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Actualités - REPORTAGE

Hariri pavoise et Boutros rappelle les revendications chrétiennes(photos)

«L’entente nationale a été plébiscitée». C’est par ces paroles que le chef du gouvernement, M. Rafic Hariri, a accueilli les résultats du scrutin municipal de Beyrouth, à l’issue duquel 23 des 24 membres de la liste consensuelle qu’il avait formée en coordination avec l’ancien ministre des Affaires étrangères, Fouad Boutros, ont été élus. Seule exception, l’échec de l’un des candidats chiites au sein de la liste consensuelle de Beyrouth, Fadi Chahrour. Ironie du sort, ou plutôt leçon politique, le représentant du mouvement Amal a été la victime d’un panachage attribué, par les observateurs, aux électeurs du Hezbollah Le chef du gouvernement a pris contact, en cours de journée, avec le patriarche maronite et, en soirée, avec le chef de l’Etat, pour leur faire part de son point de vue sur le scrutin. M. Hariri est particulièrement fier d’avoir réussi à faire échec à une foule de rumeurs toutes orientées vers l’élimination des candidats chrétiens de la liste consensuelle. La présence, sur la liste qu’il a parrainée, de candidats représentant les «Kataëb» et le courant des «Forces libanaises» devrait permettre, selon lui, au pays chrétien, de sortir de la prostration dans laquelle l’a plongé l’accord de Taëf, et de participer de nouveau, pleinement, à la vie politique. Les cortèges de voitures aux couleurs des «FL» qui ont parcouru les rues d’Achrafieh, hier, vont en tout cas dans ce sens. M. Boutros, pour sa part, a donné la réplique au chef du gouvernement. Dans une déclaration télévisée, l’ancien chef de la diplomatie libanaise a vigoureusement plaidé en faveur d’une solution définitive au problème de la participation à la vie politique. L’entente nationale, a-t-il souligné, est une expression creuse sans l’équilibre dans la représentation politique qui lui donne consistance. Pour certains observateurs, M. Boutros ne faisait rien d’autre que rappeler les revendications chrétiennes au chef du gouvernement, après un succès dont il a été l’un des principaux artisans. Reste à savoir comment le régime en place pourra corriger le déséquilibre qui se manifeste en ce moment, au niveau de la représentation des chrétiens, sans renier certaines de ses options et malgré les pesanteurs régionales qui hypothèquent sa propre décision. Côté opposition, on soulignait, outre les objections manifestées déjà, le caractère ambigu de la victoire de M. Hariri. Le chef du gouvernement, y souligne-t-on, a mené deux campagnes: la sienne et celle de l’entente nationale, sans qu’il ne soit possible de dire laquelle de ces deux campagnes a servi l’autre. Pour certaines personnalités de la liste de Beyrouth, le chef du gouvernement a su habilement exploiter le thème de l’entente, pour assurer le succès de sa liste. Ce faisant, il a politisé à outrance le scrutin municipal, faisant passer au second plan les programmes, pourtant essentiels. L’absence de programme De fait, une partie de l’électorat chrétien a été particulièrement gênée par l’absence de programme de la «liste consensuelle» et le matraquage médiatique accompagnant la campagne de M. Hariri, entièrement dominé par la hantise d’une sous-représentation des chrétiens aux municipales de Beyrouth. Elle a donc voté sur base de la connaissance personnelle qu’elle avait des candidats, indépendamment de leur appartenance confessionnelle. Par ailleurs, une partie de l’électorat chrétien a boycotté des candidats qui lui rappelaient trop les exactions de la guerre, reprochant à M. Hariri d’avoir, pour des raisons de conjoncture électorale, contribué au renflouement de certains courants, avant que les leçons de la guerre ne soient véritablement tirées. Léthargie suicidaire Dans les prochains jours, et à mesure qu’il sera possible d’analyser en détail les résultats du scrutin de dimanche, on pourra mieux mesurer le taux de participation des chrétiens, par rapport au taux général de participation. Selon les premières données, il se situe à environ 20%, tandis que le second s’est établi à 35%. Par ailleurs, on pourra dire «avec quelles voix» ont été élus les candidats chrétiens aux municipales: voix du Hezbollah, diront certains, voix arméniennes, diront les autres. Voix des deux, en fait, et voix disciplinées, en tout cas, car il est évident que, livrés aux caprices des choix personnels d’un électorat privé des repères, tardivement sensibilisé au scrutin, encore plongé dans une léthargie politique suicidaire, les chrétiens de la liste consensuelle n’auraient jamais pu être élus. En effet, entre M. Hicham Sinno, qui a obtenu le plus grand nombre de voix au sein de la liste consensuelle (51.682) et le premier chrétien élu, M. Kamal Bekhazi (39.632), l’écart est de 12.000 voix environ. Cet écart a atteint près de 20.000 voix dans d’autres cas. C’est aussi le cas du premier et seul élu de la liste de Beyrouth, M. Abdel Hamid Fakhoury. La sélectivité confessionnelle de certains votes a donc été confirmée, comme l’a souligné dimanche l’ancien premier ministre Sélim Hoss. C’est uniquement la marge dont bénéficiait la liste consensuelle par rapport à sa principale rivale, qui a permis à 23 de ses membres de passer. Amal et le Hezbollah Au Sud, le mouvement Amal et le Hezbollah se sont livrés hier à une guerre de chiffres, cherchant à démontrer qui des deux organisations l’avait emporté. En fait, le match nul s’est confirmé entre les deux grands mouvements représentatifs de l’électorat chiite, avec quelques exceptions en faveur de M. Kamel el-Assaad, du Parti communiste et du PCL. A Saïda, le verdict des urnes a été nettement favorable à la liste Hariri-Jamaa islamiya-Nazih Bizri. A partir d’aujourd’hui, les yeux commenceront à se fixer sur la Békaa, dernier grand rendez-vous de ces municipales attendues depuis 35 ans.
«L’entente nationale a été plébiscitée». C’est par ces paroles que le chef du gouvernement, M. Rafic Hariri, a accueilli les résultats du scrutin municipal de Beyrouth, à l’issue duquel 23 des 24 membres de la liste consensuelle qu’il avait formée en coordination avec l’ancien ministre des Affaires étrangères, Fouad Boutros, ont été élus. Seule exception,...