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Actualités - INTERVIEWS

Fadlallah sceptique sur les résultats de la visite de Hariri aux Etats-Unis

L’uléma Mohamed Hussein Fadlallah a estimé que la visite du premier ministre Rafic Hariri aux Etats-Unis avait peu de chances de déboucher sur des résultats tangibles au sujet du problème du Liban-Sud parce que, selon lui, Washington n’accorde de l’importance à la proposition israélienne de retrait conditionnel de cette région que dans la mesure où elle ferait bouger le processus de paix. Explicitant ces propos dans le cadre de l’émission «Le Salon du samedi» de la Voix du Liban, cheikh Fadlallah a souligné, qu’à son opinion, il existe une «divergence» entre Israël et les Etats-Unis sur le Liban-Sud. Selon lui, «il est possible que l’Etat hébreu soit, pour la première fois, sincère dans sa détermination affichée à retirer ses troupes». «En revanche, a-t-il poursuivi, les Etats-Unis, ainsi que l’a expliqué leur ambassadeur à Tel-Aviv, ne conçoivent d’intérêt pour un tel retrait que s’il est en rapport avec le processus de paix en général». «C’est pourquoi j’estime que Washington est d’accord pour que certaines conditions israéliennes et certains arrangements de sécurité accompagnent la proposition de retrait de l’armée israélienne, dans la mesure où cela permettrait justement de relier cette question au processus de paix», a-t-il affirmé. Faisant référence aux appels adressés au Liban et à la Syrie par le secrétaire d’Etat, Madeleine Albright, les invitant à «étudier sérieusement» l’offre «israélienne», l’uléma a considéré que les termes même de ces appels signifiaient qu’il n’était plus question pour les Etats-Unis de «permettre l’application inconditionnelle» de la résolution 425 du Conseil de Sécurité de l’ONU. «Cependant, a-t-il dit, je ne pense pas que nous aurons des résultats tangibles parce que toute cette affaire fait partie d’un jeu dont le but est de distraire l’opinion publique arabe et mondiale avec la 425, le temps de laisser mûrir le volet palestinien, qui constitue l’essentiel aux yeux des Etats-Unis». Pour lui, l’Amérique est en effet «embarrassée» par le gel du processus de paix qui atteint «son prestige». «C’est pour cette raison qu’elle cherche à présent à pousser en avant la 425 de sorte à placer la balle dans le camp libanais», a-t-il souligné. Dans le même temps, a poursuivi cheikh Fadlallah dans une allusion directe aux entretiens de M. Hariri à Washington, les Etats-Unis «veulent créer chez les Libanais l’illusion que leur niveau s’est élevé à un tel point qu’ils peuvent être reçus par le président américain et le secrétaire d’Etat». Or, a-t-il ajouté, non sans sarcasme, être reçu par Bill Clinton «est aux yeux des Libanais quelque chose de très important, et même d’extraordinaire, qui leur fait croire à la grandeur de leur nation». Sur un autre plan, cheikh Fadlallah a assuré qu’en cas de retrait israélien du Liban-Sud, il n’y aurait pas dans cette région de troubles entre chrétiens et musulmans pas plus qu’il n’y aura de «problèmes entre la résistance et l’armée». Interrogé sur les perspectives de l’élection présidentielle, l’uléma a souligné que le président de la République «ne sera pas élu par les Libanais, comme d’ailleurs il ne l’a jamais été». «Il représentera plutôt un consensus régional et international», a-t-il dit. Il s’est par ailleurs modérément félicité du comportement des électeurs lors des élections municipales, estimant que le peuple a réussi dans une certaine mesure à «contourner les listes préfabriquées» présentées par la classe politique. Il a néanmoins dénoncé le «commerce électoral» qui caractérise les alliances entre candidats, contractées uniquement pour bénéficier d’apports en voix et non sur la base de programmes communs. En outre, il a estimé que le pouvoir a réussi, durant la période des élections, à détourner l’attention des Libanais de la crise économique et sociale, «de sorte que cela a permis à certaines entreprises de licencier massivement du personnel sans que nul ne s’en soucie». En conclusion, cheikh Fadlallah a exhorté les Libanais à s’écarter du chemin «du confessionnalisme tribal», qui est, selon lui, de la «barbarie». «Soyez chrétiens ou musulmans, mais toujours avec humanisme». Pour lui, Le Liban doit demeurer «un pays d’ouverture, l’ouverture de l’Orient sur l’Occident et celle de l’Occident sur l’Orient».
L’uléma Mohamed Hussein Fadlallah a estimé que la visite du premier ministre Rafic Hariri aux Etats-Unis avait peu de chances de déboucher sur des résultats tangibles au sujet du problème du Liban-Sud parce que, selon lui, Washington n’accorde de l’importance à la proposition israélienne de retrait conditionnel de cette région que dans la mesure où elle ferait bouger le...