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Actualités - ANALYSE

Mutation certaine des données à l'est

Unis dans le boycott des législatives, du moins en 92, les opposants de l’Est se sont retrouvés désunis dans la participation aux municipales. Ce qui n’a sans doute pas manqué de désabuser encore plus leur électorat, qui s’est, dès lors, à Beyrouth, abstenu à quelque 90%! Certains pôles ont d’ailleurs pressenti cet effet et ont préféré adopter un profil bas, sans s’engager dans le tournoi… Toujours est-il que la carte politique se trouve maintenant sérieusement modifiée à l’Est. Les opposants, de l’intérieur ou de l’extérieur du système, se sont montrés incapables de mettre sur pied des listes communes pour faire face au pouvoir en rangs ordonnés. Quelques-uns n’ont d’ailleurs pas manqué de contracter alliance avec des loyalistes, tandis que d’autres se résignaient à faire équipe avec des contestataires dont la ligne est tout à fait différente de la leur. On aura noté ainsi que malgré l’énorme distance idéologique qui le sépare du leader du PSP, le chef du PNL, Dory Chamoun, n’a pas hésité à profiter à Deir el Kamar du soutien de Walid Joumblatt. Et il est très possible que ce contrat politique, conclu au nom de la bonne harmonie intercommunautaire dans le Chouf, soit reconduit pour les prochaines législatives. A cet égard, le général Michel Aoun, partenaire de M. Chamoun au sein de la «Rencontre de Paris», a eu d’abord une réaction outrée puis a mis de l’eau dans son vin, en indiquant qu’il consent à comprendre les conditions objectives qui ont présidé à cet accord dans la montagne. Autre triumvir de l’opposition radicale extérieure, le président Amine Gemayel n’a pas hésité pour sa part à marcher avec le ministre Michel Murr dans certaines localités du Metn-nord, notamment à Bickfaya même, son berceau. Mais là, le général Aoun ne lui a pas trouvé des excuses et a clairement dit son mécontentement. L’ancien président du Conseil devait pour sa part lancer à Jounieh sa propre liste, non complète. Alors que dans cette cité-clé du Kesrouan, le PNL soutenait de son côté Haykal el Khazen. A Beyrouth, les aounistes ont fait acte de présence au sein de la liste d’Abdel Hamid Fakhoury appuyée comme on sait par le bouillant Najah Wakim, bête noire de Rafic Hariri, tandis que le courant des «Forces libanaises» rejoignait sagement les rangs des loyalistes qui lui réservaient une place dans leur liste. Toujours dans la capitale, Amine Gemayel et Dory Chamoun adoptaient quant à eux une position aussi prudente qu’originale, en appelant à l’élection des «makhatirs» mais pas des édiles… Une décision qui semble pécher du côté logique. «On aurait par exemple compris, commente un modéré, que l’opposition radicale se décidât encore une fois pour le boycott du scrutin, au nom des grands principes qui rejettent l’ensemble du système; on aurait également compris qu’elle se contentât de ne pas désigner de candidats et de laisser libre choix à ses partisans, comme l’a fait Raymond Eddé, leader du Bloc national,mû par des considérations ayant trait au facteur des familles, des amitiés, des liens et des services personnels. Mais que l’opposition radicale tantôt participe, en faisant fi de toute unité de rangs, tantôt boycotte, cela semble échapper au bon sens le plus élémentaire. Toujours est-il que les municipales n’ont pas permis, tant s’en faut, de démontrer que cette ligne politique pèse d’un bon poids sur la scène politique locale et elles ont même au contraire mis en relief ses faiblesses, découlant toutes de sa désunion. Il va de soi que la base est fortement déçue et qu’un fossé s’est créé entre elle et les leaderships, tout comme il en existe un entre le pouvoir et le peuple dans son ensemble. Il faut donc, après ces municipales, procéder à un examen de conscience collectif et mettre au point un plan d’unification réelle des rangs, quelles que soient les circonstances. Sans quoi le pouvoir continuera allègrement à nous mener par le bout du nez, en profitant au maximum de nos clivages», conclut cet opposant qui s’oppose à l’opposition telle qu’elle se pratique actuellement.
Unis dans le boycott des législatives, du moins en 92, les opposants de l’Est se sont retrouvés désunis dans la participation aux municipales. Ce qui n’a sans doute pas manqué de désabuser encore plus leur électorat, qui s’est, dès lors, à Beyrouth, abstenu à quelque 90%! Certains pôles ont d’ailleurs pressenti cet effet et ont préféré adopter un profil bas, sans...