de recourir à une escalade dans l’affaire de la gifle administrée samedi par le chef de l’Etat Elias Hraoui au rédacteur en chef de la revue Al-Chiraa Hassan Sabra, tout en dénonçant un acte «qui menace les fondements de la démocratie au Liban» et en demandant au président de la République une «initiative courageuse» destinée à rétablir «l’estime» dans les relations entre les institutions de l’Etat et la presse. Réunies hier en présence de M. Sabra, qui occupe aussi les fonctions de secrétaire de l’ordre de la presse, les deux organisations ont publié un communiqué dans lequel elles affirment avoir décidé de «surseoir à l’adoption de propositions émises par certains collègues parmi lesquelles la grève, le boycottage, le recours à la justice ou d’autres mesures d’escalade, et cela dans l’espoir d’atteindre le but recherché, à savoir la normalisation des relations (entre la présidence et la presse) dans le cadre de la loi, de la démocratie et du respect mutuel». Aussitôt après la publication de ce communiqué, des sources de la présidence de la République dénonçaient à nouveau les «offenses» commises contre la dignité de cette instance, sans préciser expressément si ce communiqué constituait une offense. Les deux ordres «condamnent» dans leur texte ce qui s’est passé à Bteghrine, lorsque le chef de l’Etat, qui présentait ses condoléances au ministre de l’Intérieur Michel Murr au domicile de ce dernier, a eu ce mouvement d’humeur à l’encontre de M. Sabra, qui insistait pour l’aborder. Dans de récents articles, le journaliste s’était montré très critique à l’égard de M. Hraoui, notamment au sujet de sa proposition d’instaurer le mariage civil facultatif. Le communiqué considère que l’acte du président «menace les fondements de la pratique démocratique au Liban et les relations entre les institutions de l’Etat et la presse libanaise, et laisse une marque d’infamie dans l’histoire de ces relations». «La presse libanaise attend du chef de l’Etat qu’il prenne une initiative courageuse destinée à rétablir l’estime dans ces relations, à les replacer dans leur cadre démocratique sain, et à préserver à la fois la dignité de la présidence et de la presse». La «dignité du pouvoir» Après avoir entendu la version des faits présentée par M. Sabra et le rapport de leurs présidents, Mohammad Baalbacki (presse) et Melhem Karam (rédacteurs), qui avaient rencontré dimanche soir le chef de l’Etat, les deux ordres ont estimé que l’incident «dépasse la personne de Hassan Sabra pour atteindre la presse tout entière et constitue un précédent dans les relations entre cette dernière et les responsables libanais». «Il s’agit d’une question de principe au sujet de laquelle on ne pourrait se montrer laxiste, d’autant que l’incident a provoqué une grande effervescence non seulement dans les milieux de la presse, mais aussi dans l’opinion», poursuit le communiqué. «L’un des principes du système démocratique est la protection des citoyens face au pouvoir», ajoutent les deux ordres, qui soulignent en outre souhaiter «ne pas se voir contraints de réclamer que la dignité du pouvoir lui-même soit protégée face au comportement de certains de ses tenants». «Nous avons décidé de répondre à cette gifle avec nos armes, c’est-à-dire par le verbe, parce que nous refusons que la riposte au verbe se fasse par une gifle, même si elle est présidentielle», ajoute le texte, rappelant que la presse «s’est abstenue de faire état de beaucoup d’abus commis par certains dirigeants, afin de ne pas pousser les gens au désespoir et à la rébellion contre le système». Mais «quelle que soit sa volonté de préserver la dignité des instances du pouvoir, la presse, un des piliers de la démocratie, ne peut faire fi de sa propre dignité ni sacrifier sa liberté», souligne le communiqué. Laissant entendre implicitement que M. Sabra a pu aller trop loin dans ses critiques du chef de l’Etat, le texte note qu’«en système démocratique, il existe des institutions dont la fonction est de sauvegarder les droits des instances dirigeantes, mais aussi de tous les gens, face au mauvais usage du droit d’opinion, que ce soit sous la forme de diffamation ou d’atteinte aux valeurs ou aux personnes». Se disant hostiles à «la punition directe et personnelle», les deux ordres soulignent à cet égard que c’est la justice qui «doit avoir le dernier mot dans tout conflit et tout abus» et rappellent que des publications diverses, parmi lesquelles Al-Chiraa, ont déjà fait l’objet de condamnations en justice, «sans que la presse s’y soit opposée». «C’est parce que nous respectons le prestige de la présidence que nous avons demandé du président de la République qu’il présente ses excuses pour une faute commise sous le coup de la colère. Nous avons toujours eu et nous avons encore beaucoup d’estime pour M. Hraoui en raison de sa position sur les libertés en général et sur celle de la presse en particulier, et de la distinction qu’il fait entre le droit de critique politique d’une part et, de l’autre, ses relations avec les gens de la presse, y compris ceux qui ne sont pas d’accord avec lui ou qui critiquent parfois sa politique ou son comportement», affirme le texte. Par ailleurs, le ministre de l’Information M. Bassem el-Sabeh, qui s’est entretenu hier de cet incident avec MM. Baalbacki et Karam, a insisté sur la «concomitance entre la dignité de la présidence et celle de la presse». Selon lui, la presse libanaise est «attachée aux pactes d’honneur qui protègent la dignité de la présidence et celle de M. Hraoui en personne».
Les deux ordres de la presse et des rédacteurs ont souligné hier leur volonté d’éviter pour le moment de recourir à une escalade dans l’affaire de la gifle administrée samedi par le chef de l’Etat Elias Hraoui au rédacteur en chef de la revue Al-Chiraa Hassan Sabra, tout en dénonçant un acte «qui menace les fondements de la démocratie au Liban» et en demandant au...