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Actualités - ANALYSE

Derechef un soupçon ... de doute !

La grogne, avec quelque retard à l’allumage. Au Nord, la publication des résultats du scrutin dominical a, comme on sait, provoqué les protestations d’Omar Karamé tandis qu’à Zghorta, les perdants se plaignaient d’irrégularité imputées aux gagnants… «Il est normal, remarquent des loyalistes, que les battus se plaignent». Cependant le tableau d’après-coup paraît moins idyllique au Nord qu’au Mont-Liban, test qui avait valu à Michel Murr des félicitations unanimes. Même — et surtout — de la part d’étrangers, très contents de pouvoir dire que lorsqu’en 1996 ils avaient appelé les Libanais à ne pas boycotter des urnes qui seraient parfaitement démocratiques, ils ne s’étaient trompés que de deux petites années. En effet, cette «élection libre» qu’ils applaudissaient d’avance a finalement eu lieu en 1998… du moins au Mont-Liban Car après le Nord, le doute sur la bonne marche des opérations fait un peu sa réapparition: des personnalités comme Karamé ou le quatuor Moawad-Frangié-Karam- Doueihy de Zghorta ne manquent évidemment pas de crédibilité et s’ils protestent, c’est qu’il y a vraisemblablement de quoi… Il y a là une mise en garde contre la fraude, l’achat de voix et la triche qui pourraient entacher les étapes suivantes: Beyrouth et le Sud dimanche prochain, la Békaa ensuite. Un avertissement que des pôles du Nord comptent renforcer par une plainte en bonne et due forme devant le Conseil d’Etat. Et aussi par une demande de constitution d’une commission parlementaire d’enquête sur les pratiques qui auraient dénaturé les municipales dans certaines zones du mohafazat. Selon ces leaders, dont la sympathie à l’égard de M. Rafic Hariri est pour le moins relative, on peut craindre à partir de l’exemple du Nord que des manœuvres illicites ne soient déployées à Beyrouth pour interdire à des personnalités opposantes, électoralement bien placées, l’accès du conseil municipal. Autrement dit, les Nordistes en question cherchent à rendre à M. Hariri la monnaie de sa pièce et à le combattre dans son fief, comme il l’avait fait dans le leur à les en croire. Car, comme on sait, leurs adversaires sur place réfutent le reproche d’avoir fait appel au soutien du potentiel haririen («makina» et espèces sonnantes) en affirmant n’avoir compté pour leur bataille que sur leur popularité intrinsèque. La «Jamaa islamiya» notamment fait valoir qu’elle n’avait besoin d’aucun appui extérieur pour confirmer la solidité de son implantation dans les quartiers de Tripoli et sa bonne organisation. De fait, les résultats donnent à cette formation huit élus sur 24 et un accord éventuel avec les cinq indépendants lui permettrait de ravir la majorité à la liste de Karamé (11 élus), pour happer présidence et vice-présidence du conseil municipal. Alliance limitée Quoi qu’il en soit, à Beyrouth, les préoccupations sont différentes. Un élément «mou» de l’Est, répondant aux commentaires malveillants sur un opportunisme électoral qui pousse tel courant à se ranger sous la bannière de Hariri, affirme la main sur le cœur que «jamais au grand jamais nous ne reconnaîtrons Taëf et nous ne nous rallierons au système politique en tant que tel. Nous participons aux municipales parce qu’il s’agit là simplement de gestion urbaine. Et pour qu’elle soit saine, il est évident qu’un Rafic Hariri doit y être partie prenante majuscule. C’est une alliance très limitée, conclue pour la qualité de vie citadine au jour le jour, pas pour le devenir politique de la nation. Sur ce plan nous sommes plus que jamais pour le changement». Mais un radical riposte que «lorsqu’on a donné le doigt, on laisse ensuite suivre le bras, comme dit le dicton chez nous. De fil en aiguille, ce courant, qui renaît à peine de ses cendres, va se retrouver dans le giron politique du système et de ses symboles». «Certes, estime-t-il en conclusion, il est recommandé de participer aux municipales qui sont effectivement de nature gestionnaire plutôt que politique. Mais participer à une liste qui porte le label même du pouvoir est un acte politique en contradiction avec les principes, les constantes dont le courant en cause se veut l’un des défenseurs à nos côtés». Et de rappeler qu’au Mont-Liban, «nous nous étions, pour notre part, totalement interdit toute connivence électorale avec les loyalistes. Autrement, notre attitude aurait à juste titre paru équivoque et l’opinion, ou à tout le moins notre propre base, n’aurait pas compris». Cette controverse larvée montre en tout cas que l’opposition ne s’est pas présentée et ne se présente pas aux municipales en front uni. Et l’on a vu même des divisions au sein d’une même tendance. Mais l’avantage des municipales, contrairement aux législatives, c’est qu’on peut par la suite les faire passer facilement aux pertes et profits car, étant peu politiques, elles ne laissent en principe pas beaucoup de séquelles au niveau des formations.
La grogne, avec quelque retard à l’allumage. Au Nord, la publication des résultats du scrutin dominical a, comme on sait, provoqué les protestations d’Omar Karamé tandis qu’à Zghorta, les perdants se plaignaient d’irrégularité imputées aux gagnants… «Il est normal, remarquent des loyalistes, que les battus se plaignent». Cependant le tableau d’après-coup paraît...