Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Les municipales, un test politique de portée assez floue ...

La mise à l’écart est-elle maintenant terminée? Le camp de l’Est va-t-il cesser d’être traité en paria, en intouchable, en lépreux? Les alliances conclues avec ses composantes par les loyalistes, la permission accordée à ses formations proscrites de reparaître au grand jour, de s’engager dans la bataille, signifient-elles que le veto est levé pour de bon après les municipales? Les deux échéances étant fondamentalement différentes, peut-on espérer que la discrimination ne jouera pas de nouveau aux Législatives de l’an 2000? A ces interrogations, il y a autant de réponses que de répondeurs, dirait un opérateur de standard téléphonique. Certains soulignent que, «dans la mesure où les contestataires qui avaient boycotté les Législatives parce qu’ils réfutent tout le système et refusent Taëf n’ont pas changé d’opinion, la position politique à leur égard ne changera pas non plus. Ce qui revient à dire que, dans les municipales, il ne faut pas voir un précédent, car elles n’ont aucune portée politique de fond. Les alliances qu’elles ont permis ne seront donc pas rééditées lors des Législatives, où les veto habituels devront de nouveau être appliqués. Sauf bien entendu si ces forces opposantes radicales semblent vouloir virer de bord et se rapprocher de la Syrie pour la remercier en quelque sorte d’avoir donné le feu vert à leur réémergence, à Beyrouth ou à Bécharré par exemple…». Et d’insister: «On ne demande pas aux opposants de se renier par rapport à leur récusation du pouvoir local (encore qu’ils n’ont pas hésité devant de flagrantes contradictions en s’alliant avec des loyalistes), mais de ne plus être antisyriens. Il faut donc qu’ils s’intègrent au système, puisqu’il est coiffé par Damas, et s’ils veulent y imprimer des modifications, cela doit être de l’intérieur. En cessant bien entendu de réclamer le redéploiement ou le départ des forces syriennes cantonnées sur le territoire libanais, avant ou après le retrait des Israéliens. Après l’attitude positive de la Syrie à leur égard dans les municipales, les radicaux devaient à leur tour se montrer de bonne composition en mettant une sourdine au refrain répétitif sur la souveraineté, l’indépendance, le pouvoir de décision et autres thèmes articulés sur la présence syrienne. Cela en attendant que se réalise une éventuelle paix globale après un accord entre le tandem Syrie-Liban et Israël». Selon ces loyalistes, «les opposants boycotteurs, de l’intérieur ou du dehors, qui feraient amende honorable, seraient reçus comme des enfants prodigues et on tuerait pour eux le veau gras. Ils pourraient très facilement participer au pouvoir. Cela d’ailleurs animerait la vie politique locale et permettrait une vraie réconciliation débouchant sur une entente nationale effective. Les Législatives seraient alors aussi libres que les municipales l’ont été». «Ben voyons, rétorque un radical, il n’y aurait plus de raison d’empêcher les gens de s’exprimer, de doper les urnes et de tronquer les résultats une fois que tout le monde serait d’accord pour jouer les moutons de Panurge…». Et de préciser qu’à son avis «nul à l’Est n’est dupe de l’opération de charme et de séduction déployée à l’occasion des municipales. On a voulu dégonfler un peu la tension issue du mécontentement sans cesse croissant de la collectivité chrétienne, singulièrement maronite. Car, on souhaite que les toutes prochaines présidentielles se déroulent sans accroc, que le futur président qui va être parachuté ne suscite pas chez nous une levée de boucliers générale lui retirant sinon sa légitimité du moins sa qualité de représentant de sa communauté. Nous ne voulons faire aucun procès d’intention mais de notre point de vue la bonne volonté d’autrui ne sera vraiment prouvée que lorsqu’un bon président sera choisi. Et surtout lorsque le nouveau régime aura le feu vert pour mettre en place un véritable gouvernement d’entente nationale… Ce dont nous nous permettons de douter, tout en espérant nous tromper». «Les municipales, conclut cette source méfiante, ont été menées comme une opération devant essentiellement prévenir la réédition des présidentielles avortées de 1988 où les décideurs, Syriens et Américains confondus, n’avaient pu imposer l’homme de leur choix face à une volonté libanaise déterminée. Certes, il y aurait cette fois élection effective dans la forme, mais si elle devait confirmer politiquement la cassure en deux du pays, cela poserait tôt ou tard problème au niveau du maintien de la tutelle, surtout après un éventuel arrangement régional…».
La mise à l’écart est-elle maintenant terminée? Le camp de l’Est va-t-il cesser d’être traité en paria, en intouchable, en lépreux? Les alliances conclues avec ses composantes par les loyalistes, la permission accordée à ses formations proscrites de reparaître au grand jour, de s’engager dans la bataille, signifient-elles que le veto est levé pour de bon après les...