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Actualités - CHRONOLOGIE

Trente ans après Mao La Chine veut renvoyer les citadins aux champs

Aux prises avec les licenciements massifs des entreprises publiques, la Chine a entrepris d’envoyer ses citadins travailler à la campagne, trente ans après le mouvement de retour à la terre lancé par Mao Tsé-toung à l’intention de ses Gardes rouges. La similitude entre les deux mouvements n’a pas échappé au quotidien officiel «China Daily» qui souligne que la «deuxième vague» de 1998 frappe ceux-là mêmes qui avaient dû prendre la clé des champs en 1968. Mais alors que le retour à la terre orchestré pendant la Révolution culturelle (1966-76) «était motivé par des raisons politiques, l’actuel est plus un phénomène économique», analyse le quotidien de langue anglaise. A la différence de la Révolution culturelle, «les citadins qui ont été licenciés sont désireux et non pas forcés de partir pour la grande banlieue et les villages, où labourage et pâturage sont souvent plus rentables que l’industrie», assure le journal. La municipalité de Pékin, qui s’étend sur de vastes zones rurales, a ainsi mis au point un programme d’incitation au retour à la terre, prévoyant de louer des champs aux nouveaux chômeurs. La municipalité leur garantit trois ans de déduction fiscale sur la vente de leurs produits ainsi qu’une enveloppe de 10.000 yuans (1.204 dollars) pour les non-diplômés «moins susceptibles de retrouver du travail». Aux enchères Dans le Shaanxi (nord), les terres en friche sont attribuées aux enchères aux victimes des dégraissages, à charge pour eux de les rendre cultivables. Selon un responsable du Bureau d’Etat des Statistiques cité par le journal, plus de 10 millions de travailleurs des villes ont d’ores et déjà été absorbés comme main-d’œuvre par les campagnes. La Chine prévoit de licencier cette année entre 6 et 14 millions d’employés du secteur public, dans le cadre de la restructuration des entreprises non rentables engagée par le premier ministre Zhu Rongji. Pékin cherche par tous les moyens à réembaucher les sureffectifs dans d’autres secteurs et à limiter la population active en obligeant par exemple les jeunes à suivre une formation professionnelle avant d’arriver sur le marché du travail. La politique de retour à la terre doit aussi permettre de renverser l’exode rural qui voit au moins 120 millions de paysans s’entasser dans les grandes villes de l’Est et du Sud à la recherche d’un emploi, souvent précaire. «Les régions occidentales du pays sont des destinations particulièrement importantes pour les ex-citadins», a déclaré au «China Daily» le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Zhang Zuoji. Le journal assure que la campagne «attire la main-d’œuvre capable d’assurer des travaux agricoles, particulièrement ceux qui font partie des 17 millions de jeunes citadins envoyés en «rééducation» pendant la Révolution culturelle auprès des paysans. Mao était ainsi parvenu à se débarrasser de Gardes rouges devenus incontrôlables. Rentrés en ville dans les années 1970, ils «représentent une grande part de la main-d’œuvre excédentaire, aujourd’hui mise à pied par les entreprises d’Etat», souligne le «China Daily». Mais ces anciens gardent un souvenir plutôt cuisant de leur expérience rurale. «Nous vivions dans des conditions très difficiles: nous devions dormir à même le sol, sans eau courante, après avoir travaillé toute la journée dans les champs», se souvient Yue Xu, une jeune femme de 36 ans envoyée dans la campagne pékinoise dans les années 1970 en compagnie de ses parents, professeurs d’université. Son père «devait épandre, sans protection, de l’insecticide sur les champs de coton: il y a laissé une cloison nasale et plusieurs de ses camarades en sont morts», raconte-t-elle (AFP)
Aux prises avec les licenciements massifs des entreprises publiques, la Chine a entrepris d’envoyer ses citadins travailler à la campagne, trente ans après le mouvement de retour à la terre lancé par Mao Tsé-toung à l’intention de ses Gardes rouges. La similitude entre les deux mouvements n’a pas échappé au quotidien officiel «China Daily» qui souligne que la...