Polémique au lendemain des élections au Liban-sud Berry crie victoire (photo)

Le président de la Chambre, M. Nabih Berry, commentant hier les résultats des élections municipales au Liban-Sud et à Nabatiyé, a indiqué que le mouvement Amal qu’il préside s’est imposé dans la majorité des conseils municipaux. M. Berry a appelé à tourner la page du passé et à une coopération entre toutes les forces politiques en présence, en soulignant que la tâche principale des conseils municipaux est de s’occuper de questions de développement. Avant même que le ministère de l’Intérieur ne commence à annoncer les résultats officiels des élections au Liban-Sud et à Nabatiyé, M. Berry a tenu une conférence de presse en sa résidence à Msayleh (où il a passé le week-end pour suivre l’opération électorale) afin de donner son explication politique au sujet du scrutin. Le chef du Législatif a d’abord rendu hommage à la population de la ville de Tyr, se félicitant de ce que ses habitants aient «voté massivement pour la liste qui reflétait la coexistence». Selon les premiers résultats partiels à Tyr, 4 candidats chrétiens auraient été élus. Pour M. Berry, ce vote «s’assimile à un appel lancé aux chrétiens originaires du Liban-Sud afin qu’ils retournent à leurs foyers». M. Berry a ensuite annoncé que le bloc de libération et du développement (qu’il préside au Parlement), s’est imposé «dans tous les chefs-lieux des cazas du Liban-Sud à l’exception de Nabatiyé». Il a toutefois précisé que, dans cette ville, la liste du Hezbollah a été «percée» par quatre candidats de listes rivales. M. Berry a attribué la défaite de son mouvement à Nabatiyé au panachage «contre lequel nous avions mis en garde». Le chef du Parlement n’a pas manqué de critiquer au passage le Hezbollah, lui reprochant d’avoir rejeté ses conditions pour la formation de listes consensuelles. M. Berry, rappelle-t-on, était contre la candidature de partisans aux municipales, parce qu’il craignait une mainmise des partis sur les conseils municipaux. Après avoir indiqué que «99%» des formations politiques au Liban-Sud «se sont liguées» contre Amal, M. Berry a annoncé les résultats des élections des moukhtars et des membres des conseils municipaux, précisant que le pouvoir de décision est aux mains d’Amal dans 77% des municipalités. Selon lui, 146 moukhtars proches d’Amal et de ses alliés ont été élus contre 50 pour le Hezbollah et le courant du président Kamel el-Assaad, 5 pour les partis de gauche et 25 indépendants. En ce qui concerne les conseils municipaux, au nombre de 97, ceux qui dépendent d’Amal sont les suivants, selon les explications du chef du Législatif: 16 dans le caza de Nabatiyé, 1 dans le caza de Marjeyoun, 9 dans celui de Bint-Jbeil, 13 à Tyr et 12 à Saïda, «à savoir 51 au total. Je regrette d’avoir à m’exprimer de la sorte, mais il s’agit de 51 villages chiites», le nombre de villages chiites étant de 75. M. Berry a également souligné la présence d’Amal dans les villages de l’est de Saïda et de Jezzine, 22 au total, ce qui porte, selon lui, à 73 le nombre de conseils municipaux dépendants ou proches d’Amal. Pour ce qui est des municipalités raflées par «nos frères du Hezbollah», elles sont 10 dans le caza de Nabatiyé, 1 à Bint-Jbeil, 3 à Tyr et 4 à Saïda, soit 18 au total. M. Berry a expliqué qu’Amal et le Hezbollah partagent 5 municipalités seulement. Il a insisté sur le fait qu’il suffit qu’un camp soit majoritaire au sein d’un conseil municipal pour qu’il détienne le pouvoir de décision, rejetant ainsi implicitement les résultats donnés par le Hezbollah. «Mais demain est un autre jour», a enchaîné M. Berry, appelant à tourner la page des rivalités électorales et à œuvrer en vue du développement des villages, rappelant que telle est la fonction principale des conseils municipaux. Le président de la Chambre a démenti les informations selon lesquelles il a renoncé à une alliance avec le Hezbollah pour tester sa force sur le terrain en prévision des Législatives de l’an 2000. «Qu’est-ce que les élections parlementaires ont à voir avec les municipales?», s’est-il interrogé. Il a réaffirmé qu’il aurait voulu que la décentralisation administrative et un nouveau découpage administratif soient réalisés avant l’organisation des municipales pour obtenir une représentation meilleure de la population. «J’ai toujours expliqué aux députés qu’il n’est pas possible de construire le deuxième étage d’un immeuble avant le premier», a-t-il dit, sans toutefois préciser s’il compte relancer cette affaire au Parlement.