Aoun : je me suis retrouvé seul dans la bataille

Le général Michel Aoun a affirmé hier que le «Rassemblement national» (qui comprend les forces de l’opposition extraparlementaire) n’a jamais été conçu sur la base d’une alliance électorale. «De toute manière, nous ne sommes pas en désaccord sur la libération du pays», a-t-il dit lors d’une conférence de presse donnée à Sydney où il effectue actuellement une tournée en compagnie de son épouse et de sa fille Chantal. Commentant ainsi les dernières élections municipales, l’ancien président du Conseil a toutefois relevé «une contradiction» au sein de l’opposition. «J’ignore comment celui qui s’allie au pouvoir peut ensuite s’opposer à ce dernier au niveau national», a-t-il dit dans ce cadre avant d’ajouter: «Je refuse de jouer ce jeu, et je suis resté dans l’opposition, en me retrouvant seul dans la bataille (électorale) de Beyrouth». Quoi qu’il en soit, pour l’ancien Premier ministre, la participation de son courant aux municipales n’implique en aucune façon une éventuelle participation aux prochaines législatives; «car, explique-t-il, les municipales revêtent un caractère purement administratif et local sans aucune portée politique. Elles ne donnent donc aucune légitimité au pouvoir en place». Du reste, ajoute-t-il, «les circonstances actuelles ne permettent guère de participer aux législatives puisqu’elles seront dans tous les cas falsifiées». Sur un autre plan, le général Aoun a affirmé être venu en Australie pour réclamer l’application des résolutions 425, 426 et 520 de l’ONU stipulant le retrait des armées étrangères du Liban. «Israël reconnaît aujourd’hui les résolutions 425 et 426, et cherche à les appliquer mais la Syrie refuse catégoriquement, imitée en cela par les autorités libanaises», a-t-il dit. En réponse à une question concernant l’éventualité d’une unification de la résistance, l’ancien président du Conseil a déclaré: «Les «Forces libanaises» désirent-elles donc adhérer à la résistance? Elles ont donné leur aval à l’accord de Taëf et ont été ainsi à l’origine de conflits armés . Aujourd’hui, les «F.L.» sont les alliés de Hariri à Beyrouth. Il y a même un élément«F.L.» sur la liste de Hariri», a-t-il précisé avant de se demander: «Qu’a donc fait ce gouvernement pour le Liban? Il a construit un pont qui lui a coûté 30 millions de dollars alors qu’il ne vaut en réalité que 3 millions. Le Liban est noyé de dettes et nous ne sommes même plus en mesure d’en rembourser les intérêts. (...) Si les gens arrivent encore à survivre au Liban, c’est parce qu’ils continuent à vendre leurs terrains et leurs propriétés», a affirmé le général Aoun. De la résistance pacifique à la résistance armée Par ailleurs, si l’ancien Premier ministre estime que seule «une résistance pacifique» est encore possible actuellement, il n’exclut pas en revanche le recours à «la résistance armée» si la première forme de lutte venait à échouer. «La résistance sera armée lorsque les conditions lui deviendront favorables», a-t-il précisé, avant de poursuivre: «Nous résistons aujourd’hui de manière pacifique parce que les circonstances internationales et locales sont en notre faveur, et nous tablons sur l’application des résolutions internationales qui nous concernent. Mais avec le temps, il est probable qu’on ait recours à la lutte armée». D’autre part, à la question de savoir pourquoi il refusait de rentrer au Liban, le général a répondu: «Mon retour est impossible, car une autorité au sein de laquelle se trouvent trois ministres qui ont tenté de m’assassiner n’est pas une garantie idéale pour ma vie». Enfin, le général Aoun a estimé que la proposition israélienne de retrait du Liban était «sérieuse».