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Actualités - REPORTAGE

Les échanges d'accusations enveniment la bataille municipale à Zahlé

Le compte à rebours pour la quatrième phase des élections municipales, dimanche prochain, dans la Békaa a commencé. A quatre jours de cette échéance, un climat particulièrement fiévreux entoure, d’entrée de jeu, le scrutin qui doit avoir lieu à Zahlé et à Baalbeck. La bataille dans ces deux localités se déroule sur fond de vives polémiques et d’échanges d’accusations qui reflètent dans certains cas un déchaînement de passions sans précédent. A Baalbeck, le Hezbollah s’emploie à minimiser au maximum le poids de son adversaire traditionnel, Amal, affirmant que le mouvement dirigé par le chef du Législatif Nabih Berry «n’a pratiquement aucune présence» dans la région. Le député intégriste de Baalbeck, Ibrahim el-Sayed, entendait ainsi rejeter d’emblée le point de vue du ministre Mahmoud Abou Hamdane (Amal) qui a souligné hier, à l’issue d’un entretien avec M. Berry, qu’il était inconcevable que le président de la municipalité de Baalbeck soit membre d’un parti (allusion à la volonté du Hezbollah de prendre le contrôle de la présidence du conseil municipal de la localité). (VOIR PAGE 3) A Zahlé, le député Elie Skaff a ouvertement accusé hier le président Elias Hraoui d’ingérence dans la bataille. M. Skaff a en outre catégoriquement démenti que la liste qu’il parraine soit soutenue en sous-main par le chef du gouvernement Rafic Hariri, soulignant que ce sont les milieux du chef de l’Etat qui sont derrière de telles allégations. Coïncidence ou pas: les accusations de M. Skaff contre le chef de l’Etat sont intervenues alors que le déroulement de la bataille de Zahlé a été passé en revue au cours d’une réunion élargie que le président Hraoui a tenue hier au palais de Baabda avec plusieurs membres de la liste qu’il parraine — la liste «Zahlé de demain» — en présence des personnalités proches du chef de l’Etat qui soutiennent la liste en question, en l’occurrence les ministres (et députés de Zahlé) Nicolas Fattouche et Chawki Fakhoury, le député Khalil Hraoui et les deux fils du chef de l’Etat, MM. Roy et Roland Hraoui. Le fils aîné du président de la République, M. Georges Hraoui, est, quant à lui, dans la camp opposé à celui de son père et de ses deux frères. Il s’est allié à M. Skaff et parraine avec lui la liste de «La décision de Zahlé». Le climat semble s’envenimer gravement entre les deux camps. M. Georges Hraoui s’est élevé hier contre «les pressions» auxquelles sont soumis les partisans de sa liste. Abondant dans le même sens, M. Skaff a accusé ouvertement le président Hraoui de s’être «impliqué directement dans les élections municipales de Zahlé». «Cela constitue une grave entorse au devoir de réserve qu’il est censé respecter vu le poste qu’il occupe», a déclaré M. Skaff qui a lui aussi fait état de pressions exercées contre ses partisans. Il a cité notamment le cas d’un des membres de la liste qu’il parraine «à qui on a offert 100.000 dollars afin qu’il retire sa candidature». Le député de Zahlé a également accusé les milieux proches du président Hraoui de faire circuler des rumeurs concernant une possible reconduction du mandat présidentiel. «Toutes ces informations ne constituent que des rumeurs sournoises dont le but est de faire comprendre à nos partisans qu’ils n’ont aucun intérêt à se mettre le pouvoir sur le dos», a souligné M. Skaff qui a, d’autre part, stigmatisé les informations selon lesquelles sa liste serait soutenue par le premier ministre. M. Skaff a affirmé à ce propos que «ce sont les sources du chef de l’Etat qui sont à l’origine de telles allégations». «Ils prétendent que je veux introduire M. Hariri à Zahlé, a notamment déclaré M. Skaff. M. Hariri n’est nullement intéressé par Zahlé. Il se préoccupe plutôt de Beyrouth et Saïda. Il n’a rien à faire à Zahlé». Dans une déclaration à la presse, M. Khalil Hraoui a effectivement accusé hier M. Skaff de vouloir étendre l’influence du chef du gouvernement à la capitale de la Békaa. Le volet financier Ce climat manifestement fiévreux dépasse largement le cadre des accusations politico-médiatiques. Il touche aussi à certains aspects financiers qui revêtent un caractère plus ou moins personnel. Se défendant d’avoir des liens avec le premier ministre, M. Skaff s’est élevé à ce propos avec véhémence contre les allusions de ses adversaires qui font état — à l’appui de leur thèse — d’une dette que M. Skaff a contractée auprès de la Banque de la Méditerranée (relevant de M. Hariri). Interrogé en soirée à ce sujet par «L’Orient-Le Jour», M. Skaff a relevé que «cette dette remonte à six ans». «Elle m’a permis de faire face à mes obligations politiques, et je suis en train de la rembourser entièrement avec tous les intérêts perçus par la banque», a souligné le député de Zahlé. M. Skaff a retourné sur ce plan contre ses adversaires les accusations dont il fait l’objet. Il a indiqué ainsi que M. Khalil Hraoui a lui-même «contracté un prêt, sans intérêt, auprès de la Banque de la Méditerranée afin d’acheter des actions de Solidere». «M. Khalil Hraoui reconnaît d’ailleurs lui-même que cette affaire a été, en définitive, perdante», souligne M. Skaff. Poursuivant sur sa lancée, il rappelle en outre que son autre adversaire, le ministre Nicolas Fattouche, «s’emploie à détruire nos montagnes pour en extraire du gravier qu’il vend pour exécuter le projet de Solidere». M. Skaff va encore plus loin en faisant état du déboursement d’importantes sommes d’argent à Zahlé à quelques jours du scrutin municipal. «Venez passer vingt-quatre heures dans la ville et vous verrez comment ils sont en train de débourser l’argent qui a été accumulé pendant neuf ans», a-t-il affirmé lors de son entretien téléphonique avec «L’Orient-Le Jour». Ce climat passionné et ce déballage public en disent long sur l’atmosphère qui entourera le déroulement du scrutin dimanche prochain dans la capitale de la Békaa. Un scrutin qui pourrait présager de la physionomie du futur paysage politique du caza de Zahlé après la fin du mandat Hraoui.
Le compte à rebours pour la quatrième phase des élections municipales, dimanche prochain, dans la Békaa a commencé. A quatre jours de cette échéance, un climat particulièrement fiévreux entoure, d’entrée de jeu, le scrutin qui doit avoir lieu à Zahlé et à Baalbeck. La bataille dans ces deux localités se déroule sur fond de vives polémiques et d’échanges...